(Screw @ samedi 8 mars 2003 à 10:02 a écrit : (pelon @ samedi 8 mars 2003 à 09:25 a écrit :Je te pose une question : ne crois-tu pas, mis à part le mot "prolo", que c'est le statut d'ouvrier qui déplait à nombre de jeunes. Il y a eu une période où l'on était fier de faire partie de la classe ouvrière; je ne suis pas sûr que ce soit le cas majoritaire aujourd'hui.
Oui, bien sûr... encore qu'il faudrait nuancer selon le niveau de qualification et le type de contrat.
On pourrait gloser aussi sur les quartiers ouvriers qui sont devenus populaires sinon sensibles.
De ma propre expérience, mais je ne suis pas sociologue, les jeunes qui rejettent le plus violemment la perspective de devenir ouvriers sont ceux qui vivent dans les situations les plus précaires à tous points de vue (culturel, économique, social, scolaire) là où la précarité et le chômage se cumulent avec le sentiment d'être victime des racismes, avec la frustration née d'être exclu de la "vraie vie" (la représentation dominante de la société de consommation), avec le rejet de la situation des parents...
Mais même dans le classe ouvrière, on a vu plein de gars vouloir devenir patrons. Bien entendu, les vrais patrons ont bien oeuvré dans ce sens là avec les plans "sociaux" qui filaient du fric pour créer sa boite, ce qui fut souvent la voie sans issue, la faillite.
En Argentine, par exemple, on est fier d'être ouvrier.
Pour les jeunes, c'est effectivement un autre problème : bien souvent ce ne sont pas des jobs qualifiés mais la galère de l'intérim (un jour on sert dans une cantine, ensuite on range les télés chez Darty...) qui peut difficilement donner la moindre fierté professionnelle. Quand on est la 5ème roue du carosse, cela ne donne pas vraiment la pèche.
Mais le fait qu'il y a longtemps que le classe ouvrière n'ait pas mené une lutte d'envergure participe à sa démoralisation.
Quand on lit des romans sur 36, on comprend ce qu'est la fierté de la victoire après une lutte.