a écrit :Bruno Gollnisch a repris ses cours à l'université Lyon-III au milieu de heurts violents
LE MONDE | 03.02.05 | 14h09
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Trois étudiants, blessés par des sympathisants FN, portent plainte.
Lyon de notre correspondante
Bruno Gollnisch a repris ses cours alors que des incidents étaient prévisibles. Le délégué général du Front national a pourtant décidé, mercredi 2 février, de revenir à l'université de Lyon-III tenir son cours de droit international et de civilisation japonaise, malgré la réprobation des associations étudiantes et du recteur de l'académie de Lyon.
Deux mois auparavant, il avait été suspendu par l'université pour avoir remis en cause, lors d'une conférence de presse le 11 octobre 2004, les conclusions du procès de Nuremberg, et émis des doutes sur le nombre "effectif" de victimes de la Shoah.
Ce retour a provoqué une vive altercation entre étudiants et sympathisants d'extrême droite. Le délégué général du Front national n'est d'ailleurs pas venu seul. Accompagné d'un garde du corps, il a gagné discrètement son amphithéâtre, gardé par des appariteurs de l'université, tandis que cinq ou six jeunes du FN s'introduisaient à l'intérieur de l'ancienne Manufacture des tabacs pour filtrer les entrées, et empêcher l'accès à la salle d'une cinquantaine d'étudiants venus manifester contre le retour de M. Gollnisch.
Brandissant des pancartes "Lyon-III : ni amnésie ni amnistie", "Nous sommes tous des rescapés d'Auschwitz"ou portant des masques chirurgicaux pour éviter de sentir "les idées nauséabondes" du député européen, les manifestants ont scandé, à quelques mètres de l'amphithéâtre, "Gollnisch dehors, rendez-nous Jean Moulin".
Très énervés, les militants d'extrême droite, criant "la France aux Français, la Gaule aux Gaulois" et diverses insultes, ont alors échangé quelques coups de poing, blessant trois manifestants. Les forces de l'ordre sont intervenues tardivement pour repousser, à l'extérieur de l'université, les sympathisants de M. Gollnisch. Les étudiants blessés ont porté plainte pour violences volontaires. Et les associations étudiantes ont dénoncé la présence de "ces miliciens" qui, écrivent-ils, "ont pu patrouiller dans les locaux de l'université sans avoir à justifier de leur statut d'étudiant".
L'université Jean-Moulin, accusée d'avoir laissé prospérer en son sein des thèses révisionnistes ou d'extrême droite, se trouve donc de nouveau accusée de laxisme. Dans l'après-midi, son président, Guy Lavorel, a répliqué en indiquant qu'il portait plainte "pour atteinte à l'ordre public", mais il s'est refusé à prendre de nouvelles mesures disciplinaires contre M. Gollnisch.
Sous la pression des associations, M. Lavorel avait décidé, le 3 décembre 2004, d'interdire l'accès de Lyon-III à M. Gollnisch jusqu'à la remise, attendue pour la fin février, du rapport de la commission disciplinaire de l'établissement. Mais le Conseil d'Etat, saisi par le dirigeant du FN, a annulé cette mesure le 14 janvier.
L'université a pris acte de cette décision et considéré qu'elle ne pouvait plus s'opposer à la présence de son professeur. Les étudiants ont alors interpellé le ministre de l'éducation nationale, François Fillon, soutenus par le recteur de l'académie de Lyon, Alain Morvan, qui a demandé que M. Gollnisch soit "chassé de la fonction publique d'Etat et interdit d'enseignement". En vain. Le ministère a indiqué avoir saisi ses juristes pour étudier le dossier.
Le volet judiciaire de cette affaire pourrait devancer les décisions du ministère. M. Gollnisch doit en effet être entendu dans les jours prochains par la police judiciaire chargée de l'enquête pour "contestation de crime contre l'humanité" ouverte par le procureur de la République de Lyon, Xavier Richaud. Le parquet pourra ensuite préférer lancer une citation directe, plus rapide que l'ouverture d'une information judiciaire.
Sophie Landrin
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 04.02.05
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