LA PRESENCE ASSOCIATIVE LAIQUE DANS LES QUARTIERS
C’EST POSSIBLE ET SURTOUT INDISPENSABLE !
Les apprentis sorciers jouent avec le feu, qu’il s’agisse de certaines forces politico-religieuses qui s’appuient sur une misère et une ghettoïsation pour souffler sur des braises, que ce soit Sarkozy qui insulte les jeunes et les populations issus des quartiers dits sensibles pour se faire une santé....
Les premiers savent récupérer la mise en jouant les « apaiseurs » après la bataille, « médiateurs » devenus incontournables quant au cow boy national, toute cette crise joue en sa faveur puisqu’elle permet de montrer sa pugnacité à l’extrême droite courtisée .
Villepin peut toujours rappeler la fermeté de son gouvernement qui veut instaurer un « état de droit » sur tout le territoire, si aucune action sociale et politique n’est menée en profondeur, les mêmes maux conduiront dans d’autres lieux aux mêmes explosions avec rancœur et manipulation dans un mélange explosif.
Il n’est pas question de minimiser la gravité des événements et faire de l’angélisme : la loi doit s’appliquer, les responsables de ces exactions doivent être poursuivis et tous les tabous doivent être levés.
Une enquête sérieuse doit permettre de déterminer les responsabilités des uns comme des autres, y compris de certains policiers s’il s’avérait que l’attitude peu professionnelle de certains ait conduit à des « actes répréhensibles »... Personne ne doit être au-dessus des lois
Ceci étant dit et rappelé, il faudrait essayer de comprendre une situation au lieu d’attendre que la fièvre retombe ou faire de la surenchère en évoquant un climat d’insurrection !
Beaucoup d’ habitants de ces cités dits sensibles, notamment les acteurs associatifs sont étonnés que cela ne « pète » pas plus souvent dans leurs propres quartiers ! Ce qui explique leur profonde inquiétude.
Inlassablement et ceci depuis plusieurs années, bénévoles et professionnels ont alerté les pouvoirs publics.
Aucun responsable politique n’ignorait que la situation se dégradait un peu plus chaque jour pour devenir explosive.
Depuis un quart de siècle les dispositifs dits de politique de la ville se sont succédés, multipliant les effets d’annonce et des mesures n’assurant qu’une réparation partielle et fragile.
Faut-il répéter l’évidence : ces quartiers cumulent tous les handicaps : un habitat délabré avec une concentration phénoménale, une population en grande difficulté sociale, l’absence de mixité sociale, une pauvreté des équipements et un réel apartheid urbain avec l’existence de deux villes : le centre et la périphérie...
Voilà pour la toile de fond.... avec en plus, en « prime » un délitement du tissu social et une politique locale incohérente.
Dans de nombreuses villes, les quartiers sont devenus de véritables déserts associatifs :
Les partis de gauche ont quitté ces zones oubliant que la citoyenneté au quotidien se construit avec les habitants.
De nombreux militants politiques se contentent de leur réunion de section ou de cellule oubliant que l’essentiel réside dans l’action quotidienne avec la population dans le cadre du réseau associatif
Les associations de locataires, de solidarité ou de consommation ne sont plus que des coquilles vides quand elles existent encore sur le papier.
Dans de nombreuses villes la politique enfance jeunesse s’est construite à la petite semaine : dans telle localité la municipalité a pris des jeunes déstructurés pour en faire des animateurs et dans telle autre elle laisse tout en friche.
Il existe heureusement quelques exceptions, des municipalités faisant de la présence des services publics au plus près des habitants une priorité et des municipalités ayant une orientation éducative claire et efficace....
Mais ce ne sont que là que quelques îlots se défendant vaille que vaille car il ne faut pas oublier qu’avec la décentralisation, les responsabilités des collectivités territoriales croissent alors que les moyens financiers stagnent, ou pire encore diminuent !
La politique ayant horreur du vide, ce sont les intégristes qui occupent le terrain, conduisant hier de nombreux jeunes à se détourner de la loi et de la République et récupérant aujourd’hui l’émotion de toute une population après des soirées de violences...
C’est ainsi que l’on a vu des religieux prendre la tête de manifestations silencieuses, profitant de la situation pour engranger pour l’avenir.
Ils veulent contrôler la jeunesse et l’enfermer dans le communautarisme.
Il faut que les mouvements laïques d’éducation populaire, familiaux, de solidarité ou culturels se mobilisent pour qu’enfin un grand débat sans tabou ait lieu avec les acteurs et les habitants sur les solutions durables à promouvoir.
Il n’existe aucune baguette magique mais des pistes de transformation :
- une réelle mixité sociale dans la ville et entre les villes
La commission « familles, pauvreté, précarité » qui s’était réunie au début de l’année avait formulé de nombreuses propositions comme celle de renforcement de la loi de solidarité urbaine... Il s’agissait d’augmenter très sensiblement l’amende que doivent verser les villes ayant moins de 20% de logements sociaux et de faire paraître cette contribution sur les feuilles d’impôts afin que les citoyens voient le prix que leur fait payer leurs municipalités....
Malheureusement ce rapport « Hirsh », du nom du président de la commission, n’a même pas été étudiée au moment de la conférence de la famille....
- un renouvellement urbain ce qui suppose des démolitions d’immeubles vétustes et la construction d’habitats diversifiés
- une présence des services publics dans tous les quartiers
- une politique enfance cohérente qui rende les jeunes acteurs c’est à dire disposant de droits et de devoirs
- une politique de lutte contre la misère avec un relèvement des minima sociaux, un accompagnement des familles en difficulté et une politique de l’emploi
- un soutien aux associations locales laïques. La baisse drastique des subventions publiques a conduit nombre d’associations à disparaître ou à réduire leurs activités
- des peines de prison très lourdes contre toutes les discriminations au logement, aux loisirs, à l’embauche selon qu’on s’appelle Jean-Pierre ou Mustapha.
Ce ne sont là que quelques propositions parmi d’autres...
Cette politique de transformation sociale n’est possible que si les différentes associations réinvestissent les quartiers et se mobilisent ensemble contre la ghettoïsation et la démagogie pour faire enfin ouvrir des perspectives républicaines et citoyennes.
Valière