Y'a quand même plusieurs niveaux de discussions qui se mélangent dans ce fil.
Sur les comportements individuels c'est certain que le poids des préjugés sociaux font que même dans les milieux militants révolutionnaires (qui en sont les plus abstraits) tout le monde n'échappe pas tout le temps à l'expression de cette pression. Et oui le rôle d'une organisation (donc de tous ses militants) c'est aussi d'exercer une contre pression, de ne pas laisser passer les reflexions "limites" (ou plus).
Sur la question des priorités d'intervention, là ce sont des choix politiques. Et en effet le choix que fait LO (et qui me semble juste vu ce qu'on est) c'est de privilégier l'implantation dans la classe ouvrière et le militantisme quotidien sur les lieux de travail à l'investissement dans les luttes "spécifiques" (anti-racisme, anti-sexisme, anti-homophobie ...). Cela n'empêcherait d'ailleurs pas de participer à telle ou telle initiative (comme LO participe par exemple aux manifs du 8 mars pour les droits des femmes). Et surtout cela ne veut pas dire ne pas militer sur ces questions. Parce que des problèmes d'homophobie, de discrimination etc. on en rencontre aussi dans les boites et que cela fait partie des choses sur lesquels les camarades peuvent intervenir dans leur activité d'entreprise.
Enfin sur le dernier niveau qu'aborde Byrrh:
a écrit :Même si une petite organisation, à la différence d'un parti de masse, doit fixer des priorités à son intervention, cela ne lui interdit pas d'élaborer une analyse politique détaillée de cette oppression, qui touche quand même entre 5 et 10 % de la population mondiale. Des articles, des exposés, des débats, c'est le minimum que l'on peut attendre d'une organisation. Comme je le disais plus haut, wait and see...
Je pense aussi qu'on pourrait écrire plus souvent sur la question, ou par exemple y consacrer un CLT (comme ça a été fait pour les luttes des femmes et justement en faisant le lien entre lutte contre l'homophobie et la perspective politique qui permettrait d'en finir avec toutes les oppressions, la révolution communiste). Cela dit je ne suis pas persuadé que cela nécessite un gros effort d'élaboration politique (au sens théorique en tout cas), sinon pour les camarades qui auraient à écrire là dessus de bosser un peu l'historique de la question et l'état du problème aujourd'hui.
Sinon par rapport à ce que dit Porto. Je ne crois pas qu'il soit vraiment souhaitable que dans une organisation révolutionnaire ce soient les "concerné(e)s" qui militent sur tel ou tel question. Ou plutôt, comme militants révolutionnaires, on peut considérer qu'on est tous concernés par la lutte contre toutes les oppressions. Après ça se ramène aux questions de priorité d'intervention, mais dans une organisation qui ferait le choix de s'investir dans les luttes spécifiques, je ne trouverais pas ça terrible que seuls les homos participent aux luttes contre l'homophobie, les femmes aux luttes féministes etc. Parce que le résultat peut donner aussi des trucs assez bizarres. J'ai pu observer cela les quelques fois où je me suis rendu au camp de jeune de la 4: ça donnait vraiment l'impression d'une spécialisation des camarades homos qui étaient les seuls à s'occuper des questions LGBT et pour certains avaient tendance à ne plus faire que cela, alors que les autres militants avaient surtout tendance à ne pas s'en occuper (sans même parler des problèmes politiques sur la question dans la 4 avec notamment les défenseurs des théories queer, posant la question de manière parfaitement déconnectée de la lutte des classes...).