De l'usage du terme "prolo"

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Screw » 08 Mars 2003, 09:15

En tant qu'ancien ouvrier devenu petit bourgeois, militant dans le mouvement ouvrier depuis trente ans, je n'ai pas entendu depuis des lustres un seul ouvrier se revendiquer "prolo".
Ce terme qui a eu son heure de gloire est plutôt ressenti de nos jours comme condescendant voire injurieux pour les plus jeunes.

Voilà!
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Message par pelon » 08 Mars 2003, 09:25

(Screw @ samedi 8 mars 2003 à 09:15 a écrit :En tant qu'ancien ouvrier devenu petit bourgeois, militant dans le mouvement ouvrier depuis trente ans, je n'ai pas entendu depuis des lustres un seul ouvrier se revendiquer "prolo".
Ce terme qui a eu son heure de gloire est plutôt ressenti de nos jours comme condescendant voire injurieux pour les plus jeunes.

Voilà!

Tu as sûrement raison et ce sont les principaux intéressés qui savent si un mot leur déplait ou pas. Je ne l'utilise pas mais quand des ouvriers eux mêmes l'utilisent c'est différent.
Je te pose une question : ne crois-tu pas, mis à part le mot "prolo", que c'est le statut d'ouvrier qui déplait à nombre de jeunes. Il y a eu une période où l'on était fier de faire partie de la classe ouvrière; je ne suis pas sûr que ce soit le cas majoritaire aujourd'hui.
Hugo Blanco disait qu'à Lima, pays où 50 % de la population n'est pas salariée et survit avec des petits boulots, un jeune qui draguait faisait prévaloir qu'il était ouvrier. De la relativité des statuts et des préjugés....
Amicalement
pelon
 
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Message par Screw » 08 Mars 2003, 10:02

(pelon @ samedi 8 mars 2003 à 09:25 a écrit :Je te pose une question : ne crois-tu pas, mis à part le mot "prolo", que c'est le statut d'ouvrier qui déplait à nombre de jeunes. Il y a eu une période où l'on était fier de faire partie de la classe ouvrière; je ne suis pas sûr que ce soit le cas majoritaire aujourd'hui.

Oui, bien sûr... encore qu'il faudrait nuancer selon le niveau de qualification et le type de contrat.
On pourrait gloser aussi sur les quartiers ouvriers qui sont devenus populaires sinon sensibles.
De ma propre expérience, mais je ne suis pas sociologue, les jeunes qui rejettent le plus violemment la perspective de devenir ouvriers sont ceux qui vivent dans les situations les plus précaires à tous points de vue (culturel, économique, social, scolaire) là où la précarité et le chômage se cumulent avec le sentiment d'être victime des racismes, avec la frustration née d'être exclu de la "vraie vie" (la représentation dominante de la société de consommation), avec le rejet de la situation des parents...
Screw
 
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Message par pelon » 08 Mars 2003, 10:20

(Screw @ samedi 8 mars 2003 à 10:02 a écrit :
(pelon @ samedi  8 mars 2003 à 09:25 a écrit :Je te pose une question : ne crois-tu pas, mis à part le mot "prolo", que c'est le statut d'ouvrier qui déplait à nombre de jeunes. Il y a eu une période où l'on était fier de faire partie de la classe ouvrière; je ne suis pas sûr que ce soit le cas majoritaire aujourd'hui.

Oui, bien sûr... encore qu'il faudrait nuancer selon le niveau de qualification et le type de contrat.
On pourrait gloser aussi sur les quartiers ouvriers qui sont devenus populaires sinon sensibles.
De ma propre expérience, mais je ne suis pas sociologue, les jeunes qui rejettent le plus violemment la perspective de devenir ouvriers sont ceux qui vivent dans les situations les plus précaires à tous points de vue (culturel, économique, social, scolaire) là où la précarité et le chômage se cumulent avec le sentiment d'être victime des racismes, avec la frustration née d'être exclu de la "vraie vie" (la représentation dominante de la société de consommation), avec le rejet de la situation des parents...

Mais même dans le classe ouvrière, on a vu plein de gars vouloir devenir patrons. Bien entendu, les vrais patrons ont bien oeuvré dans ce sens là avec les plans "sociaux" qui filaient du fric pour créer sa boite, ce qui fut souvent la voie sans issue, la faillite.
En Argentine, par exemple, on est fier d'être ouvrier.
Pour les jeunes, c'est effectivement un autre problème : bien souvent ce ne sont pas des jobs qualifiés mais la galère de l'intérim (un jour on sert dans une cantine, ensuite on range les télés chez Darty...) qui peut difficilement donner la moindre fierté professionnelle. Quand on est la 5ème roue du carosse, cela ne donne pas vraiment la pèche.
Mais le fait qu'il y a longtemps que le classe ouvrière n'ait pas mené une lutte d'envergure participe à sa démoralisation.
Quand on lit des romans sur 36, on comprend ce qu'est la fierté de la victoire après une lutte.
pelon
 
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