Objet : INTERVENTION POLICIERE A TOURS CONTRE DEMANDEURS D'ASILE!
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> Chers camarades,
>
> Je suis désolé de vous déranger encore avec une
> affaire qui semblait pourtant en voie de règlement.
> En arrivant ce matin au site des Tanneurs de
> l'Université de Tours pour y effectuer mon service de
> surveillance, j'ai trouvé une fac en état de siège
> avec vigiles et chiens.
> Le "bon" Président Lussault a fait évacuer mercredi à
> 3 heures du matin la fac de Tours par la police et a
> décidé de "sécuriser" le site aujourd'hui vendredi.
> On me demandait donc d'aller surveiller les examens
> sur un autre site.
> Après avoir entendu les demandeurs d'asile qui, je le
> souligne au passage, ont dû passer la nuit à la belle
> étoile, j'ai pris la décision de refuser d'effectuer
> mon service dans de telles conditions et en ai
> immédiatement informé le Président par la voie
> hiérarchique (cf. pièce attachée).
> Il me semble qu'il serait utile que vous interveniez à
> nouveau dans les instances de la FSU pour évoquer
> cette question et incidemment celle de l'attitude du
> secrétaire national du Snesup Jean Fabbri qui manque à
> mon avis gravement aux plus élémentaires devoirs de
> solidarité syndicale en ces circonstances.
> Je tiens également à vous faire savoir que j'avais
> envoyé l'ensemble du dossier que vous aviez reçu à
> Gérard Aschieri qui, bien entendu, en excellent
> démocrate, ne m'a pas répondu à ce jour.
>
> Salutations militantes
>
> F. LA BRASCA
LA BRASCA Frank
Département d’Italien et CESR
A
M. Michel Lussault Président de
l’Université de Tours
s/c
M. Heinz Raschel
Administrateur provisoire
De l’UFR Lettres et Langues Tours le 24 juin 2005
OBJET : REFUS DE SERVICE MOTIVE PAR VIOLATION DES FRANCHISES UNIVERSITAIRES DANS UN CLIMAT D’HYSTERIE POLICIERE ET SECURITAIRE
Monsieur le Président,
J’étais convoqué ce matin pour surveiller la deuxième session d’examens concernant les étudiants de mon département. En arrivant sur le site des Tanneurs, j’ai été accueilli par des vigiles et des chiens de garde.
Ensuite, la secrétaire de mon département m’a averti qu’en raison de l’intervention policière que vous avez décidée (il est d’ailleurs très étrange que dans votre dernier communiqué du 23 juin vous prétendiez que c’est « l’université » qui « a pris la décision », car vous seriez bien en peine bien entendu de citer une quelconque consultation des personnels à ce propos) pour expulser les familles de demandeurs d’asile (en dépit de toutes les assurances mielleuses que vous aviez données antérieurement ) et de votre décision de « sécuriser » le site (je reprends le vocabulaire que vous utilisez vous-même dans votre dernier communiqué du 23 juin), les examens seraient retardés d’une demie-heure et se dérouleraient sur le site Fromont.
Après avoir lu votre communiqué et m’être assuré auprès des responsables du Collectif de soutien qu’il était comme d’habitude mystificateur et démagogique puisque vous prétendez que cette évacuation « s’est déroulée dans le calme et sans violences », alors que ceux qui en ont été victimes se disent encore traumatisés par la brutalité et les méthodes employées, j’ai pris la décision de ne pas assurer ce service de surveillance afin de protester de la manière la plus solennelle possible contre l’hypocrisie, le double jeu et l’inhumanité dont vous-même et tous ceux qui vous soutiennent dans cette affaire (en particulier quand ils ont le front de se réclamer de la gauche, du syndicalisme, du socialisme, idéaux qui leur sont bien entendu tout à fait étrangers comme le démontrent amplement leurs prises de positions face à vos méthodes).
J’estime en effet indigne d’un progressiste aussi peu avancé soit-il et même d’un universitaire tout court, d’accepter de travailler sous la botte de la police ou de milices privées.
Comme je vous l’avais écrit dans mon courrier du 14 mai resté sans réponse, en dehors de toute considération politique et sociale dont il est inutile de débattre avec vous, j’estime par mon attitude être beaucoup plus respectueux de la communauté universitaire que vous-même et ceux qui vous suivent.
Je trouve en outre significatif que la mesure scandaleuse que vous avez prise intervienne à quelques semaines d’un rejet massif par le pays d’un certain modèle social et d’un changement de gouvernement qui, pour échapper au verdict des urnes ne voit pas d’autre solution que de se lancer dans une dérive libérale et répressive accrue.
Je vous souhaite donc la bienvenue dans le club des agités du bocal !
F LA BRASCA