Libération de Bertrand Cantat

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Sterd » 16 Oct 2007, 17:38

Beaucoup de crimes racistes sont aussi commis par des personnes qui ne sont pas des militants. C'est aussi un comportement diffus par lequel répondre par des manifestations de soutien aux victime est inutile ? Demander que ces crimes soient punis c'est aussi faire de la surenchère ?

Je ne crois pas que personne n'ai demandé de peine de prison. Certains camarades dont moi se sont étonnés de la faiblesse de la peine comparée a celle infligée pour d'autres crimes ou délits. Personne n'a demandé le rétablissement de la peine de mort.
Sterd
 
Message(s) : 0
Inscription : 27 Nov 2005, 20:51

Message par gerard_wegan » 16 Oct 2007, 17:40

(Byrrh @ mardi 16 octobre 2007 à 18:21 a écrit :Il existe cependant des cas, comme précisément celui des crimes et des violences sexistes, où l'on est en droit d'exiger de la justice qu'elle soit plus sévère ; vous n'êtes pas sans savoir que dans ce pays, il existe une tradition judiciaire qui veut que les hommes qui se rendent coupables de brutalités envers leurs femmes bénéficient souvent d'une certaine indulgence de la part des tribunaux. Quant à la situation dans le reste du monde, vous la connaissez aussi bien que moi. Cette tradition française, encore enfluencée par des reliquats de Code napoléonien, il est on ne peut plus urgent qu'elle cesse
"Exiger" quelque chose de la justice ? C'est le piège que dénonçait à juste titre l'article de la LdC de 1978 posté plus haut : qu'on le veuille ou non, il y a des terrains faussés sur lesquels les révolutionnaires n'ont pas à s'engager. Cela ne signifie pas qu'on refuse le choix d'un camp, en particulier par solidarité avec les victimes, lorsque d'autres que nous s'engagent sur ce terrain et nous conduisent à prendre position. Mais confondre les deux approches serait dangereux politiquement !

(jeug @ mardi 16 octobre 2007 à 18:22 a écrit :Le remplacement des prisons par des jardins fleuris, on parlera ensuite.
Es-tu sûr qu'on puisse discuter sérieusement à partir de telles caricatures ?
gerard_wegan
 
Message(s) : 2
Inscription : 31 Oct 2002, 08:32

Message par jeug » 16 Oct 2007, 17:46

(gerard_wegan @ mardi 16 octobre 2007 à 18:40 a écrit :
(jeug @ mardi 16 octobre 2007 à 18:22 a écrit :Le remplacement des prisons par des jardins fleuris, on parlera ensuite.
Es-tu sûr qu'on puisse discuter sérieusement à partir de telles caricatures ?

Tu te méprends, je ne caricature pas, tout au plus c'est un raccourci.
Je dénonce les prisons et la même chose que Vérié et toi-même dans leur nature.
Et je suis pour leur remplacement par un traitement des malades (après la prévention, bien sûr).
Simplement je veux dire que ce débat n'a pas sa place ici, face à la détresse des femmes battues. Il aura sa place dans un autre fil, plus tard.
jeug
 
Message(s) : 35
Inscription : 18 Jan 2007, 16:13

Message par Gaby » 16 Oct 2007, 17:48

Article de Florence Montreynaud d'il y a quelques semaines :
http://encorefeministes.free.fr/cantat.php3

(Montreynaud a écrit :La prochaine sortie de prison de Bertrand Cantat, meurtrier de Marie Trintignant, est l'occasion de demander aux pouvoirs publics français de prévenir la récidive en prévoyant des mesures d'encadrement et de rééducation des conjoints agresseurs.

Bertrand Cantat a été condamné à une peine de huit ans de prison, pour avoir, en juillet 2003, frappé à mort Marie Trintignant, sa compagne, et l'avoir laissée agoniser toute la nuit sans appeler des secours. Par le jeu des remises de peine, il pourrait être libéré prochainement.
Quatre ans de prison : est-ce donc le prix à payer pour ce crime ?
La justice est-elle égale pour tous les meurtres, et pour tous les meurtriers ? Non. En France, tuer un autre homme coûte plus cher que de tuer sa compagne, les prétendus « crimes passionnels » étant encore trop souvent considérés avec indulgence.

Quel sens donner à cette libération dans un pays où tous les trois jours une femme est tuée par son conjoint et 15 000 sont blessées chaque année, dans un pays où on tarde à prendre conscience des ravages de la violence conjugale masculine, et où on ne consacre pas assez de moyens pour la prévenir et aider ses victimes ?

Tous les trois jours, en France, un conjoint meurtrier sort de prison, après une peine plus ou moins longue, plus ou moins purgée.
Ces condamnés ont-ils été incités à travailler sur eux-mêmes, à prendre conscience de leur dangerosité, à rechercher les causes de leur violence ? Ont-ils pu participer à des groupes d'entraide de condamnés réfléchissant à leur crime ?
Leur sortie de prison a-t-elle été préparée, en prévision du choc qu'est le retour à la liberté, pour eux et pour leurs proches ? Leur a-t-on donné les moyens de maîtriser désormais leur violence ? Bénéficieront-ils d'une aide psychologique et sociale ?
Non ! Aucun traitement, aucune préparation, aucun suivi, ou si peu. Plus que les moyens, c'est la volonté politique qui manque.

Que la libération prochaine de Bertrand Cantat soit l'occasion d'attirer l'attention sur cette imprévoyance, cet aveuglement ! L'emprisonnement d'un conjoint meurtrier ne résout rien, puisqu'il n'est nullement une garantie contre la récidive. Il y a tout lieu de craindre la violence de ces hommes à l'encontre de leurs proches ou de leur prochaine conjointe.

Qu'attendons-nous pour les protéger ? Le prochain meurtre ?
Gaby
 
Message(s) : 401
Inscription : 27 Fév 2004, 10:53

Message par Vérié » 16 Oct 2007, 17:50

(Sterd @ mardi 16 octobre 2007 à 18:38 a écrit : Certains camarades dont moi se sont étonnés de la faiblesse de la peine comparée a celle infligée pour d'autres crimes ou délits. Personne n'a demandé le rétablissement de la peine de mort.
Fort heureusement ! Mais ce qui ressortait de certaines réactions, c'est que 8 ans dont 4 effectuées, ce serait une peine tout de meme trop légère, qui résulterait à la fois de son statut d'artiste connu et du machisme des tribunaux.

Or le tribunal (lituanien) n'a pas été particulièrement clément si on compare avec les autres peines. Pour exemple, le flic assassin d'un jeune Beur de la Courneuve n'a pris que 7 ans, malgré une mobilisation importante qui a duré plusieurs mois.
J'ignore combien il a effectué, mais je serais surpris qu'il ait fait meme la moitié de sa peine. Ils ont bien du trouver un prétexte pour le faire sortir...

Et l'attitude par rapport au problème de la prison, que certains sous-estiment complètement, me surprend et me choque profondément. 4 ans de prison, c'est un supplice abominable. Que ceux qui minimisent cela s'informent.

J'ai l'impression que certains raisonnent comme ces super-réacs-sécuritaires qui n'arretent pas de dire : "Il faut penser aux victimes au lieu de penser aux prisonniers."
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par Gaby » 16 Oct 2007, 17:51

Une illustration de la stratégie d'occultation des crimes sexistes, à travers le commentaire dégueulasse de HF Thiéfaine, à la radio :
(Une réaction d'auditeur a écrit :S'élever contre un crime machiste, c'est être une « pouf » !

Le 25 octobre 2005, France Inter donne la parole à Hubert-Félix Thiéfaine. A propos d'une de ses chansons, « Ronge tes barreaux avec tes dents », le chanteur évoque l'été 2003, période où il a « suffoqué » et « beaucoup souffert de ce qui s'est passé à Vilnius, de ce qui est arrivé à l'un de [ses] camarades ». Il se désole de « ce qui est arrivé à Bertrand Cantat », chanteur de Noir Désir emprisonné pour avoir frappé sa compagne jusqu'à la tuer.
Le journaliste du 13-14, Patrick Boyer, tente mollement de récupérer le coup en parlant de la victime, l'actrice Marie Trintignant. Mais le chanteur ne l'entend pas de cette oreille. Non, c'est bien pour le tueur qu'il se désole. C'est de ce tueur qu'il est solidaire. Le chanteur qui dit se « mettre à la place des gens » est incapable de s'imaginer dans la peau de celle qui est tombée sous les coups, de ses parents ou de ses fils qui ont perdu celle qu'ils aimaient.
« Beaucoup de nanas en ont profité » et « ont resservi la soupe », accuse le chanteur, en parlant des femmes qui ont replacé ce drame dans son contexte : une France où les violences contre les femmes sont courantes et font une kyrielle de mortes chaque année. Une société où la domination masculine s'exerce au quotidien, à la maison mais aussi dans la rue et au travail. « Des conneries » pour le chanteur qui estime que « le problème est franchement ailleurs ». Et il continue en traitant de « poufs » les « nanas syndiquées dans les trucs féministes » qui ont osé s'en prendre à la violence de certains hommes dont Bertrand Cantat.
La complainte du chanteur ne s'arrête pas là. Il compatit avec tous ceux qui sont enfermés parce que « un jour, dans leur vie, ils ont eu un accident, ils ont pété les plombs, ils ont dépassé la norme. Pour quelques minutes de leur vie, ils gâchent le reste », ces gens qui « ne sont pas des criminels mais qui, pour une raison ou une autre, le deviennent ».

Triste monde, où on laisse, sur une radio sérieuse et à une heure de grande écoute, un chanteur plaindre un bourreau qui a frappé sa femme et l'a laissée agoniser sans lui porter assistance. Le meurtrier a « seulement » commis un crime sexiste. S'il avait commis un crime raciste, antisémite ou pédophile, aurait-on écouté sans sourciller le chanteur prendre sa défense ?

Sylvie Debras, 26 octobre 2005
Gaby
 
Message(s) : 401
Inscription : 27 Fév 2004, 10:53

Message par Vérié » 16 Oct 2007, 17:53

[QUOTE=Gaby,mardi 16 octobre 2007 à 18:48] Article de Florence Montreynaud d'il y a quelques semaines :
http://encorefeministes.free.fr/cantat.php3

[QUOTE=Montreynaud]La prochaine sortie de prison de Bertrand Cantat, meurtrier de Marie Trintignant, est l'occasion de demander aux pouvoirs publics français de prévenir la récidive en prévoyant des mesures d'encadrement et de rééducation des conjoints agresseurs.

[/QUOTE]
Précision : Bertrand Cantat a été condamné à suivre une thérapie et il est sous controle judiciaire.
Vérié
 
Message(s) : 0
Inscription : 08 Sep 2007, 08:21

Message par Sterd » 16 Oct 2007, 17:53

(Vérié @ mardi 16 octobre 2007 à 18:50 a écrit : J'ai l'impression que certains raisonnent comme ces super-réacs-sécuritaires qui n'arretent pas de dire : "Il faut penser aux victimes au lieu de penser aux prisonniers."
Tant pis, je serais un super réac sécuritaire.

Ce que je vois moi, c'est que dans le cadre de crimes sexistes les bourreaux semblent a certains camarades bien plus excusable que dans le cadre de crimes racistes. C'est bien dommage.
Sterd
 
Message(s) : 0
Inscription : 27 Nov 2005, 20:51

PrécédentSuivant

Retour vers Tribune libre

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité