Les curés aiment les dictateurs militaristes

[faupatronim]

Charles Ier, le dernier des Habsbourg, béatifié à Rome dans la dérision




Le gotha monarchiste d'Europe est en émoi. Dimanche 3 octobre, le pape va béatifier le dernier des Habsbourg, monté sur le trône en pleine tourmente - 1916 -, sous le nom de Charles Ier, empereur d'Autriche et roi de Hongrie. Successeur de son grand-oncle François-Joseph, époux de Zita de Bourbon-Parme - qui faisait chavirer les cœurs nostalgiques de l'ancien régime et eut droit, à Vienne en 1989, à de belles funérailles -, Charles Ier est mort en exil à Madère en 1922, quatre ans après la défaite et la proclamation de la République. 


Politique vertueux ou chef de guerre ? La polémique est vive en Autriche. Charles Ier fut le seul dirigeant des pays en guerre à accepter le plan de paix d'un pape injustement oublié, Benoît XV (1914-1922), qui dénonçait "l'horrible boucherie". C'est par l'intermédiaire de ses deux beaux-frères, Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, que le jeune empereur transmettait aux Alliés les offres de paix inspirées par ce pape. En vain : pour Clemenceau, Benoît XV était le "pape boche". Pour Ludendorff, le "pape français".

Cette figure d'"empereur de la paix" est controversée. Charles Ier fait interdire dès 1916 les gaz de combat, mais le gaz moutarde est utilisé sur le front autrichien. Il crée des cantines, des caisses de secours, abat ses chevaux et rationne le palais pour nourrir sa population. Mais le dévot refuse d'abdiquer le 11 novembre 1918 parce que ce serait trahir Dieu. Et, exilé en Suisse, il fomente des complots pour récupérer la couronne de Hongrie.

Une telle carte de visite suffit-elle à faire un "bienheureux" ? L'Autriche, chatouilleuse sur son passé, se divise. Otto de Habsbourg, 91 ans, chef de la maison impériale, ancien député européen, approuve la décision de Jean PauI II : "Mon père fut l'unique chef d'Etat de la première guerre à avoir vraiment cherché la paix, mû par sa conscience de chrétien." Mais les critiques de l'ancienne monarchie se lamentent avec ironie, faisant de Charles Ier "le saint patron des perdants" !

L'Eglise en Autriche semble embarrassée par cette béatification, inspirée par les nostalgiques des rois catholiques d'antan, comme cette "Ligue de prières de l'empereur Charles pour la paix", présidée par Mgr Kurt Krenn, évêque ultraconservateur de Sankt-Polten. Celui, précisément, dont le séminaire vient d'être fermé, à la suite d'une grave affaire de trafic de photos à caractère pédophile ! Le Vatican le presse de démissionner. La béatification de Charles Ier lui laisse sans doute un sursis jusqu'au 3 octobre.

Henri Tincq

[Valiere]

A bas la calotte!
Séparation des églises et de l'Etat!
Voici qu'il est encore démontré la justesse, la pertinence et l'actualité de tels mots d'ordre.