Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par com_71 » 01 Avr 2019, 16:27

Cyrano a écrit :C'est que le 29 novembre 1967, paraissait le numéro 1 d'un Voix Ouvrière qui était devenu hebdomadaire ! Voilà la cause de l'effet. Car avant, c'était toute les deux semaines que ça paraissait.
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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par Cyrano » 01 Avr 2019, 17:36

Réactif, le com_71! Aussi réactif qu'avec la baisse tendancielle, c'est dire l"éclectisme du bonhomme.
!
Merci Gayraud de Mazars pour ton aimable appréciation. Mais merci aussi à toi de nous demander nos débuts: t'as eu une superbe idée. Dommage que pour le moment, ça manque encore de contributions.
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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par Gayraud de Mazars » 01 Avr 2019, 18:43

Salut camarade Cyrano !

Cyrano a écrit :Merci Gayraud de Mazars pour ton aimable appréciation. Mais merci aussi à toi de nous demander nos débuts: t'as eu une superbe idée. Dommage que pour le moment, ça manque encore de contributions.


Tu sais Cyrano, les contributions viendront bien... :roll:

J'ai aimé la tienne si vivante !

Moi aussi je viens d'un milieu ouvrier très pauvre, mon père ouvrier métallo fils de communistes espagnols, à l'usine Limousy à Albi, était à la cellule du PCF de l'entreprise comme mes oncles, il dit souvent être fier d'avoir voté Duclos en 1969 ! Ma mère très tôt orpheline était maitresse - auxiliaire de l'Education Nationale, et n'avait pas toujours du travail ! Ils vivaient chichement mes vieux, même pour acheter le pain c'était pas facile. Ma mère n'a pas eu d'activité politique, mais elle achetait régulièrement Informations Ouvrières à une collègue de boulot !

Son père était Roger Baysse, stalinien de choc, porion, mort au fond, secrétaire CGT des employés des mines de Carmaux, il avait quitté la JOC d'avant - guerre pour entrer en stalinisme, dans la guerre, avec cette même foi de résistant. Il était très patriote, et il l'aimait sa patrie, celle des travailleurs - L'Union Soviétique ! Ma grand - mère Reine Bousquet a été fidèle à son mari et à la CGT jusqu'au bout... Votant même parfois LCR, car c'était les plus rouges à Carmaux !

Du côté de mon père, mes grand - parents étaient aussi communistes, mais du PCE... la veille des élections ma grand - mère Angelès Cegarra - Benzal, appelaient la famille pour expliquer : "Es necesario votar a la izquierda de la izquierda, es necesario votar comunista"... Mon grand père Alfonso n'a jamais revu son Espagne mort en exil !

Lorsque à la mort de Franco nous sommes retournés en Espagne un moment m'avait très marqué ! Arrivé dans la famille, dont nous n'avions plus depuis 1938 , de relations suivies, tout le monde pleurait et ma grand mère alors a dit devant tout le monde : "No hemos olvidado nada de la derrota y el exilio, somos comunistas. ¡Los rojos están de vuelta en España y no hemos olvidado nada de nuestra República!"

Je n'aime pas les bourgeois, certains curés, les nostalgiques du socialisme dans un seul pays, les staliniens, les réactionnaires, les réformistes à la petite semaine, je hais les fascistes soldés...

J'aime bien les vieux cocos du PCF, ceux avec qui je milite au quotidien, prolos, trotskistes, militants, les obscurs, vivants, de la Lutte des Classes, les Révolutionnaires du monde entier, mes camarades de La Riposte, pour qui, l'Internationalisme, a un sens.

Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par Cyrano » 04 Avr 2019, 19:30

Dans Voix Ouvrière numéro du 20 décembre 1967 :
Je n'avais pas eu la berlue : y'avait de la pub de Voix Ouvrière dans Le Monde.
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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par Cyrano » 04 Avr 2019, 20:29

Tu vois, Gayraud de Mazars, je n'arriverai pas à trouver les raisons ou un évènement traumatisant pour expliquer pourquoi je me retrouvais en besoin de révolution. Ce n'était pas uniquement l'envie d'améliorer ma condition d'ouvrier, mais l'envie de bousculer, l'envie d'un grand changement – l'envie de mettre du romantisme et de la folie surréaliste dans nos vie.

Mais il y avait en 1967 et au début de 1968, une effervescence du monde étudiant et aussi du monde ouvrier, le fond de l'air était rouge (selon la forume de Chris marker, 10 ans plus tard). Les étudiants japonais de la Zengakuren affrontaient avec détermination la police japonaise. Et inversement, y'avait le Peace and Love, le mouvement Hippie aux Etats-Unis, les Elucubrations d'Antoine, un Nino Ferrer qui écrivait des chansons comme Picabia aurait pu le faire. Ce refus d'un «monde lourd comme un rideau à glands» (Raymond Borde) pénétrait aussi chez les jeunes ouvriers.

Je n'ai pas souvenir des grèves de mars 1967 à la Rhodiaceta, à Besançon, ni de la reprise éphémère de décembre 1967. Pourtant, la 2ème chaîne de la télévision française, l'ORTF, diffusera le mardi 5 mars 1968 (oui, 1968), le documentaire de Chris Marker sur les ouvriers de la Rhodia ayant participé à la grève, "A bientôt, j'espère". De quoi donner des idées à ceux qui bouillaient. Une soirée actualité qui commençait à… 20H05. On mangeait tôt à l'époque, il n'y avait que deux chaînes et les programmes se terminaient à 23H ou 23H35. Allez, au lit.

Mais je me souviens très bien de la grève des ouvriers de la Saviem à Caen et de quelques entreprises environnantes. On en avait beaucoup causé dans l'entreprise – et avec certains collègues d'usine on se disait que fallait faire comme ça et ne pas s'en laisser compter. Les soudeurs étaient tous jeunes et on avait papoté ensemble : les gars de Caen avaient bien fait de foutre sur la gueule des flics. Dans notre petite ville, ça échauffait aussi les têtes des meufs et des keums de Voix Ouvrière. Y'avait de quoi. Oui, y'avait quelque chose qui flottait. mais de là à penser que ça annonçait mai 68, y'a de la marge.
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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par Cyrano » 04 Avr 2019, 20:47

Cher camarade GdM, je vois que t'étais pas dans l'opulence, étant môme.
Moi, c'était un peu pareil - mais je ne le savais pas : avec un repas aux châtaignes, ou aux patates bouillies, j'étais très content. Et à l'école primaire que je fréquentais, on ne ressentait pas qui était riche, pauvre, puisque nos fournitures venaient d'une armoire aux trésors, là, dans le fond de la classe. Et j'avais un métier : j'étais enfant de chœur. Les pièces récupérées me payaient largement mes revues : Tintin, Pilote, Météor, Au Galop, etc. Je rends grâce à Dieu (?!) : notre curé était hétéro, oufff, j'ai donc échappé à je ne sais quoi (et ça jasait sur lui, d'ailleurs, il avait 30 ans, en pleine forme).

«Non à la société de consommation», ça va se crier. Bin, j'en avais pas l'impression chez moi, même si,dans l'usine je gagnais plus de deux fois le SMIG. – ça ne faisait pas vraiment de quoi consommer et gaspiller.
En fait, y'avait peu de smicards. Sur 15 millions de salariés, on avait 400.000 smicards (et 300.000 salariés agricoles). Avec 2,10 Francs de l'heure, ça payait pas grand-chose. Comme Voix Ouvrière coûtait 1 Franc, fallait bosser (avec un SMIG) une demi-heure pour se payer le journal hebdo. Aujourd'hui avec un SMIC à 8 € de l'heure, on doit bosser à peine 9 minutes pour se payer sa Lutte Ouvrière. Le monde coûtait 0,50 F le numéro mais aujourd'hui il coûte 2,80 € le numéro, la vache! et sans Beuve-Méry.

Je ne sais pas combien coûtait l'alimentation mais pour les produits divers, trop fastoche, j'ai le catalogue Manufrance imprimé durant le premier trimestre 1968. Pour pouvoir écouter les reporters en direct des futures barricades, fallait payer 90 F pour le radio-transistors le moins cher (1/4 de SMIG), quand même. Un tourne-disque tout simple avec haut-parleur minable dans le couvercle, c'est 180 F. Et la star des fantasmes, des envies, une télé, wouah! une télé c'est 950 F. Plus prosaïque, le moulin à légumes Julienne, vous savez avec une poignée qu'on tourne et ses ronds avec des trous, même que je fais encore ma purée avec, c'était 9,90 F. Fallait, au SMIG, bosser 4 heures! pour avoir l'engin. Alors, je ne sais pas qui que c'était qui faisait que c'était la société de consommation. Et ce n'est pas la consommation de pain qui y changeait grand-chose (une baguette : 0,45 Franc, soit 12 minutes de smicard, à la place de Voix Ouvrière on pouvait acheter 2 baguettes).

Et j'étais donc ouvrier (comme 6 actifs sur 10), sans véritable rébellion, plus lecteur de romans, de poésie que de textes incendiaires - jusqu'à ce que j'arrive presque à 21 ans pour trouver des gens qui voulaient vraiment révolutionner le monde. Comme Plestin l'écrit, sans véritable élément déclencheur. On ne savait pas que quelques mois plus tard, on allait être dans une sacrée ambiance. On sera même à donf dans l'ambiance!
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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par Cyrano » 04 Avr 2019, 21:01

Après avoir posté mon récit de mes débuts, y'a quelques jours, j'ai réalisé que j'avais oublié une anecdote de l'époque.

Il y avait un Cercle Léon Trosky prévu pour le lundi 6 mai 1968, à la Mutualité, à Paris : "Que se passe-t-il dans les démocraties populaires?". Ça, ça voulait dire prendre un bon de sortie pour quitter le boulot plus tôt, s'entasser à quatre dans la Dauphine, et hop, Parisss, ach so, Parisss. Depuis le 3 mai, Paris était devenu chaud comme une friteuse. Et par cet après-midi du lundi 6 mai il y avait des milliers de jeunes qui affrontaient la police dans le quartier latin. On entendait le récit des manifs et des charges de CRS dans la radio en allant vers Paris. Vous êtes déjà allé à Paris par la route nationale en Dauphine? C'était rendez-vous en durée de trajet inconnue.

Le soir, il y aura plus de 20.000 manifestants qui crieront «une dizaine d'enragés!». Le CLT fut malgré tout maintenu (ça fit mauvais genre, il parait) et on rejoindra la Mutu avec des avenues où il n'y avait plus que de sable, des grappes de CRS en manteau luisant partout. Un policier nous demande où on va les quatre, là. «On va prendre un pot, c'est tout». C'est bon, circulez, oufff, on se voyait déjà monter dans un car gratuit.
Durant le CLT, on entendait assourdi, le tumulte des manifestants et des grenades. C'est François Duburg qui était à la tribune. Je ne sais plus ce qu'il avait dit, mais il ajouta un truc genre «et pas des gamineries comme ce qu'on entend.» J'm'en souviens encore : ça ne m'avait pas plu.

Durant le retour, on ne parla pas du CLT, évidemment, y'avait d'autres sujets. Entre autres, les articles méprisables de l'Humanité. On ne s'attendait pas encore au tsunami gréviste. Et puis le mardi matin, hop, à la presse.
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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par com_71 » 04 Avr 2019, 21:11

Cyrano a écrit :...on rejoindra la Mutu avec des avenues où il n'y avait plus que du sable, des grappes de CRS en manteau luisant partout...


De la robustesse des témoignages tardifs... Il me semble bien que le 6 mai, pas un pavé n'avait encore été descellé... ??
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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par com_71 » 04 Avr 2019, 21:18

J'ai fait des recherches, visiblement c'est moi qui étais dans l'erreur...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Quand a débuté votre combat politique, pourquoi ?

Message par Byrrh » 05 Avr 2019, 07:24

Cyrano a écrit :Et j'avais un métier : j'étais enfant de chœur. Les pièces récupérées me payaient largement mes revues : Tintin, Pilote, Météor, Au Galop, etc. Je rends grâce à Dieu (?!) : notre curé était hétéro, oufff, j'ai donc échappé à je ne sais quoi (et ça jasait sur lui, d'ailleurs, il avait 30 ans, en pleine forme).

Pourquoi écrire ce genre de choses ? À notre époque, ce sont justement les réactionnaires catholiques qui, face aux scandales, font de tels amalgames.
Dernière édition par Byrrh le 05 Avr 2019, 07:26, édité 1 fois.
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