a écrit :La langue bretonne de moins en moins parlée, malgré l'effort de formation
il y a 9 heures 38 min
Déborah CLAUDE
Enquête après enquête, la baisse du nombre de locuteurs en breton se confirme, la disparition des anciens ayant appris la langue en famille n'étant pas suffisamment compensée par l'arrivée des jeunes formés à l'école bilingue.
Selon un sondage réalisé par l'institut TMO et dont les résultats ont été publiés cette semaine à Rennes, 172.000 personnes parlent actuellement le breton contre 246.000 il y a dix ans, lors du dernier sondage.
"Nous avons perdu 80.000 locuteurs pour cause de décès et gagné seulement 9.000 nouveaux locuteurs", explique Fanch Broudic, auteur de "Parler breton au XXIe siècle", ouvrage qui rassemble et analyse les résultats de cette étude.
Selon les projections, dans dix ans, le nombre de locuteurs serait de 122.000, poursuit-il, soulignant que l'expression à la mode est "la hantise de la disparition du breton".
"On sait que le nombre de locuteurs diminue et va continuer à descendre, c'est mathématique", confirme Philippe Jacq, directeur de l'Office culturel de la langue bretonne, fondé par la région avec le soutien de l'Etat pour promouvoir la pratique du breton.
Grâce aux écoles bilingues Diwan, qui ont fêté leur trente ans en 2007, "nous avons de nouveau des jeunes qui parlent le breton", se félicite M. Jacq.
Mais les 12.000 élèves recensés dans les écoles bilingues sont en deçà de l'objectif de 20.000 pour la rentrée 2010, fixé par le conseil régional de Bretagne.
Globalement, 1,4% des élèves suivent une filière bilingue en Bretagne contre plus de 30% au pays basque, selon l'Office.
Pour les défenseurs du breton, le seul salut de cette langue, classée en danger d'extinction par l'Unesco, passe par les politiques publiques et la formation.
"Tout ce qui a été fait aujourd'hui a été porté par le mouvement associatif, mais il n'arrivera pas par lui seul à sauver la langue", explique M. Jacq. Il estime notamment qu'il faut "ouvrir 20 à 30 écoles par an".
Le Conseil régional de Bretagne a décidé de renforcer le système de bourses pour les futurs candidats aux concours d'enseignements bilingues, en considérant que "le manque d'enseignants formés est un obstacle" au développement de ces filières.
Il s'agit notamment de 40 bourses de 5.000 euros par an.
Motif d'espoir pour M. Jacq, les jeunes qui parlent breton "sont bien dans leurs baskets avec leur langue, ce n'est plus une punition".
"Avant on parlait breton, parce qu'on était né dedans, comme Obélix", alors qu'aujourd'hui les jeunes locuteurs "consomment des produits culturels, sont dynamiques, vont sur internet et les blogs en breton".
200.000 bretonnants "ce n'est pas un chiffre insignifiant et le breton se parle toujours" même si c'est occasionnel, insiste de son côté Fanch Broudic.
Selon le sondage TMO, seulement 35.000 personnes parlent le breton tous les jours. Parmi les bretonnants, 62% affirment savoir lire le breton, 37% disent pouvoir écrire le breton, tandis que 5% vont sur des sites en breton. Le profil type est une femme de plus de 60 ans habitant le Finistère.
Mais si le breton est de moins en moins parlé, les Bretons lui restent attachés: en janvier dernier, des propos d'un responsable de La Poste sur les difficultés des nouvelles machines de tri du courrier à lire les apostrophes bretonnes (Aber Wrac'h par exemple) ont suscité un véritable tollé.