Vos projets de réforme linguistique

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Gaby » 19 Nov 2011, 10:50

(Casimirowski @ lundi 14 novembre 2011 à 20:36 a écrit : Je n'ai pas lu toutes les propositions, je vais donc donner mon opinion. Comme pour d'autres langues, je souhaiterais que le Français écrit se rapproche le plus possible de la langue orale; ça se ferait bien sûr avec la participation de linguistes compétents et favorable à cette ®évolution. Ca aurait pour conséquence le déclin ou la disparition de l'orthographe et donc du temps gagner pour l'étude et la compréhension du monde.
Tu n'en trouveras pas. Les linguistes ne décident pas de la langue française (dieu merci, fantasme totalitaire), ils expliquent ses logiques, son fonctionnement, etc.
Gaby
 
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Message par Zelda » 19 Nov 2011, 11:07

Gaby, d'aucuns disent que le communisme est un "fantasme totalitaire"... C'est pourquoi je leur laisse ce vocabulaire. Avec certains, je ne parle pas de toi, dès qu'on se prend à imaginer une société meilleure, on est de sombres totalitaires délirants. Ceux-là doivent imaginer que "ce qui est doit être" et est écrit dans le grand livre là-haut, et que "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes".
Zelda
 
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Message par Gaby » 19 Nov 2011, 11:20

Oui, je comprends mais il n'y a pas qu'eux. Victor Serge a beaucoup employé le concept par exemple. L'idée recouvre quand même une réalité, la description de régimes qui pensent que tout doit se décider par en haut, sans la participation, même factice, des masses. J'aurais pu mettre "autoritaire" dans cette discussion, ça n'a pas beaucoup d'importance. Ce que je pense au fond, c'est que l'orthographe et la grammaire ne doivent justement pas leur complexité à l'invention de règles par un lunatique, comme s'imagine le jeune dont ianovka parle, mais que ces complications découlent d'une histoire avec ses logiques, et que se dire partisan d'une évolution d'une "grammaire déduite de l'oral", c'est courir le risque d'appauvrir la langue (déjà dit par Matrok et d'autres, il y a un intérêt aux consonnes silencieuses dans une langue aussi genrée que le français, et on ne décrétera pas son abolition). Ce n'est pas difficile de l'apprendre, ce n'est pas impossible, c'est juste que nous ne donnons pas les moyens à la jeunesse de s'en sortir. La jeunesse bourgeoise a de plus grands facilités parce que c'est sa culture qui est valorisée, et de plus importantes ressources, et s'il n'y a pas de dialecte meilleur qu'un autre (selon les milieux et les régions, juste des parlers différents), on peut en tout cas penser que dans le contexte français, c'est bien le français des écrivains qui offre la meilleure possibilité de communiquer aux individus qui en parlent des dérivées. La linguistique ne sert pas à réformer la grammaire, mais à la comprendre.
Gaby
 
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Message par Zelda » 11 Déc 2011, 10:37

Un autre bon exemple

L'IMPÉRATIF présent DES VERBES RÉGULIERS DU PREMIER GROUPE (-ER)


Mange ta soupe ! (et non manges)

1) Tout le monde (ou presque) fait la faute (sur Internet par exemple).
2) Le 1 ne me troublerait pas trop si l'on pouvait expliquer à "tout le monde" pourquoi c'est une faute. Des règles logiques sont parfois contre-intuitives.

Si je me souviens bien, j'avais réussi à trouver cette explication quand j'avais gratté la logique de la grammaire française :

Le locuteur pèse de tout son poids dans l'impératif, qui est un ordre. Donc ce n'est pas "tu" le sujet, mais bien "je".
Ceci dit, cela reste tout de même absurde non, cette façon de se mélanger les pinceaux en permanence ?
Le destinataire de l'ordre, quelle que soit l'intention du locuteur, reste toujours un "tu" implicite !

3) Les personnes qui font "la faute", et qui ne peuvent jamais concevoir la raison logique de cette règle, continuent de faire la "faute" car ils n'acquièrent jamais la conviction que c'en est une... Apprendre des règles contre-logiques est un exercice peu sain.


edit :
Apparemment, je suis à côté de la plaque, il n'y a aucune justification à l'absence de s à l'impératif, si ce n'est... une survivance de ce latin que personne ne parle, ni n'entend aujourd'hui.

http://monsu.desiderio.free.fr/curiosites/imperatif.html
Zelda
 
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Message par Zelda » 11 Déc 2011, 10:58

J'aimerais (juste pour comparer les différences de niveau de réflexion entre les 2 langues) dire deux mots de la langue anglaise et des temps :

En anglais, on considère que deux temps sont réels :

Le passé et le présent.

De vrais temps donc inscrits sur le radical du verbe comme dans du marbre.

He saw her.
She likes him.

Quant au futur... ce n'est pas un temps. En effet, il n'est par définition pas réalisé !

Alors, c'est une modalité, porté par un outil dédié, l'auxiliaire modal, qui exprime toutes les nuances que l'on peut apposer à un verbe, sans l'écorner réellement. Bien sûr, il existe plein d'autres modalités, qui expriment plus le point de vue du locuteur (ses envies, ses craintes, ses intentions, ses convictions) et sont portées par l'outil dédié.

He can swim.
They will die.
It would be nice. (Tiens au passage, un souhait est une modalité future... au passé, bref, comme un parallèle souhaitable du présent).
You must stop smoking.

C'est pas beau la grammaire anglaise ? Une fois que l'on nous explique distinctement sa logique, c'est acquis. Foin des exceptions grammaticales, déclinaisons et autres plaisirs esthétiques de vieux barbon. C'est beau, une langue pragmatique. C'est d'ailleurs dans mon expérience d'élève, ce qui faisait défaut aux profs d'anglais, qui au lieu de partir d'une langue enfin logique, et de nous en extraire les grands principes, continuait à s'appuyer sur notre connaissance du français, malgré son peu de logique.

Quel élève français n'a pas trouvé absurde le present perfect anglais, juste parce qu'il tentait naïvement de faire un paralllèle avec le passé composé français, à qui il ressemble furieusement au premier abord ? J'en faisais partie, jusqu'à ce qu'un bon prof m'explique à 18 ans avec un bon exemple ce que j'aurais pu piger dès la sixième. Le present perfect est une nuance aspectuelle totalement absente du français.

- J'ai vu Toto.

- Bon et alors ? Tu me racontes ta vie ou bien, tu me dis ça parce qu'il y a une suite ?

1) Non, non, j'ai vu Toto, c'est tout.

2) Ben oui, il a drôlement grossi !

En anglais :

1) I saw Toto.

2) I've seen Toto (Le destinataire attend la suite, en tout cas, le locuteur est branché à la conversation courante, la fameuse "retombée sur le présent").
Zelda
 
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