a écrit : Brejnev tombe éperdument amoureux d'une danseuse du Bolchoï.
Après une cour pressante, il parvient enfin à la convaincre de
venir dîner au Kremlin. Là, malgré tous ses efforts la
ballerine résiste à ses avances, d'autant plus vigoureusement
qu'elles se font plus précises. A bout d'arguments ainsi que
de patience, Brejnev promet de lui accorder la première faveur
qu'elle demandera.
- Je veux, dit la danseuse, je veux que tu ouvres les
frontières.
- Ah, timide, tu veux donc que nous restions seuls...
Au beau milieu de Varsovie se dresse une tour de quarante
étages : le Palais de la culture et des sciences, construit
sur le modèle de la tour de l'Université de Moscou et offert
par Staline au peuple polonais. On raconte dans Varsovie que
le seul homme heureux dans toute la ville est le gardien du
Palais de la culture qui, habitant au quarantième étage de
l'édifice, est le seul, lorsqu'il ouvre ses fenêtres, à ne pas
voir le Palais de la culture. Nommé là par son cousin ministre
qui ne savait que faire d'un idiot pareil, ce gardien a été
chargé de surveiller l'arrivée de la prospérité.
Un jour, un groupe de touristes américains qui visitent
Varsovie monte au sommet du Palais de la culture et des
sciences. Là les Américains rencontrent le gardien et lui
demandent ce qu'il fait à cet endroit.
- Je suis chargé de surveiller l'arrivée de la prospérité.
- Et c'est bien payé? demande un touriste.
- Environ 100 dollars par mois.
- Écoutez, reprend l'Américain, vous venez en Amérique, vous
montez au sommet de l'Empire State Building pour surveiller
l'arrivée de la crise et je vous donne 1 000 dollars par mois.
Tenté par cette somme astronomique, le gardien réfléchit
longuement avant de répondre :
- Non, je ne viendrai pas. Chez vous, ça risque d'être un
emploi temporaire.
Un citoyen se présente au poste de la milice et demande à voir
le chef pour lui faire une déclaration de la plus grande
importance. Devant son insistance on l'introduit devant cet
important personnage à qui il déclare :
- Camarade, je viens déclarer que mon perroquet s'est échappé.
- Comment ! C'est pour ça que tu me déranges ?
- Pas seulement pour ça, camarade. Je voudrais aussi qu'on
enregistre ma déclaration.
- Quelle déclaration ?
- Je tiens à affirmer avec force et solennité que je n'ai pas
les mêmes opinions politiques que mon perroquet.
Sous Staline, il est décidé de fêter solennellement le
centenaire de Pouchkine. Le Praesidium lance un grand concours
pour élever une statue à la gloire de l'illustre écrivain. De
toutes les régions de l'Union Soviétique, les projets
affluent, des plus modestes aux plus grandioses :
Pouchkine marchant, Pouchkine écrivant, Pouchkine lisant,
Pouchkine haranguant le peuple, le peuple rendant hommage à
Pouchkine, etc. Le Praesidium se retire alors pour élire le
meilleur projet. Après une courte délibération, le verdict est
rendu : la statue représentera Staline lisant Pouchkine.
Pendant les années cinquante, lors de fouilles archéologiques,
on découvre les restes admirablement conservés d'un homme
préhistorique. Les plus grands savants du monde se sont réunis
pour essayer de situer cet hominien sur l'échelle du temps.
Malgré tous leurs efforts, les résultats se font attendre. Ils
organisent donc une réunion pour faire le point et définir la
nouvelle ligne de conduite à tenir. Le savant russe, présent à
cette réunion, demande la parole :
- Chers collègues, il semble que nos moyens traditionnels
soient mis en échec par cet individu. Je vous propose donc de
faire appel à un spécialiste de mon pays, qui, je le pense,
devrait arriver rapidement à des résultats.
La proposition ayant été adoptée, on vit arriver le lendemain
un petit homme tout habillé de gris qui s'enferma avec le
squelette. Une paire d'heures plus tard, il ressort
visiblement ravi.
- C'est un australopithèque, dit-il, c'est sûr, il a avoué...
Tous les matins, pour se rendre à son bureau, Kossyguine passe
devant la statue de Dzerjinski (Fondateur de la Tchéka, mère
du NKVD, grand-mère du KGB).
Un jour, il a l'impression que la statue lui parle. Le soir,
sur le chemin du retour, il fait ralentir son chauffeur, et il
lui semble à nouveau que la statue s'adresse à lui. Pendant
plusieurs jours cette impression persiste. Finalement,
Kossyguine fait arrêter sa voiture, descend, se plante devant
la statue et entend :
- Alexis Nicolaïevitch, je suis fatigué. Pourquoi m'a-t-on
statufié debout alors que Dolgorouki est tranquillement assis
sur son cheval ? Fais quelque chose, voilà trente ans que je
suis debout.
Kossyguine file au Kremlin, entre en trombe dans le bureau de
Brejnev et lui rapporte sa conversation avec la statue.
Léonide Illitch se frappe le front, suggère à son collègue de
prendre quelques jours de vacances et, devant son obstination,
décide qu'ils iront ensemble voir la statue pour que
Kossyguine se persuade qu'il a eu une hallucination. Sitôt dit
sitôt fait : Brejnev et Kossyguine prennent une voiture et se
font conduire devant la statue. Lorsqu'ils en descendent, on
entend la voix de Dzerjinski grondante et furieuse :
- Alexis Nicolaïevitch, je t'avais demandé un cheval, et tu
m'apportes un âne.
Lors de sa visite à Nixon, Brejnev remarque trois téléphones
posés sur le bureau du président des États-Unis : un vert, un
rouge et un blanc. Intrigué, il demande qu'on lui explique
l'utilité de ces trois appareils.
« Le rouge, répond Nixon, c'est celui qui me permet de vous
parler quand vous êtes en Union Soviétique, le blanc, c'est la
ligne directe avec le Pentagone, et le vert, c'est la ligne
pour appeler l'enfer. »
Brejnev n'en croit pas ses oreilles, et demande une
démonstration. Bon prince, Nixon lui propose d'appeler
Eisenhower aux enfers, avec indication de la durée et du
montant de la communication. Au bout de cinq minutes, on
rappelle Nixon et on le met en communication avec Eisenhower
qui lui demande de ses nouvelles, s'inquiète des
développements du Watergate et prodigue quelques conseils à
son successeur. Puis les deux interlocuteurs échangent des
voux divers, et Nixon raccroche. Trente secondes plus tard,
l'opératrice le rappelle et l'informe que la communication a
duré quatre minutes et que son prix est de 254 dollars.
De retour à Moscou, Léonide Illitch convoque les ingénieurs
des télécommunications et leur donne six mois pour lui
fabriquer un téléphone vert. Le moment venu, le téléphone est
prêt et Brejnev décide de l'inaugurer en demandant à parler à
Staline avec indication de durée et du montant de la
communication.
Cinq minutes après, Staline est en ligne. Brejnev lui demande
ce qu'il pense de la situation, et Joseph Vissarionovitch dit
qu'il est plutôt content, qu'on a beau faire des rapports et
des congrès sur son compte, finalement rien n'a vraiment
changé, et que la seule grosse faute qu'il reproche à ses
camarades, c'est d'avoir laissé filer sa fille Svetlana aux
États-Unis. Suivent quelques paroles aimables, et Brejnev
raccroche après avoir promis à Staline de le rappeler bientôt.
Trente secondes plus tard, l'opératrice appelle et informe
Léonide Illitch que la communication a duré quatre minutes et
qu'elle coûte 35 kopecks.
- Comment 35 kopecks? J'ai vu Nixon téléphoner aux enfers à
Eisenhower pendant quatre minutes et ça lui a coûté 254
dollars.
- Oui, camarade, mais ici c'est le service intérieur.