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Message Publié : 04 Nov 2005, 23:01
par Valiere
LA PRESENCE ASSOCIATIVE LAIQUE DANS LES QUARTIERS

C’EST POSSIBLE ET SURTOUT INDISPENSABLE !


Les apprentis sorciers jouent avec le feu, qu’il s’agisse de certaines forces politico-religieuses qui s’appuient sur une misère et une ghettoïsation pour souffler sur des braises, que ce soit Sarkozy qui insulte les jeunes et les populations issus des quartiers dits sensibles pour se faire une santé....
Les premiers savent récupérer la mise en jouant les « apaiseurs » après la bataille, « médiateurs » devenus incontournables quant au cow boy national, toute cette crise joue en sa faveur puisqu’elle permet de montrer sa pugnacité à l’extrême droite courtisée .
Villepin peut toujours rappeler la fermeté de son gouvernement qui veut instaurer un « état de droit » sur tout le territoire, si aucune action sociale et politique n’est menée en profondeur, les mêmes maux conduiront dans d’autres lieux aux mêmes explosions avec rancœur et manipulation dans un mélange explosif.
Il n’est pas question de minimiser la gravité des événements et faire de l’angélisme : la loi doit s’appliquer, les responsables de ces exactions doivent être poursuivis et tous les tabous doivent être levés.
Une enquête sérieuse doit permettre de déterminer les responsabilités des uns comme des autres, y compris de certains policiers s’il s’avérait que l’attitude peu professionnelle de certains ait conduit à des « actes répréhensibles »... Personne ne doit être au-dessus des lois
Ceci étant dit et rappelé, il faudrait essayer de comprendre une situation au lieu d’attendre que la fièvre retombe ou faire de la surenchère en évoquant un climat d’insurrection !

Beaucoup d’ habitants de ces cités dits sensibles, notamment les acteurs associatifs sont étonnés que cela ne « pète » pas plus souvent dans leurs propres quartiers ! Ce qui explique leur profonde inquiétude.

Inlassablement et ceci depuis plusieurs années, bénévoles et professionnels ont alerté les pouvoirs publics.
Aucun responsable politique n’ignorait que la situation se dégradait un peu plus chaque jour pour devenir explosive.

Depuis un quart de siècle les dispositifs dits de politique de la ville se sont succédés, multipliant les effets d’annonce et des mesures n’assurant qu’une réparation partielle et fragile.

Faut-il répéter l’évidence : ces quartiers cumulent tous les handicaps : un habitat délabré avec une concentration phénoménale, une population en grande difficulté sociale, l’absence de mixité sociale, une pauvreté des équipements et un réel apartheid urbain avec l’existence de deux villes : le centre et la périphérie...

Voilà pour la toile de fond.... avec en plus, en « prime » un délitement du tissu social et une politique locale incohérente.

Dans de nombreuses villes, les quartiers sont devenus de véritables déserts associatifs :

Les partis de gauche ont quitté ces zones oubliant que la citoyenneté au quotidien se construit avec les habitants.
De nombreux militants politiques se contentent de leur réunion de section ou de cellule oubliant que l’essentiel réside dans l’action quotidienne avec la population dans le cadre du réseau associatif

Les associations de locataires, de solidarité ou de consommation ne sont plus que des coquilles vides quand elles existent encore sur le papier.

Dans de nombreuses villes la politique enfance jeunesse s’est construite à la petite semaine : dans telle localité la municipalité a pris des jeunes déstructurés pour en faire des animateurs et dans telle autre elle laisse tout en friche.
Il existe heureusement quelques exceptions, des municipalités faisant de la présence des services publics au plus près des habitants une priorité et des municipalités ayant une orientation éducative claire et efficace....
Mais ce ne sont que là que quelques îlots se défendant vaille que vaille car il ne faut pas oublier qu’avec la décentralisation, les responsabilités des collectivités territoriales croissent alors que les moyens financiers stagnent, ou pire encore diminuent !

La politique ayant horreur du vide, ce sont les intégristes qui occupent le terrain, conduisant hier de nombreux jeunes à se détourner de la loi et de la République et récupérant aujourd’hui l’émotion de toute une population après des soirées de violences...
C’est ainsi que l’on a vu des religieux prendre la tête de manifestations silencieuses, profitant de la situation pour engranger pour l’avenir.
Ils veulent contrôler la jeunesse et l’enfermer dans le communautarisme.

Il faut que les mouvements laïques d’éducation populaire, familiaux, de solidarité ou culturels se mobilisent pour qu’enfin un grand débat sans tabou ait lieu avec les acteurs et les habitants sur les solutions durables à promouvoir.

Il n’existe aucune baguette magique mais des pistes de transformation :

- une réelle mixité sociale dans la ville et entre les villes
La commission « familles, pauvreté, précarité » qui s’était réunie au début de l’année avait formulé de nombreuses propositions comme celle de renforcement de la loi de solidarité urbaine... Il s’agissait d’augmenter très sensiblement l’amende que doivent verser les villes ayant moins de 20% de logements sociaux et de faire paraître cette contribution sur les feuilles d’impôts afin que les citoyens voient le prix que leur fait payer leurs municipalités....
Malheureusement ce rapport « Hirsh », du nom du président de la commission, n’a même pas été étudiée au moment de la conférence de la famille....

- un renouvellement urbain ce qui suppose des démolitions d’immeubles vétustes et la construction d’habitats diversifiés

- une présence des services publics dans tous les quartiers

- une politique enfance cohérente qui rende les jeunes acteurs c’est à dire disposant de droits et de devoirs

- une politique de lutte contre la misère avec un relèvement des minima sociaux, un accompagnement des familles en difficulté et une politique de l’emploi

- un soutien aux associations locales laïques. La baisse drastique des subventions publiques a conduit nombre d’associations à disparaître ou à réduire leurs activités

- des peines de prison très lourdes contre toutes les discriminations au logement, aux loisirs, à l’embauche selon qu’on s’appelle Jean-Pierre ou Mustapha.

Ce ne sont là que quelques propositions parmi d’autres...
Cette politique de transformation sociale n’est possible que si les différentes associations réinvestissent les quartiers et se mobilisent ensemble contre la ghettoïsation et la démagogie pour faire enfin ouvrir des perspectives républicaines et citoyennes.

Valière

Message Publié : 05 Nov 2005, 10:41
par Crockette
Mais Valières comprendras tu une fois pour toute que c'est pas les associations qui résoudront le mal être ds les cités ?

Ptêtre qu'avoir plus d'éducateurs et d'animateurs, je pense que ça aide plus que la police.

Mais les vrais racines, tu penses pas que c'est des taux de chomage qui avoisinent les 40% ds ces quartiers?

La France a t-elle encore une politique industrielle digne de celle des années 60 ? Non.

Le marché de l'emploi est saturé et même des français à bac plus 5 sont inscrits à l'ANPE. C'est dire que des gens d'origine étrangères même diplomés avec toutes les ségrégations implicites dont ils sont victimes (on a même proposé de faire des cv anonymes), ils ont quoi comme perspective ?

En France aujourdh'ui même en donant du fric aux associatiosn, si t'es noir, peu diplomé, et t'habites ds une cité, t'as aucune chance d'avenir, c'est ça la loi de la jungle instaurée par le medef.

Message Publié : 05 Nov 2005, 15:06
par Puig Antich
T'es sûr que tu vas convaincre la jeunesse de la justesse des idées révolutionnaires en lui disant de respecter les lois de la république valière ?

Message Publié : 06 Nov 2005, 11:31
par Valiere
L'absence d'intervention politique dans les quartiers de la part au moins du PS et du PC c'est réel....
Voici une autre réflexion complémentaire personnelle qui s'appuie sur ma connaissance non livresque des quartiers

L’ECLATEMENT DU TISSU SOCIAL ...
CONSEQUENCE D’UNE POLITIQUE DELIBEREE


Le gouvernement peut multiplier déclarations et communiqués, il n’arrivera pas à masquer ses insuffisances et sa politique qui vise à étrangler les associations d’éducation populaire, pas seulement les grandes fédérations mais aussi et surtout les associations locales qui tissent du lien social...
Côté cour, Chirac, Villepin et Borloo vantent le mérite des acteurs locaux et côté jardin, les crédits concentrés et déconcentrés alloués à la politique de la ville et à la jeunesse sont réduits...
Certaines associations plient bagages ou réduisent leurs activités.
Cette situation est intolérable et inadmissible, seule la mobilisation unitaire de tous les mouvements d’éducation populaire et des syndicats et associations peut faire échec à cette casse délibérée


De nombreuses associations fondées à la libération par le Parti Communiste et intervenant dans les quartiers populaires ont périclité ou même disparu...
D’autres animées par des socialistes ont connu le même sort notamment à la fin des années 70 quand les succès électoraux les ont conduits vers d’autres responsabilités.
Ce n’était pas inéluctable. Cet aveuglement a eu des conséquences pour les populations et pour les responsables politiques eux mêmes perdant réseaux et crédibilité.
Le défi social et démocratique qu’il faut relever consiste à retisser le lien distendu entre les habitants des cités et le mouvement ouvrier, toutes organisations confondues
D’autres associations locales ont pris le relais, partiellement , délaissant certains secteurs devenus sinistrés comme la défense des locataires.
Ces associations ont réussi dans de nombreuses cités à développer des animations et à créer des solidarités entre habitants et entre génération.
On pourrait citer des dizaines d’exemples d’initiatives réellement citoyennes permettant aux habitants d’être des acteurs et non des consommateurs...
Qu’il s’agisse des femmes relais établissant de la médiation sociale, de telle ferme pédagogique proposant aux habitants de prendre en charge des ateliers ou de telle mission locale mettant en place avec les jeunes des quartiers de réels projets....

La politique ayant horreur du vide, des associations religieuses et sectes de tout ordre ont pris le relais dans certaines villes, disposant parfois d’un soutien institutionnel de la part de pouvoirs publics achetant la paix civile...Cet aveuglement a un coût, ces groupes islamistes ou chrétiens, sous prétexte d’aides aux devoirs enferment une partie de la population et de la jeunesse dans le communautarisme

Pour empêcher cette manipulation réactionnaire avec des conséquences prévisibles comme le rejet des principes d’égalité républicaine, il est indispensable que l’Etat et les collectivités territoriales développent les services publics de proximité et apportent un soutien financier aux associations laïques d’éducation populaire, tissant du lien social dans le cadre d’une citoyenneté républicaine ;

Aujourd’hui beaucoup d’associations rencontrent des difficultés énormes, insurmontables même.

Les crédits politique de la ville sont gelés, ceux versés par les directions départementales jeunesse et sports ont fondu comme neige au soleil...
Cette crise , conséquence de la politique gouvernementale a mené de nombreux militants au découragement ou à la réduction d’activités.
Les grandes fédérations et réseaux sont touchés de plein fouet par cette baisse drastique des subventions, c’est un fait , certaines tiennent le coup difficilement, d’autres se replient sur des secteurs moins dépensiers voire marchands....
La situation de ces mouvements à dimension nationale est préoccupante, celle des associations locales est dramatique

Tisser du lien social et faire des habitants des cités de véritables acteurs exigent une volonté politique et des moyens à la hauteur des enjeux sociaux et démocratiques
On peut toujours augmenter le nombre de policiers intervenant dans les cités comme le fait Sarkozy oubliant par là même d’assurer à ces personnels une formation professionnelle, on ne fera que renforcer le volant sécuritaire mais à quel prix !
Aujourd’hui même les juges estiment à juste titre que la priorité doit être donnée à la prévention sociale.
Depuis plusieurs semaines, les mouvements d’éducation populaire alertent la population et les décideurs politiques locaux des conséquences prévisibles d’une politique irresponsable visant à priver les associations de subventions....
Ils ne sont plus les seuls à s’inquiéter.
Des principaux de collèges qui ont inscrit leurs établissements dans le dispositif « écoles ouvertes » viennent d’apprendre qu’il n’y a plus de crédits disponibles....
Ces « dispositifs » avaient le mérite d’offrir durant les vacances scolaires à des adolescents un espace éducatif ludique.... Certains peuvent reprocher à ces « écoles » de se substituer aux services jeunesse des villes en oubliant que bien souvent les lieux d’accueils et d’animation sont peu nombreux dans les communes fortement urbanisées et que là il s’agit d’utiliser des locaux existants et de bâtir un projet partagé...

Toutes les bonnes volontés risquent demain de se décourager alors que l’actualité montre qu’il est urgent de construire ou de consolider du lien social.
La politique gouvernementale à courte vue ne peut qu’engendrer une dégradation sociale au détriment des populations les plus pauvres et vulnérables.
Il nous faut, tous ensemble nous mobiliser contre la casse sociale et associative...La manifestation nationale du 19 novembre doit être un temps fort.
La défense des services publics et celle des associations assurant une mission de service publique sont liées.

Valière

Message Publié : 06 Nov 2005, 21:01
par jpslssb
slt moi je pense que de toute facon toutes religions telles qu'elles soient ne doit pas s'imicer dans la vie politique ou associative me devrait rester dans son secteur spirituel !!!!!!!!!!!!!!!!!!

Message Publié : 10 Nov 2005, 18:31
par Valiere
Ce qui suppose aucune subvention publique et la présence physique et militante d'associations d'éducation populaire laïques