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Message Publié : 22 Fév 2003, 10:12
par Screw
Cet article me laisse songeur mais je suis peut-être un affreux gauchiste!
a écrit :Bicentenaire
Pas de Panthéon pour Berlioz !

Le bicentenaire de la naissance de Berlioz conduit certains à demander le transfert de ses cendres au Panthéon. Cela serait un non-sens puisque le musicien n'a pas hésité à soutenir le roi Louis Philippe contre l'instauration de la IIe République.
La célébration du bicentenaire de la naissance du plus grand musicien français du XIXe siècle est l'un des événements culturels de l'année 2003. Cette commémoration ne doit pourtant pas conduire à transférer ses cendres au Panthéon.
C'est cependant le projet d'un certain nombre de personnes regroupées autour de l'académicien Pierre-Jean Rémy, qui rêvent d'une cérémonie officielle au temple de la République lors de la prochaine fête de la musique, le 21 juin. Un tel transfert serait un pur scandale. Berlioz, musicien opposé de son temps à la République, ne le mérite assurément pas.
Qui est Berlioz ? Né à La Côte-Saint-André (Isère) le 11 décembre 1803, fils d'un médecin, Hector Berlioz arrive à Paris en 1821 pour commencer des études de médecine. Sa passion pour la musique le conduit à changer de vocation et à suivre des études de composition au conservatoire, en vivant de manière précaire.

Un musicien fougueux

Il obtient la consécration en 1830 en recevant la plus haute récompense musicale, le prix de Rome, et en faisant jouer avec succès une oeuvre majeure, la Symphonie fantastique. Cette symphonie autobiographique traduit sa déception amoureuse concernant une comédienne anglaise qu'il parvient pourtant à épouser en 1833. C'est à Paris que Berlioz passe la majeure partie de sa carrière et qu'il subit souvent l'hostilité du milieu musical et du public. Son opéra, Benvenuto Cellini (1838), et sa légende dramatique, La Damnation de Faust (1846), sont des échecs cinglants. Berlioz est contraint de gagner sa vie comme critique musical et de faire à plusieurs reprises des tournées en Europe pour payer ses dettes. Ses exigences musicales le conduisent à affirmer vigoureusement ses choix et à critiquer la médiocrité des goûts musicaux du public. Son caractère impétueux est éprouvant pour sa famille. Il se brouille avec son épouse, qu'il quitte pour une cantatrice qu'il épousera une fois devenu veuf, puis, plus tard, avec son fils Louis.
Devenu membre de l'Institut en 1856, Berlioz ne parvient pas à imposer son dernier opéra, Les Troyens (1863). Ses dernières années sont assombries par la maladie, la solitude et le chagrin (mort de sa seconde épouse et de son fils). Il meurt à Paris le 8 mars 1869.

Une oeuvre prodigieuse

Berlioz est le seul compositeur français à participer pleinement au mouvement romantique. Son refus de l'académisme l'amène à renouveller totalement les formes musicales. Il transforme la symphonie en une oeuvre narrative, fondée sur une histoire. La Symphonie fantastique est l'exemple parfait de ce style théâtral nommé "musique à programme". Dans sa symphonie Roméo et Juliette (1839), il intègre les voix à la symphonie en reprenant des passages de la pièce de Shakespeare.
L'apport de Berlioz est également considérable dans le domaine de l'orchestre, qu'il élargit à de nouveaux instruments. Ses oeuvres sont totalement nouvelles sur le plan sonore. La recherche de l'expression de l'instrument soliste et de la masse orchestrale donne lieu à la rédaction d'un Traité d'instrumentation dans lequel Berlioz définit la composition de l'orchestre idéal : 467 musiciens, 360 choristes !
Ce goût de l'organisation et du gigantisme fait aussi de Berlioz le musicien de l'ère industrielle, alors en plein essor. On lui doit d'être le premier compositeur à avoir conçu des oeuvres musicales pour une foule et à avoir défini la salle de concert comme le lieu d'un espace sonore susceptible de créer des effets particuliers. La disposition des trombones de part et d'autre de la salle de concert, pour les sonneries terrifiantes annonçant le jugement dernier dans le Requiem, en est l'un des plus beaux exemples.

Un compositeur antirépublicain

Progressiste en art, Berlioz est effroyablement conservateur en politique. Sa participation à la révolution de 1830 l'amène à soutenir le roi Louis-Philippe. Il obtient d'ailleurs des commandes du régime : le Requiem, dédié aux soldats français disparus lors de la prise de la ville de Constantine en 1837, et la Symphonie funèbre et triomphale en 1840. En 1848, il s'effraie de la révolution qui chasse Louis-Philippe et instaure la IIe République. Il ne cesse de faire des remarques acerbes dans ses mémoires et sa correspondance contre la République. En 1851, il s'empresse de féliciter le futur Napoléon III pour son coup d'Etat qui la renverse ! Berlioz n'a donc rien à faire dans un Panthéon destiné aux "grands républicains".
La célébration du génie de Berlioz doit nous conduire à voir les faiblesses de l'homme et à refuser toute confusion réactionnaire entre l'artistique et le politique. Il faut donc être particulièrement vigilant face à l'opération qui se prépare. Berlioz a déjà sa place au Panthéon des artistes : cela lui suffit.

Jean-Marie Jacono.

Rouge 2005 20/02/2003

Message Publié : 22 Fév 2003, 10:23
par EZRAROX
Bonjour,

L'article de Rouge recopié par screw est trés interressant pour ceux qui comme moi ne connaisse rien à Berlioz. Merci Screw.

Est-ce à Rouge de décider qui doit ou ne doit pas entrer au Panthéon?
C'est un choix qui, sans aucun doute, vous l'avez bien compris j'espère...est plus que vitale pour la classe ouvrière!

Message Publié : 22 Fév 2003, 11:04
par com_71
(rouge @ . a écrit : Berlioz n'a donc rien à faire dans un Panthéon destiné aux "grands républicains".

J'ai lu que certains pensaient à y faire rentrer G.Sand.
Nos camarades ont raison de tirer la sonnette d'alarme, il faut laisser une place libre pour JC

Message Publié : 24 Fév 2003, 15:06
par pelon
(Screw @ samedi 22 février 2003 à 10:12 a écrit :Berlioz n'a donc rien à faire dans un Panthéon destiné aux "grands républicains".

Qu'est ce que des révolutionnaires ont à faire de qui rentre ou pas au Panthéon. L'auteur aurait pu se contenter de la partie biographie qui n'est pas si mal.
Comme "grand républicain", je propose Jules Ferry grand colonisateur et qui devrait être jugé, puique c'est à la mode, pour crimes contre l'Humanité. On peut donc, n'en déplaise à Jocono, avoir toutes les qualités requises pour le Panthéon et le TPI (si ce dernier n'était pas un lieu de mascarades comme toutes les organisations de ce genre créées par l'impérialisme : ONU ...).

Message Publié : 24 Fév 2003, 16:41
par tristana
(pelon @ lundi 24 février 2003 à 16:06 a écrit :
(Screw @ samedi 22 février 2003 à 10:12 a écrit :Berlioz n'a donc rien à faire dans un Panthéon destiné aux "grands républicains".

Qu'est ce que des révolutionnaires ont à faire de qui rentre ou pas au Panthéon. L'auteur aurait pu se contenter de la partie biographie qui n'est pas si mal.
Comme "grand républicain", je propose Jules Ferry grand colonisateur et qui devrait être jugé, puique c'est à la mode, pour crimes contre l'Humanité. On peut donc, n'en déplaise à Jocono, avoir toutes les qualités requises pour le Panthéon et le TPI (si ce dernier n'était pas un lieu de mascarades comme toutes les organisations de ce genre créées par l'impérialisme : ONU ...).

Cet article vise à montrer les contradictions et les dérives de la bourgeoisie qui est prête à faire rentrer au Panthéon de grands "antirépublicains".

Message Publié : 24 Fév 2003, 16:54
par pelon
(tristana @ lundi 24 février 2003 à 16:41 a écrit :
Cet article vise à montrer les contradictions et les dérives de la bourgeoisie qui est prête à faire rentrer au Panthéon de grands "antirépublicains".

Si tu pouvais dire vrai. Malheureusement, la tonalité de l'article, bien écrit pourtant, n'indique absolumment pas cela.