Faits et méfaits
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Trente-quatre ans séparent Florence 2002 de 1968, soit à peu près la même distance historique qu’entre 1968 et le Front populaire. Les conférences et séminaires du Forum social européen donnaient souvent le spectacle de soixante-huitards s’adressant à leurs enfants. C’est peut-être ce que l’on en retiendra : une forme de passage de relais entre deux générations partageant le plaisir de cet immense et jubilatoire rassemblement, auquel la lumière de Toscane et la beauté des palais florentins ont contribué. Mais ce lyrisme (qu’on se rassure) repose sur des bases matérielles et politiques. Cette bizarre pyramide des âges correspond en effet au creux des horribles années 1980, comme si une guerre silencieuse avait décimé les rangs militants. De ce point de vue, la présence massive de la jeunesse à Florence est en soi une défaite du néolibéralisme.
Ces retrouvailles ont eu lieu sous le signe d’une radicalité renouvelée, dont il va être de plus en plus difficile de dire qu’elle ne propose aucune alternative. Imaginons que, par un coup de baguette magique, un gouvernement issu du Forum de Florence soit porté au pouvoir en Europe. Il aurait d’emblée, sur toutes les grandes questions que se pose l’humanité, des projets concrètement élaborés à mettre en oeuvre, et sans doute plus authentiquement révolutionnaires que les abstractions de 1968. Annulation de la dette, gratuité des services publics, interdiction des licenciements et partage des heures de travail, confiscation des profits financiers, augmentation des minima sociaux et réduction des inégalités, nous avons là un joli petit programme.
Michel Buisson.
Rouge 1992 14/10/2002
ESt ce qu'on pourrait savoir qu'est ce c'est exactement que ce coup de baguette magique dont il est question. :blink: :blink:
