par emman » 28 Jan 2003, 15:22
Bon moi aussi je vais raconter mon expérience avec les anars/libertaires. :hinhin:
Bon excuse moi Vilenne, mais c'était pas avec CGA, j'savais même pas que ça existait. Moi j'ai juste côtoyé la FA, AL et la CNT.
Bon je vais peut-être exagérer un peu les choses, parce que c’était y a quand même 7 ans maintenant, j’ai peut-être fait un tri sélectif dans mes souvenirs, mais je ne suis pas le seul à l'avoir ressenti comme ça...
C’était à une époque où j'ai fais pas mal de truc avec eux, à un moment où je m'étais un peu éloigné de LO.
Il étaient quasiment tous à la fac ou au lycée, y avait peut-être 4 ou 5 salariés et chômeurs sur la trentaine d'adhérents toutes chapelles confondues.
Ils participaient à AC!, au DAL, au collectif de soutien aux sans papiers, ils avaient créé SUD Etudiant, et étaient très actif dans les clubs de la fac de lettre, où l'on vend des sandwichs et de la bière en faisant des tournois de Yam's.
On avait aussi créé une association anti-fasciste qui regroupait une quarantaine d'adhérents et quelques uns d'entre eux participaient à un journal étudiant qu'on avait créé après la grève de 95.
En fait ils étaient comme des poissons dans l'eau tant qu'ils étaient en position de force, cad tant que les mouvements auxquels ils participaient n'étaient pas des mouvements de masse (ceux qu’étaient membre de la FA, ils expliquaient même que les objectifs d’un mouvement de masse ne pouvaient pas être corrects du fait qu’il soit de masse…). D'ailleurs comme c'était pas des mouvements de masse et que des fois y avait vraiment personne, ils beuglaient contre les prolos (pas tous, je te rassure Vilenne) qu'avaient rien compris et qui ne pensaient qu'à regarder TF1 plutôt que d'aller empêcher par la force un meeting de De Villier.
Par contre en 1995, durant la grève à la fac en novembre, ils se sont trouvé submergés par le mouvement (l'UNEF aussi d'ailleurs). Les UFR se sont mises en grève les unes après les autres sans même qu'ils puissent y intervenir et ils n'ont du coup rien trouvé d'autre à faire que de fustiger tous ses étudiants qui font grève pour demander "des bouts de crayons". Parce qu'évidemment, les étudiants étaient pas en grève pour faire la révolution. Donc ils beuglaient dans les AG bondées, et participaient avec ceux qu'étaient contre la grève à foutre un bordel monstre. Evidemment, personne n'a voulu d'eux dans la coordination qui s'était mise en place, du coup ils étaient vexés.
Je me rappelle qu'à l'époque, je prenais du temps pour leur expliqué que y avait peu de chance que les AG votent des résolutions appelant à la révolution et que plutôt que de tirer vers l'arrière, ils feraient mieux de participer activement au mouvement qui se mettait en place et de lui faire prendre une dimension un peu plus politique.
Ils ont finit par le comprendre et ont pris leur place dans le mouvement, mais en faisant le strict minimum sauf quand les AG décidaient d'action coup de poing, style foutre la merde à la fac de droit qu'avait repris les cours.
La grève des cheminots à alors débuté, et dans les AG, on commençait à parler de la nécessité de rejoindre le mouvement des salariés qui se dessinait. On n'était pas très nombreux au départ, quelques camarades de LO qu'étaient pas à la fac, et quelques étudiants dont je faisais parti pour la plus part sympathisants ou proches de LO.
Tout le reste des intervenants, cad la JC, l'UNEF, le MJS et les Anars/Libertaires (qu'avaient du changer d'avis...) expliquaient qu'ils fallaient défendre d'abord nos revendications et que le mouvement des salariés n'avaient rien à voir avec nous même s’ils en étaient solidaires.
Malgré tout les étudiants étaient de moins en moins insensibles à ce qui se passaient autour des cheminots, et des jeunes militants de la CGT cheminot commençaient à venir aux AG, malgré certains qui criaient à la récupération.
Ces mêmes militants nous avaient invité sous les applaudissement à les rejoindre lors d'une manifestation organisée par la CGT le même jour où était programmé ce que la plus part d'entre nous considérait comme l'une des dernières manifs de notre mouvement étudiant qui s'essoufflait.
Et bien plutôt que de saisir la balle au bond, les anars ont préféré suivre l'ensemble des organisations étudiantes qui préféraient organiser un enterrement symbolique du mouvement étudiant !
Lors de la manif, les gars de la CGT avait réussi à convaincre leurs responsables syndicaux de nous attendre.
Donc en début de cortège une amie avait pris la parole pour expliquer la situation. Les étudiants savaient pas trop quoi penser mais personne n'était vraiment hostile à l'idée d'aller manifester avec les cheminots. Et bien les anars qui s'étaient investis à fond dans la conception du cercueil et de la mise en scène de la manif (avec costume et tout et tout...) ont commencé à dire qu'on devait faire notre manif seul, rejoint immédiatement par la JC et l'UNEF qui n'en attendaient pas tant. Et dans la foulé, ils ont lancé le cortège afin de mettre fin aux discussions.
Comme prévu, le mouvement étudiant a pris fin, après cette manif, les AG ont été divisée par 10, du coup le poids relatif des anars a augmenté et ils se sont mis à faire voter des mots d'ordre de grève radicaux complètement délirants, avec occupation des locaux (alors qu'on avait jamais pu compter sur eux pendant la grève parce qu'ils arrivaient systématiquement après 11h du matin) qui n'étaient suivis que par les quelques présents en AG donc impossible à mettre en pratique.
Ils ont alors organisé tout une série d'action coup de poing dont ils étaient incapables de gérer les conséquences et notamment la séquestration du président de l'université un jour où ils s'ennuyaient à zoner toute la matinée dans le hall de la fac en jouant aux cartes. Ils étaient partis à une vingtaine et une fois arrivés la bas quelques uns étaient revenus chercher de l'aide parce qu'ils s'étaient aperçus qu'ils risquaient de se retrouver au poste et surtout ils ne savaient plus ce qu'ils devaient faire. Comme on était quelques uns à ne pas vouloir ridiculiser tout ce que l'on avait fait pendant un mois, on les avaient rejoint à une trentaine et on avait fait comme si c'était préparé depuis longtemps en appelant la presse et tout le barda.
Après ça, ils ont bien entendu participé au mouvement de décembre 95 contre les lois Juppé, mais sans grande conviction du fait de la présence massive des syndicats CGT et FO…
Alors c'est après toute ces histoires que je me suis dit que finalement à LO, on ne se marrait peut-être pas tous les jours, mais qu'au moins quand on décidait de faire quelques choses, on le faisait sérieusement et pas pour s'amuser où occuper son temps libre. Et que mine de rien c'était déterminant.
Vilenne, tu me diras que je suis peut-être mal tombé (attention, je ne les critique pas humainement, je m'entendais plutôt bien avec eux) ? Mais le problème, c'est que tous les anars que je côtoie encore aujourd'hui (dans différentes villes), ils sont pas loin d'être pareils. Tant qu'ils peuvent contrôler la situation ou l'influencer fortement, ils s'y investissent pleinement et dés que ça leur échappe ils se mettent en retrait. Donc ils préfèrent faire des journaux associatifs, des librairies associatives, des groupes de musique, des squats, ..., et participer à certaines associations où collectifs plutôt minoritaires (mais pas moins indispensables) tel AC!, ou le DAL où ils peuvent avoir un minimum d'influence.
Moi j'ai rien contre tout cela, je dirais même que j'apprécie les lieux associatifs, mais je ne pense pas que les combats déterminants de la lutte de classe s'y déroulent.