CITATION 16 % des ménages ayant souscrit au moins un emprunt sont surendettés
LE MONDE | 02.09.03 | 12h49
Une étude du ministère du travail dresse le profil de ces familles
Les ménages qui s'endettent sont jeunes, titulaires d'un emploi et jouissent d'un niveau de vie élevé. Ceux qui sont en situation de surendettement se recrutent dans les tranches d'âge inférieures à 50 ans ; eux aussi ont, le plus souvent, une activité professionnelle mais leurs conditions d'existence sont, en revanche, moins favorables. C'est ce que montre une étude des services du ministère du travail publiée en août et réalisée à partir de "l'enquête patrimoine" de l'Insee conduite entre octobre 1997 et janvier 1998.
Portant sur environ 23,7 millions de ménages, cette étude met en évidence les "caractéristiques différentes" entre endettés et surendettés. Il y a cinq ans et demi, quelque 9,84 millions de ménages avaient souscrit au moins un crédit, un emprunt ou un leasing pour satisfaire des besoins domestiques. 16 % d'entre eux - soit 1,542 million de ménages - étaient surendettés, c'est-à-dire qu'ils consacraient au moins 30 % de leurs revenus au remboursement de leurs dettes, selon la définition retenue par les services du ministère du travail.
Ce chiffre est nettement supérieur au nombre de dossiers déposés en commissions de surendettement. Instituées par la loi Neiertz du 31 décembre 1989 pour épauler les particuliers "de bonne foi" qui sont dans "l'impossibilité manifeste (...) de faire face à l'ensemble de leurs dettes non professionnelles", celles-ci ont traité un peu plus d'un million de demandes entre 1990 et 2001.
Mais il s'agit là de données cumulées sur une décennie, qui englobent les personnes ayant sollicité à plusieurs reprises ces dites commissions. Les statistiques sur le surendettement du ministère du travail portent, elles, sur une population sans doute plus large : une famille peut, en effet, très bien affecter 30 % de ses ressources au paiement de ses dettes sans pour autant requérir l'aide d'une commission de surendettement.
"NIVEAU DE REMBOURSEMENT"
Fin 1997, début 1998, les ménages surendettés - au sens du ministère du travail - affichaient une dette moyenne de 45 700 euros. 46 % d'entre eux étaient employés ou ouvriers. Dans plus de huit cas sur dix, la personne de référence au sein de la famille travaillait.Toutefois, la proportion de ménages dont l'un des membres avait perdu son emploi au cours de l'année atteignait près de 10 %.
"Les ménages qui cumulent dettes immobilières et autres types d'emprunt -pour des besoins de trésorerie ou d'équipement- représentent 44 % des surendettés alors qu'ils ne sont que 19 % de l'ensemble des ménages endettés (...) ", poursuit l'étude. Le surendettement semble donc être surtout le fait de familles qui ont multiplié crédits et emprunts de nature diverse. Près d'un tiers d'entre elles, par exemple, avaient sollicité au moins deux prêts pour couvrir des "besoins non immobiliers" ; 14 % déclaraient rembourser un crédit revolving au moment de l'enquête.
Dans près de la moitié des cas, les surendettés ont du mal à honorer leurs charges (loyers, impôts...). De telles difficultés financières s'étalent sur plusieurs années pour "la grande majorité de ces ménages", ajoute l'étude du ministère du travail. "La raison principale (...) est un niveau trop élevé de remboursement des emprunts", mais le poids des charges courantes est également avancé comme explication par près d'un surendetté sur quatre.
Bertrand Bissuel
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 03.09.03[/quote]