Insécurité de la rue

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Louis » 15 Mai 2003, 11:46

tiens, une chronique de pierre Georges que je trouve pas mal du tout

Et je ne sais pas si vous avez remarqué : le monde est le seul quotidien a avoir informé des positions de l'extreme gauche (bon, surtout des notres...)

CITATION LE MONDE | 14.05.03 | 13h44
Dans le jargon fleuri des stades, il arrive souvent qu'au terme d'un match un compétiteur exténué fasse cet aveu : "En deuxième mi-temps, j'étais à la rue."Le match des retraites n'est pas fini. Le gouvernement, pas exténué.
 
Et l'équipe d'en face non plus. Il n'empêche. Que de métaphores autour des rues et autres lieux de passage et colère sociale !

L'autre soir à la télé, le premier ministre crut bon de préciser, sabre d'autorité au poing, une évidence première. A savoir que "ce n'est pas la rue qui gouverne". Même si, précisons-le, dans la même phrase, Jean-Pierre Raffarin tint à faire savoir que le gouvernement saurait entendre ce qui se dirait dans ces fameuses rues, le propos fit quelque bruit, façon réforme imposée. Deuxième métaphore sur le même thème, celle filée, hier, au matin des manifestations par le patron des patrons, Pierre-Antoine Seillière : "La France s'appauvrit dans la rue." Et enfin, mais là on est dans la sémantique protestataire la plus classique, on a pu voir que les rues de France mardi étaient fort peuplées et le faisaient savoir rituellement à Matignon. A apporter notre contribution malicieuse au débat, on imagine très bien le slogan qui eût pu servir : "Raffarin t'es foutu, la rue est dans les rues !"

Ce ne serait qu'un slogan, car d'évidence le gouvernement, s'il est à la peine, n'est pas ou pas encore à la rue ! Il n'empêche, quelque chose a changé mardi et qui ne concerne pas seulement le difficile problème de la réforme des retraites. Quelque chose qui a à voir avec cette fameuse "France d'en bas" quand il s'agit de la cajoler et avec cette non moins fameuse "rue" quand il convient de la contraindre. La rue fut dans les rues effectivement. Massivement, à la façon 1995, avec les gros bataillons de la fonction publique. Massivement en une démonstration de force, appuyée par des salariés du privé, pour dire leur refus de la réforme, ou plutôt peut-être, leur refus des formes prises par cette réforme.

A oser, et sans préjuger de la suite et issue de cette affaire, on serait assez tenté d'utiliser à notre tour une image pour résumer l'épisode. Ce qui s'est manifesté hier, c'est surtout, dans le vécu de ces fameuses rues, un sentiment d'insécurité. Non pas cette fameuse insécurité délinquante sur laquelle la droite aujourd'hui gouvernementale a fait, hier, une bonne part de sa campagne et fonde, aujourd'hui, une large part de son action. Mais une autre insécurité, sociale celle-là, qui touche beaucoup plus profondément encore le pays : insécurité de l'emploi, et en cascade, pas seulement démographique, insécurité de la retraite.

Cette réforme des retraites est nécessaire. Chacun l'admet pour peu qu'il sache ou veuille compter. Elle suppose donc, mais sans doute pas unilatéralement, une modification du contrat de retraite. A deux conditions. D'abord que ce contrat ne soit pas truffé, par manque de communication, de codicilles masqués, en lettres minuscules, à la façon de ces contrats d'achat ou d'assurances faits pour que l'essentiel soit dissimulé au souscripteur. Et seconde condition, essentielle : si l'on veut repenser les retraites, il faudra bien repenser et réformer aussi et d'abord le travail. Notamment le travail et la carrière des salariés les moins jeunes ou les plus âgés !

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 15.05.03[/quote]
Louis
 
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