par hispa » 12 Mars 2003, 17:27
L'intérêt du texte ou plutôt des textes étaient simplement de démontrer que les commentateurs reconnaissaient que Bourdieu n'était pas en faveur de "l'éternité de la reproduction. Même critiquant l'approche marxiste, il était en faveur du changement. Médiatisé ou non, engagement politique ou non, il a toujours écrit en vue d'un changement ou pour faire avancer la compréhension d'un "fait social" en vue de sa résolution potentielle.
J'ai précisé ce point par rapport à ce que disait Magdelene. Je ne cherche pas à lancer une discussion sur Bourdieu mais à préciser un point parce qu'il en a été fait etat dans la discussion,
Je suis allé au plus rapide en choississant des textes qui sont sur le net, jargonnant philo ou socio comme d'autres jargonnent marxiste ou situ ou néo-maxiste ou je ne sais quoi.
Cela est une autre question. En même temps, il est difficile d'isoler une phrase. Que certains passages soient plus ou moins difficiles, plus ou moins obscurs doit-il nous empêcher d'en faire état ?
A ce compte, on ne citerait plus rien. Je le répète dans le cas d'espèce , il s'agit des phrases sur la "volonté de changement" contrairement à l'idée répandue d'une fatalité dont on ne peut se défaire et qui serait la position de Bourdieu.
Pour l'extrait concernant l'Algérie, je trouvais que le texte de Bourdieu correspondait d'une certaine manière avec les thèses de LO qui n'a jamais été très chaude pour trouver des vertus "révolutionnaires" aux peuples en révolte et qui n'a jamais trouvé de vertus révolutionnaires communistes à qui ne s'en réclamaient pas. C'était un clin d'oeil mais loupé je crois.
Mais bien que favorable à la cause nationale des Algériens, il n'a jamais considéré que leur quête pour l'Indépendance était une révolution, dans la mesure où l'état économique et culturel de la société dominée ne permettait pas, selon lui, la prise de conscience révolutionnaire qui suppose que les agents aient une vision claire de l'avenir. Cette idée, Bourdieu l'exprimera durant toute sa carrière, prenant ainsi ses distances vis-à-vis des analyses marxistes ou néo-marxistes qui prêtent aux peuples du tiers monde des capacités révolutionnaires qu'ils n'ont pas. Pour lui, une révolution est un projet politique conscient qui ne peut être formulé par que par des groupes conscients de leurs forces . Or, pense-t-il, les Algériens vivent dans une précarité qui favorise l'esprit de révolte mais qui empêche la prise de conscience révolutionnaire en raison d'une propension au millénarisme que nourrissent les espérances magiques.
Magdelene
Mais dans quel monde vivent-ils ces gens-là ? Imaginer que les théories sociologiques puissent être des freins au changement, c'est quand même piqué des vers ! On discutera de l'influence de la sociologie sur les changements sociaux, le jour où les sociologues s'exprimeront soit ailleurs que dans les colonnes du monde, le jour où des intellectuels rejoindront les luttes politiques autrement qu'en soutenant le PS (et je leur souhaite alors d'avoir la théorie modeste).
En ce qui concerne l'activité politique de bourdieu, petite digression, mais il me semble qu'il a commencé sa carrière politique très médiatisée après avoir été élu au collège de France.
Je ne comprends pas de qui tu parles. Bouveresse dit bien que la thèse qu'il exprime est "pitoyable".
Quant à la carrière de Bourdieu, elle a commencé en 95, c'est dire s'il est en retard. Mais peut-on lui reprocher son choix ? C'est affaire personnelle Non ?