par Pascal » 24 Fév 2004, 12:44
[QUOTE=Dolmancé,lundi 23 février 2004 à 23:53]J'en suis venu à la conclusion suivante, qui n'engage bien évidemment que moi : il n'y a rien à faire contre eux... mais tout à faire sans eux.
Leur pouvoir tient uniquement en place grâce à la manipulation des individus, judicieusement orchestrée par le biais des médias.
La façon la plus efficace de combattre un système qui ne nous convient plus n'est pas de lutter contre lui mais de s'en désintéresser et de ne plus l'alimenter...[/QUOTE]
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Dolmancé,
Tu dis que le système actuel n'amène que le chaos et la barbarie... là dessus on est d'accord, Rosa Luxembourg le disait déjà après la première guerre mondiale (je te conseille d'ailleurs de lire ses oeuvres, non seulement c'est très bien écrit, mais c'est d'une brûlante actualité).
Maintenant, comment changer le monde ? En "faisant sans eux" ?
Mais la bourgeoisie ne nous donne pas le choix, faire avec ou sans elle : elle est la classe au pouvoir, et sa domination est atroce pour l'humanité.
C'est les licenciements et le chômage de masse, la misère et l'exploitation. En Irak, dans le Caucase, en Côte d'Ivoire et ailleurs, c'est la guerre, les bombardements et toutes les atrocités qui vont avec. L'été dernier, les humanistes de l'ONU ont décidé d'un plan ambitieux : faire baisser de moitié la mortalité infantile en Afrique noire d'ici... l'an 2165 !!!
C'est la bourgeoisie qui se désinterresse complètement du sort de milliards d'êtres humains, êtres humains qu'elle considère comme un surplus inutile, et qu'elle laisse crever, alors que nous avons les moyens techniques pour que chaque être humain puisse vivre décemment. C'est la bourgeoisie qui fait "sans" des millions d'êtres humains, qu'elle condamne au froid, à la faim, aux maladies, s'en intérressant seulement lorsque la colère monte, pour les réprimer à coup de matraque qu'en ce n'est pas à coup de mitrailleuse.
Tu sais, en ex-URSS, des centaines de milliers d'ouvriers licenciés, de retraités non-payés, de salariés qui n'ont pas assez pour vivre, de paysans ne survivent que grâce à leur jardin potager et/ou au petit commerce (quand ce n'est pas de la mendicité) : cela n'empêche pas les "nouveaux riches" de s'enrichir. Au contraire même, c'est l'économie de marché qui a jeté ces ouvriers et paysans dans l'économie de subsistance individuelle.
Le pouvoir de cette classe ne tient pas "uniquement grâce à la manipulation (...) orchestrée par le biais des médias". La bourgeoisie a des moyens bien plus violents pour maintenir sa domination, elle a entre ses mains un appareil d'Etat, des flics et une armée.
Cette classe capitaliste, il faut la renverser, bref lutter contre elle. Et on ne peut la renverser que par l'action collective de la classe exploitée, le prolétariat, pas par l'action individuelle (ou ultra-minoritaire).
Notre force collective, c'est justement que la bourgeoisie ne peut se passer de nous (puisque nous produisons toutes les richesses), alors que nous pouvons très bien nous passer des exploiteurs. Mais cela implique de changer radicalement cette société, ça implique la révolution sociale.
Après, on sera d'accord que nous ne sommes pas, aujourd'hui, dans une situation révolutionnaire, mais cela ne doit pas nous empêcher (au contraire) de travailler, avec nos collègues et nos voisins, au développement de la conscience de classe. Et cela implique, non pas de se mettre "hors système", mais bien de lutter aux côtés de nos collègues.
Et je rejoins assez Logan, le discours "alternatif décroissance..." rejoint assez celui d'une secte, rien que dans les mots utilisés ("Développement personnel", "affirmer au plus profond de nous mêmes"....). Sur le site que j'ai cité, on trouve des expressions comme "économie saine", bref tout un blabla assez proche des discours religieux sur la pureté, qui plus est culpabilisant à l'encontre des gens ordinaires, et même une vieille idée catho sur les bienfaits d'une "vie simple" contre la débauche de la "vie moderne".
Et pour revenir à la divergence de fond entre les communistes et les "décroisseurs" (?), je citerais une nouvelle de Ricardo Flores Magon (écrite en 1916), révolutionnaire mexicain : un ouvrier ne cesse de gromeler "maudite machine", jusqu'à ce que la machine se mette à dire "Ce n'est pas moi qui te rend malheureux (...). Fais-moi tienne, prends-moi, arrache-moi des griffes du vampire qui te suce le sang".
Bref, la question ce n'est pas la machine en-soi, ou la technologie en-soi, mais au main de qui elles sont : effectivement, aux mains des capitalistes, les formidables progrès technologiques servent, en partie, à augmenter le potentiel de destruction (armes modernes par exemple). Mais aux mains du prolétariat, dans une société dont le but n'est plus le profit d'une minorité mais la satisfaction des besoin de tous, ces mêmes avancées technologiques pourront permettre à l'humanité de vivre mieux.