Hommage à Georges Brassens

Message par Valiere » 30 Oct 2004, 17:03

a écrit :GEORGES BRASSENS (22 octobre 1921 - 29 octobre 1981)

Ecoutez : Hommage...à nos poètes chanteurs ( le texte )
du Collectif "EN VRAC"/BELLACIAO

LE POUVOIR SUBVERSIF DE L’AMOUR ET DES MOTS, CONTRE TOUS LES CANCANS DES BIEN-PENSANTS : ARTISANS-POETE EST L’UNE DES SOURCES DE LA CHANSON FRANCAISE.

Rares sont les chanteurs a avoir débuté aussi tard. Lorsqu’il fit irruption dans la chanson française, en 1952, Georges Brassens a presque trente et un ans. D’emblée, il arrive avec une oeuvre aboutie qui évoluera peu, un univers à lui, peuplé de voleur, de curé, de cocus, de flics et de putains où se déroule à chaque fois un morceau de comédie humaine. Son apprentissage de chansonnier, Brassens ne l’a pas fait, comme la plupart sur la scène ou au fil des disques, mais dans une cla ndestinité studieuse.

La chanson Brassens est né avec. Il en connait par coeur des dizaines : celles de Trenet, de Mireille, de Pills et Tabet, de Ray Ventura. Quand il était petit à Sète, sa mère d’origine italienne, écrivait sur un cahier les paroles des chansons qu’elle entendait à la radio afin de pouvoir les chanter avec des amis. Quand à son père, il était maçon, métier où l’on chante en travaillant. Aussi, tout naturellement, le petit Georges né 1921, s’est mis à fredonner des mélodies et des mots de quatre sous. Au collège, il tombe sur un professeur de français qui lui faoit découvrir la poésie : Verlaine et Rimbaud, mais aussi Villon et La Fontaine. Tout cela fait son chemin en lui, mais de là à devenir chanteur ou poète, il y a loin. Il est probable que le jeune sétois, qui fait déjà preuve d’une force physique peu commune, s’orientera vers un métier manuel.

En février 1940, il monte à Paris, où il est accueilli par une vieille tante, chez qui il apprend le piano, et se fait embaucher comme manoeuvre chez Renault. L’année suivante, il doit partir en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire. Là pour distraire ses camarades, il écrit des petites chansons, la plupart sans prétention, mais certaines déjà plus travaillées (ainsi une ébauche de Bonhomme). De retour de Paris pour quelques jours de permission, il "oublie" de rejoindre son poste dans son usine Allemande. Pour échapper aux représailles, il doit se cacher impasse Florimont, au fin fond du XIVème chez Jeanne et Marcel, couple d’ouvriers dont la générosité sera célébrée dans plusieurs chansons ultérieures (Chez Jeanne, L’Avergnat).

A la libération toujours entretenu par Jeanne et son mari, chez qui il vivra jusqu’en 1966, Brassens apprend la guitare, écrit des chansons et poursuit son éducation littéraire. Chaque jour, il se rend à la bibliothèque municipale, où il dévore les oeuvres des poètes mais se familiarise avec leur technique d’écriture. Cette initiation d’autodidacte le conduit à écrire ses premiers recueils de poèmes : Des coups d’épée dans l’eau, à la Venvole, Le Taureau par les cornes. Il s’essaie ensuite au roman avec la lune écoute aux portes, et plus tard, La tour des miracles. Parallèlement sous différent Pseudonyme (Jo La Cédille, Gilles Corbeau), il écrit dans le journal de la fédération arnachiste, Le monde Libertaire.

Cet après-guerre parisien est le lieu de plusieurs rencontres qui vony transformer la vie de Brassens. Celles d’abord en 1948 de Joha Heyman qui jusqu’à lafin de sa vie restera son "éternelle fiancée" et inspira La non-demande en Mariage et Saturne. Puis, au début des années 50, Brassens fait la connaissace du chansonnier Jacques Grello qui lui donne sa chance en le faisant passer au Caveau de la République. Ce premier contacte avec la scène se révèle infructueux et ce n’est qu’en 1952 que Brassens sera définitivement mis sur orbite, par Patachou. La chanteuse, qui anime un cabaret à Montmartre, lui prend plusieurs chansons l’engage dans son établissement et lui déclare : "Dans un an vous serez plus célèbre que moi." Tout va en effet allez très vite. Accompagné par le contrebassiste Piere Nicolas, Brassens passe ensuite Au Trois Baudets, à la Ville d’Este et enfin à Bobino en tête d’affiche en oct! obre 1953, soit dix huit mois après ses débuts. Entre temps, il a enregistré son premier 78 tours : Le Mauvais sujet repenti et Le Gorille, interdit en radio.

L’arrivée de Brassens est une véritable révolution. Il innove sur tous les plans. D’abord en refusant toute pose scénique. Ce qui était au début un handicap devient un garant d’authenticité. Sur scène Brassens ne joue pas un rôle, il est lui-même : timide, gêné, pataud. Sa complicité avec le public se limite à un pudique sourire au coin des lèvres. De plus, rompant avec les règles du music-halles, Brassens n’a pas d’orchestre. Pourtant, qu’il n’ait comme seuls instruments d’accompagnement une contrebasse et une guitare qu’il ne veut pas dire qu’il néglige la musique. Les pmélodies de Brassens sont belles, ses harmonies complexes, sa manière de chanter élaboré.

Mais c’est bien sûr par ses thème et son style que Brassens boulverse le plus le paysage de la chanson. Exemplaire de ce point de vue, Le Gorille, qui sous le dehors d’une fable grivoise s’avère être une violente condamnation de la peine de mort. Dans la Mauvaise Réputation, véritable crédo individualiste, c’est cette fois à l’armée que Brassens s’attaque. Sans se prendre au sérieux, sans jamais faire la thèse et toujours avec humour, il expose sa morale libertaire. On y trouve une constante-prendre parti de ceux que la société méprise et comdamne : les voleurs (les Quatre Bacheliers) comme les putains (Complaintes des filles de joie). Face au conformiste dominant, Brassens coit au pouvoir subversif de l’amour qui choque les biens-pensants (Les Bancs Publics) et permet de dépasser les malheur de quotidien (J’ai Rendez-Vous avec vous). Un amour hors-norme où l’on rfeuse le mariage qui fait de la femme une servante et de l’homme un cocus. Comme Brel, mais sans l’extrémiste de ce dernier, Brassens mets pourtant en garde contre les femmes, sources de souffrance (Une Jolie Fleur, Putain de toi...)

Le sujet de prédilection de Brassens reste la mortr. Ainsi son oeuvre est-elle traversée par d’innombrables enterrement, corbillards, cercueils, cimetières, fossoyeurs et autres croque-morts. Nul romantisme morbide cependant dans ses évocations de "La Faucheuse", il ne s’agit pas de célèbrer la mort mais d’en rire pour mieux l’apprivoiser, d’où ces chansons où le mort se rlève à la fin, content d’avoir fait une bonne farce. La guerre elle-même cette grande pourvoyeuse de cadavre, est décrite comme une sinistre mascarade (La guerre de 14-18). Ce qui n’empêche pas Brassens, plus sérieux, de fustiger les boutefeux qui envoient les innocents au casse-pipe (Mourrir pour des idées).

Pour évoquer la mort Brassens parle souvent de la "camarade". Cet arnachiste révèle une grande nostalgie du passé. Brassens l’avoue lui-même, il se sent "Moyenâgeux". Pas étonnant qu’il se réfère dans ses chansons à François Villon dont il mis en musique La ballade des dames du temps jadis dès son deuxième album. Car Brassens authentique chanteur populaire, est aussi l’héritier de toute une tradition pètique français et il n’aura de cesse tout au long de sa carrière de chanteur les poètes : Hugo, Musset, Lamartine, Verlaine, Paul fort, Aragon... Pourtant lui-même répugnait à se dire poète et se voulait plutôt artsan. Un artisan disparut trop tôt, en 1981, à lâge de soixante ans, qui part sa maîtrise de la langue française, donna une beauté formelle inégalée.

L’encyclopédie de la chanson Française


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Renaud parle de Brassens...

"Il avait l’air gentil..."

"Papa, t’as l’air triste", me dit parfois ma fille lorqu’elle me voit en photo. Je ne vais quand même pas lui avouer que c’est parce que Georges Brassens est toujours mort. Quoique... Elle, au moins, me croirait et aurait bien raison. Elle me dirait alors, avec le bon sens énervant des enfants de son âge, que seuls les dieux sont immortels et que, de toutes façon, elle ne croit pas en Dieu. Je lui répondrais qu’il n’y a pas de mal à croire, qu’il faut simplement éviter d’être sûr N’empêche que Brassens, c’est sûr, c’est un peu comme Dieu, à part les grosses moustaches. Un Dieu de la chanson qui aurait vraiment existé, puisque je l’ai vraiment rencontré deux fois.

La première fois que, de mes yeux gris-vert émerveillés, je l’ai vu comme je vous vois, c’était dans un ascenseur. Il allait au septième étage, j’allais chez moi, au cinquième, dans cet immeuble rose de la porte d’Orléans où vivait également Marie Dormoy, l’extravagante secrétaire et maîtresse de Léautaud. C’est à Mademoiselle Dormoy, précisément, que Monsieur Brassens rendait visite, en voisin, puisque nous habitions "à quatre pas de sa maison". Ce jour-là, dans cette cage en bois et de verre ( notre bel ascenseur n’avait pas encore été remplacé par l’actuel caisson de métal aux boutons lumineux), du haut de mes dix ans, j’eus le sentiment de me frotter à un monument, à un géant de la poésie et de la chanson. Géant, cet homme l’était aussi par la taille et par les épaules, ces épaules qu’il avait encore puissantes, en ce début des années 60.

Moi, j’étais un gringalet navrant, plus vraiment enfant, pas encore jeune homme, et surtout ne soupçonnant pas qu’un jour je serais comme lui : chanteur. Pour l’heure j’étais fan, groupie, admirateur, amoureux. Je me précipitai chez moi, empruntai à mon père le 25cm de cire noire du "Georges Brassens n°1" au titre désuet de "Georges Brassens chante les chansons poétiques ( et souvent gaillardes ) de Georges Brassens", montai quatre à quatre les deux étages qui me séparaient de mon idole et obtins mon premier autographe. Mon père ne revit jamais son disque. Lorsque je le regarde aujourd’hui, trônant au-dessus de mon bureau près de trente ans plus tard, je crois parfois sentir encore la douce odeur du tabac qu’il fumait dans sa pipe en bois ce jour-là.

C’est lorsque je devins chanteur, un peu par provocation, que je rencontrai Georges Brassens pour la seconde et dernière fois de ma vie. Ce fut, cette fois, sur un plateau de télévision. Après m’avoir timidement approché et chaleureusement encouragé à écrire et à chanter encore et toujours, il me fit le plus extraordinaire des compliments, puisqu’il me déclara qu’il trouvait mes chansons, je le cite : "merveilleusement bien construites". Bien construites... C’était l’homme qui avait écrit La mauvaise réputation, Le Gorille, Saturne, La Supplique... plus de cent chefs-d’œuvre -, c’était cet homme-là qui me disait que mes chansons étaient "bien construites". Après cela, tous les hommages me paraîtraient bien fades.

Aujourd’hui, dix ans après sa mort, Brassens ne m’a jamais autant manqué. Je l’écoute et le fais écouter plus que jamais, comme si, avec le temps, son écrasante supériorité sur nous tous, petits chanteurs, devenait plus évidente, plus éclatante.

Aujourd’hui ma fille a dix ans, elle connaît par cœur Brave Margot et Hécatombe et Marinette et tant d’autres, et quand elle voit Tonton Georges en photo, elle dit juste : "Il avait l’air gentil."

Pas seulement l’air, Lolita, les paroles aussi...

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Valiere
 
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