a écrit :Qu'on cesse d'évaluer les connaissances (de noter) ? Ca me parait un peu absurde.
Ah bon? Une des revendications du Vänsterpartiet en Suède - qui est pourtant un parti réformiste à l'instar du PCF en France - fait sienne la revendication d'abolir les notations.
Cette revendication est également la mienne.
Il serait peut être bon de rappeller l'attitude du Parti bolchévique vis-à-vis de l'éducation dès la prise de pouvoir. Les évaluations et les examens furent abolis, interdits par la loi révolutionnaire. L’université fut rendue gratuite et accessible à tous ceux qui le souhaitaient, sans aucune séléction à son entrée, si bien que le nombre d’étudiants sur le territoire soviétique doubla en 1919, en pleine guerre civile! Bien sur, les conditions d'alors ( guerre civile, délabrement économique, famine en vue ) ont sérieusement minés les efforts du pouvoir soviétique dans cette question, comme dans beaucoup d'autres domaines.
L’enseignant soviétique était obligé par la loi d'entretenir des relations de camaraderie avec les élèves. Les écoles étaient dans l'obligation de tenir des éléctions régulières de comités pour les élèves, les enseignants et le personnel non enseignant. Ces comités élisaient a leur tour la direction administrative de l’école, qui était révocable à tout moment. Le soviet général de l’école, regroupait élèves, parents et personnel, en relation étroite avec le soviet local et les syndicats d'enseignants pour décider des orientations générales. Concernant la discipline en classe, à l'école en général et le respect d'autrui, le pédagogue Pinkévich expliquait :
« Même si des actions, mauvaises de notre point de vue, sont commises parfois, la chose importante est que les mesures de régulation soient prises par les élèves eux-mêmes, avec la participation active des enseignants et ces mesures peuvent ainsi être mises en application par la collectivité. Ainsi… il doit y avoir aussi peu de lois et de règles que possible ».La Révolution russe est riche en matière d'expérience sur ce sujet la. Les JCR ont produits un excellent article sur ce sujet la dans le RED de Janvier ( qui doit être quelque part sur notre nouveau site ) et c'est de cet article qui m'a mis la puce à l'oreille. Depuis, je me renseigne plus sur le sujet ( les écrits de Kroupskaïa et de Kollontaï sont riches en cette matière et très très intéressants ) et ce que la Russie soviétique arriérée du début du 20ème siècle fut capable de réaliser tant bien que mal, reste pour nous militants révolutionnaires d'aujourd’hui, très riche d’enseignement!
Je ne crois pas l'avoir précisé autre part sur ce forum, mais je suis originaire de Suède et de Madagascar, et j'ai pu experimenté et comparer les deux systèmes éducatifs francais et suédois. Y compris à Madagascar ou l'école que j'ai fréquentée ( publique pourtant ! ) était directement calquée sur le modèle francais, tout commes les institutions du pays en général. Non pas par chauvinisme mal placé pour un militant révolutionnaire, je peux dire que je me sens beaucoup plus à l'aise dans le système suédois.
Il n’y a pas d’examen final à la sortie du "Gymnasium", le lycée. Les élèves obtiennent un diplôme, sur la base du travail effectué pendant les deux dernières années de scolarité dans le lycée. Nous ne sommes pas notés avant le semestre de printemps de la huitième année de l’école dite "de base", soit avant l’âge de 14 ans. A partir de 15 ans, nous ne sommes notés que dans une matières is on suivi au moins 60 h de cours dans cette matière. Les relations entre élèves et profs sont très faciles, très bonnes. Il n’y a pas, comme en France, de barrières entre profs et élèves. On se tutoie, on parle de tout. Il fut un temps ou l'on n'était pas noté. La droite est en train de démanteler tout ca.
Alors, toutefois, ne nous trompons pas d'ennemis. Je suis totalement solidaires des professeurs quand ils revendiquent les moyens qu'ils manquent cruellement, quand ils luttent pour des augmentations de salaires dignes de ce nom, contre les expulsions de nos amis-sans papiers et ainsi de suite. Militons au contraire avec eux pour construire une Éducation nationale, démocratique et populaire.