("AFP" a écrit :Port du voile : de vives réactions au discours d'Obama
Jeudi au Caire, le président américain a défendu le port du voile pour les musulmanes en Occident, prenant le contre-pied de la France où le voile est interdit en France dans les écoles publiques par une loi de 15 mars 2004 sur la laïcité. Par trois fois dans son discours, Barack Obama a critiqué le fait qu'un pays occidental «dicte les vêtements» qu'une musulmane «doit porter».
Des propos qui ont suscité de vives réactions en France, où le président américain est arrivé vendredi soir, de la part de deux associations pour le droit des femmes. «Quelle gifle donnée aux femmes d'Algérie, d'Iran ou d'Afghanistan qui sont mortes dans des conditions atroces pour avoir refusé de porter ce qu'elles croyaient être le signe le plus radical de l'oppression des femmes et de la ségrégation entre les hommes et les femmes», s'insurge Anne Sugier, la présidente de la Ligue du Droit international des femmes. «Le voile n'est pas un signe religieux comme les autres. Affirmer qu'on le porte volontairement n'en efface pas le sens humiliant pour toutes les femmes», insiste-t-elle.
Ni Putes Ni Soumises demande à Sarkozy d'intervenir auprès d'Obama
Ni Putes Ni Soumises n'est pas en reste. Dans un communiqué, l'association estime aussi que les propos du président américain ont «mis à mal le combat de millions de femmes» qui luttent contre «la violence des fondamentalistes». «En attaquant la laïcité et en défendant le port du voile, Obama part en croisade contre les femmes (...). Il nous réduit ainsi toutes au silence», ajoute le mouvement pour qui «réduire le dialogue des civilisations à un dialogue inter-religieux, c'est encore une fois instrumentaliser les femmes». Ni Putes Ni Soumises demande d'ailleurs à Nicolas Sarkozy de «réaffirmer la laïcité comme vecteur d'émancipation des femmes» lors de la visite de Barack Obama.
La France «ne se sent pas particulièrement concernée»
Au Quai d'Orsay, la réaction peut surprendre. La France, qui interdit le port du foulard islamique dans les écoles publiques, «ne se sent pas particulièrement concernée par cet élément particulier du discours (car) nous respectons tout à fait la liberté de culte, la liberté vestimentaire», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Eric Chevallier. Toutefois, il a nuancé :«Il y a un espace, lié à notre histoire, à la Constitution française et au fonctionnement de la France, pour lequel nous considérons que la neutralité doit s'appliquer», précisant qu'à l'école «primaire et secondaire publique», «il est demandé qu'il n'y ait pas de signe ostensible, visible de manifestations de l'adhésion à une religion ou à une autre».