texte action déposée par l'Emancipation

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Valiere » 10 Avr 2005, 07:44

Congrès national SNES Le Mans – 4 au 8 avril 2005 ACTION
EMANCIPATION
Mettre en œuvre une stratégie syndicale pour gagner
Pour satisfaire des actionnaires toujours plus gourmands, une commission européenne toujours plus libérale, des institutions internationales toujours plus sous la coupe du capitalisme mondialisé et de l’administration Bush, le pouvoir issu des 82 % de Chirac met les bouchées doubles pour venir à bout, sur une seule législature, de l’édifice des acquis et des garanties collectives durement construit par les luttes sociales :
- les travailleurEs du public et du privé voient leurs droits collectifs démantelés (retraite, sécu, assurance chômage, statuts, temps de travail…),
- la précarisation des travailleurEs s’accentue, les licenciements - dans le privé comme dans le public - et les délocalisations se multiplient au même rythme que les cadeaux accordés au patronat ;
- les services publics sont mis à mal par l’austérité budgétaire, quand ce n’est pas par des réformes libérales : la réforme de l’Etat, la décentralisation et la LOLF introduisent inégalités, déréglementation, concurrence et privatisation dans les services publics, démantèlement des statuts des personnels ; dans l’éducation, la loi Fillon prévoit d’entériner les inégalités d’origine sociale tout en les aggravant ; à la Poste, à la SNCF, on joue à guichets fermés l’aggravation des inégalités géographiques ; la santé et la recherche n’en peuvent mais… Partout, des postes sont supprimés.
- des ministres qui détournent tranquillement les deniers publics, répondent aux revendications salariales dans le public par du “donnant-donnant” sur la fin du statut de 50 et dans le privé par la vielle lune gaulliste de la participation.
- la politique sécuritaire vise à criminaliser celles et ceux que cette politique de démolition sociale va laisser sur le bord du chemin ainsi que touTEs ceux/celles qui essaient de s’y opposer.
Ce pouvoir ultra-réactionnaire, dopé autant par l’idéologie libérale que par l’esprit de revanche et de guerre sociale, est un des plus dévastateurs que le pays ait connu. Et il démolit de façon suffisamment globale et cohérente pour rendre tout retour en arrière difficile.
D’autant plus que s’il se trouve encore des gens – y compris à la direction du SNES - pour entretenir des illusions sur une éventuelle alternance qui déferait ce que le pouvoir actuel met en place. L’engagement du PS pour un "oui" au référendum constitutionnel traduit bien les choix de ce parti de pérenniser les politiques libérales au niveau national comme au niveau européen ; d’autant plus que cet engagement conduit le PS à des contorsions, comme laisser passer la loi Fillon pour aborder sereinement le referendum.
Pour stopper cette mise en pièce des acquis, il n’y a que la lutte des travailleurEs et des jeunes (LycéenNEs, étudiantEs…) et le SNES, comme la FSU, a une responsabilité particulière ; responsabilité liée à sa représentativité d’abord mais aussi au rôle qu’il a joué dans les mobilisations où l’éducation était en première ligne, en 2003 comme cette année.
Même si la mobilisation de cette année est de moindre ampleur que celle de 2003, elle pose peut-être encore plus clairement les questions stratégiques d’articulation des luttes d’une part entre le champ de l’Education et l’interprofessionnel, et d’autre part entre l’impulsion syndicale et les dynamiques des luttes sur le terrain, dans les AG unitaires de base, de ville voire départementales ou régionales.
Le SNES doit assumer ses responsabilités dans le champ de l’éducation à chaque étape et dans l’unité avec les secteurs les plus mobilisés.
Les organisations syndicales de l’Education Nationale, et bien sûr le SNES tout particulièrement, doivent maintenant assumer d’avoir laissé passer la loi Fillon qui, en complète cohérence avec la LOLF, le plan Borloo, et la réforme de l’Etat, va à l’encontre de l’accès de touTes à une culture émancipatrice et s’inscrit dans un projet de société répressif et profondément inégalitaire, avec une aggravation sans précédent du tri social à l’école. Sans perdre de vue les atteintes très graves aux statuts et aux conditions de travail. Sachant que c’est toujours plus difficile après le vote de la loi qu’avant, la seule façon d’éviter le découragement qui conforterait celui de 2003 et d’ouvrir un boulevard pour l’agression gouvernementale, c’est de reconstruire un dispositif de mobilisation en ne reproduisant pas les erreurs qui nous ont, une fois de plus, empêchéEs de gagner.
Unifier les revendications à partir des secteurs les plus mobilisés
Il importe en premier lieu d’avoir la cohérence minimum de maintenir la revendication du retrait de cette loi inique et donc, à présent, de son abrogation.
Faut-il envoyer un message de maintien de la résistance à la loi Fillon ou d’intégration au cadre libéral qu’elle impose ? Faut-il continuer la lutte avec les lycéenNEs et les syndicats qui sont les plus clairs sur le refus de la loi d’orientation ou maintenir un cadre hétéroclite qui ne vit que d’ambiguïtés ?
La question des partenaires d’une unité intersyndicale et interprofessionnelle est une fois de plus posée en même temps que la question de l’unification revendicative à partir des secteurs les plus mobilisés : les chercheurEs sont mobiliséEs, mais que l’intersyndicale du 2 avril se soit bornée à demander le retrait du protocole sur la recherche sans faire de même pour la loi Fillon et la réforme LMD du supérieur, c’était se condamner - et condamner les chercheurEs - à l’inefficacité contre la cohérence libérale.
Reprendre un travail opiniâtre d’information sur la gravité des enjeux et proposer des luttes à la hauteur, conciliant impulsion syndicale et dynamiques unitaires locales
Le SNES a légitimement informé sur l’explosion de la précarité et les licenciements, en prémisses aux attaques plus précises que jamais sur les statuts, de même que sur les différentes étapes de la commission Thélot. Mais il a assez vite brouillé le message en mettant sur le même plan la question des hors-classes et s’est montré incapable de contrer la prestation mielleuse de Fillon sur France 2.
Il convient donc d’insister sur le caractère de casse, de cohérence et d’irréversibilité des mesures de ce pouvoir de combat et de proposer des réponses à la hauteur. Et surtout de ne pas se priver de ce qui peut favoriser les dynamiques de terrain, qui, même si elles naissent ou se développent en dehors du syndicat, constituent, comme on l’a vu dans les derniers mouvements, une des conditions du développement de la mobilisation. Il est donc du rôle du syndicat de les favoriser. Il importe à l’avenir que le SNES propose (ou rejoigne) des AG pour envisager avec les personnels et à partir des mandats dont ils/elles sont porteurEs, la poursuite de l’action et de ne pas réitérer les erreurs du 7 décembre et du 20 janvier ( dans certaines académies, annonce de l’AG pendant la manif la précédant, ce qui compromet la participation et le mandatement). A vouloir maintenir le monopole du contrôle syndical, on finit par ne pas étreindre grand chose. Le refus d’organiser et même de permettre dans la plupart des académies des AG le 5 février et le 10 mars a concouru à ce que ces initiatives apparaissent plus que jamais comme des initiatives réussies… pour rien.
Dans cette bataille contre un pouvoir qui tient tous les niveaux de décision de l’Etat et sur les erreurs duquel il est illusoire de compter, chaque faute stratégique fait perdre énormément de terrain.
Outre les erreurs du SNES et de la FSU dans le mouvement de 2003, notamment au niveau de l’évaluation de l’aspect “significatif” de bien maigres acquis, le SNES, le mouvement syndical, ne peuvent plus se permettre des erreurs graves, ce qui suppose de mettre en place un dispositif de lutte.
Appeler sans ambiguïté aux côtés des lycéenNEs qui, eux/elles, ont été capables de fragiliser le gouvernement
La limitation et la prudence de l’appel des 4 Sections académiques de la zone en activité (et l’absence d’appel FSU) le 15 février et surtout l’absence d’appel au 15 mars (et à défaut au 24) n’ont pas permis la rencontre d’une mobilisation lycéenne qui aurait été confortée d’être rejointe par les enseignantEs dans une période ascendante de la mobilisation vis un vis d’un gouvernement, et des personnels désireux de ne pas laisser les lycéeNEs isolées, aussi bien en terme de solidarité que de possible victoire sur leurs revendications propres. La détermination et l’imagination lycéennes ont permis que le 2 avril ne soit pas l’enterrement prévu et que le congrès s’ouvre sur des perspectives de luttes immédiates. Ce que n’a pas voulu la direction de notre syndicat en refusant d’appeler à la grève le 7 avril.
Encore le 7 avril de nombreux lycées étaient bloqués, des rectorats étaient occupés, encore maintenant, la bataille contre le recrutement/licenciement de précaires et pour leur titularisation sans conditions, contre le transfert des TOS et pour leur réintégration dans la fonction publique d’Etat, contre l’asphyxie budgétaire et pour la création de tous les postes nécessaires passe par la lutte à côté des lycéenNEs (et des étudiantEs qui commencent à se mobiliser). Concrètement, cela doit prendre la forme d’un appel à la grève au plus vite. Le SNES peut aussi proposer de contribuer à mettre en place aux niveaux locaux des collectifs lycéenNEs/personnels et, aux niveaux régionaux et national, un appel à faire coordonner ces collectifs et à travailler dans l’unité avec toutes les structures lycéennes.
Préparer la grève générale interprofessionnelle, sans délaisser le terrain de l’éducation
N’avoir appelé qu’aux seules initiatives interpro du 5 février et du 10 mars, en délaissant le terrain de l’éducation, a donné l’impression, particulièrement aux lycéenNEs que les profs privilégiaient leurs revendications salariales et corporatistes. Mais ce choix conduit aussi à l’inefficacité la mobilisation interpro qui a besoin pour se développer d’un secteur qui tire et cette fois encore, notamment du fait des mobilisations lycéennes, c’est l’éducation. Et si, d’aventure, le SNES imagine créer un axe fonction publique en mesure de s’opposer à la disparition du statut de 50, il commet la même erreur qu’en 2003, lorsqu’il a refusé de soutenir les emplois jeunes et les surveillantEs, préludant ainsi à l’échec sur la mobilisation de la décentralisation et des retraites.
On voit bien qu’on ne s’en sortira pas sans une perspective de mobilisation des travailleurEs de tous les secteurs professionnels dans la durée, qui se joue à l’école comme ailleurs.
Il faut très vite renforcer (ou en proposer là où elles n’existent pas) des AG interprofessionnelles de ville, départementales et régionales et des structures de coordination du mouvement aux côtés des syndicats et avec eux. Il en va de l’avenir des salariéEs avec ou sans emploi, mais aussi de celui du syndicalisme qui doit dès maintenant envisager son unification pour redonner espoir aux luttes.



Constatant que le pouvoir, après avoir démantelé pendant trois ans une bonne partie des acquis sociaux, annonce qu’il va poursuivre ce travail de sape pendant les deux ans de mandat qui lui restent,

constatant qu’après le succès du 20 janvier, du 5 février et du 10 mars, les lycéenNEs tiennent la mobilisation, encore le 7 avril,

le congrès du SNES décide de renforcer la mobilisation de façon déterminante aussi bien au niveau de l’Education, que de l’interprofessionnel :

- Au niveau de l’éducation d’abord, après les occasions ratées d’impliquer les personnels auprès des lycéenNEs le 15 mars, le 24 mars, et dès l’ouverture de ce congrès, le SNES se donne les moyens (AG dans les établissements, démarches intersyndicales) d’appeler à la grève dès la semaine prochaine, où deux tiers des académies sont encore en activité.

- Au niveau interprofessionnel, le SNES propose à la FSU et aux confédérations d’appeler à l’action au plus vite, sur les attaques contre les services publics, les garanties professionnelles, les statuts et les salaires, ainsi que pour le rejet du traité constitutionnel. Il proposera d’organiser dans l’unité un Premier mai de lutte sur ces axes et une grève le plus vite possible.

En prenant ainsi ses responsabilités au niveau du champ éducatif comme de l’impulsion interprofessionnelle, le SNES prépare les conditions de la grève générale, seule en mesure de stopper l’agression gouvernementale.
Valiere
 
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Inscription : 07 Mars 2004, 22:35

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