Une illustration de la stratégie d'occultation des crimes sexistes, à travers le commentaire dégueulasse de HF Thiéfaine, à la radio :
(Une réaction d'auditeur a écrit :S'élever contre un crime machiste, c'est être une « pouf » !
Le 25 octobre 2005, France Inter donne la parole à Hubert-Félix Thiéfaine. A propos d'une de ses chansons, « Ronge tes barreaux avec tes dents », le chanteur évoque l'été 2003, période où il a « suffoqué » et « beaucoup souffert de ce qui s'est passé à Vilnius, de ce qui est arrivé à l'un de [ses] camarades ». Il se désole de « ce qui est arrivé à Bertrand Cantat », chanteur de Noir Désir emprisonné pour avoir frappé sa compagne jusqu'à la tuer.
Le journaliste du 13-14, Patrick Boyer, tente mollement de récupérer le coup en parlant de la victime, l'actrice Marie Trintignant. Mais le chanteur ne l'entend pas de cette oreille. Non, c'est bien pour le tueur qu'il se désole. C'est de ce tueur qu'il est solidaire. Le chanteur qui dit se « mettre à la place des gens » est incapable de s'imaginer dans la peau de celle qui est tombée sous les coups, de ses parents ou de ses fils qui ont perdu celle qu'ils aimaient.
« Beaucoup de nanas en ont profité » et « ont resservi la soupe », accuse le chanteur, en parlant des femmes qui ont replacé ce drame dans son contexte : une France où les violences contre les femmes sont courantes et font une kyrielle de mortes chaque année. Une société où la domination masculine s'exerce au quotidien, à la maison mais aussi dans la rue et au travail. « Des conneries » pour le chanteur qui estime que « le problème est franchement ailleurs ». Et il continue en traitant de « poufs » les « nanas syndiquées dans les trucs féministes » qui ont osé s'en prendre à la violence de certains hommes dont Bertrand Cantat.
La complainte du chanteur ne s'arrête pas là. Il compatit avec tous ceux qui sont enfermés parce que « un jour, dans leur vie, ils ont eu un accident, ils ont pété les plombs, ils ont dépassé la norme. Pour quelques minutes de leur vie, ils gâchent le reste », ces gens qui « ne sont pas des criminels mais qui, pour une raison ou une autre, le deviennent ».
Triste monde, où on laisse, sur une radio sérieuse et à une heure de grande écoute, un chanteur plaindre un bourreau qui a frappé sa femme et l'a laissée agoniser sans lui porter assistance. Le meurtrier a « seulement » commis un crime sexiste. S'il avait commis un crime raciste, antisémite ou pédophile, aurait-on écouté sans sourciller le chanteur prendre sa défense ?
Sylvie Debras, 26 octobre 2005