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Psychiatrie : Rêves

Message Publié : 14 Avr 2019, 12:26
par Zelda_Zbak
Bonjour.
Le sujet voisin, psychiatrie, n'aborde que les dysfonctionnements psychiatriques, car des divers dysfonctionnements naît la compréhension des fonctionnements.

Ici, je voudrais poser la question suivante : on imagine que vous ne dysfonctionnez pas spécialement (petits veinards :mrgreen: ), ou du moins que l'on s'en fiche ici, et l'on se demande
A quoi servent les rêves selon vous ? Bien entendu, vous pouvez voter pour plusieurs options, même si elles partent dans tous les sens. C'est ce que je vais faire pour ma part, car ma religion n'est pas encore faite sur la question. Et pourtant, je me pose la question en profondeur de façon récurrente depuis... 35 ans. (A 18 ans, notre prof de philo nous avait fait lire "l'interprétation des rêves" de Freud, première fois que je me posais la question en profondeur et première grande claque intellectuelle sur le sujet psychiatrie.)

Vous le comprendrez, mon sondage est biaisé (comme tous les sondages). Il n'exprime que mes 10 opinions.
Je vous conseille, pour ceux que le sujet intéresse, d'utiliser ce fil ainsi.

1) Vous votez pour les options qui reflètent exactement votre opinion sur le sujet.
2) Vous ajoutez dans votre message les options qui sont propres à vous.

Merkiiiiiiiiiiiiiiiii

Re: Psychiatrie : Rêves

Message Publié : 14 Avr 2019, 12:53
par Plestin
Les rêves sont un moyen de vivre ce qu'il est impossible ou interdit de vivre dans la réalité.

Re: Psychiatrie : Rêves

Message Publié : 14 Avr 2019, 15:12
par Zelda_Zbak
Pour préciser, c'est "rêves" au sens large, donc ça inclue les cauchemars ou les mauvais rêves.
Et les rêves récurrents ? C'est terrible en vieillissant ce que mes rêves radotent.

Re: Psychiatrie : Rêves

Message Publié : 14 Avr 2019, 17:36
par Plestin
Il est parfois possible de parvenir à dompter ses cauchemars.

Re: Psychiatrie : Rêves

Message Publié : 14 Avr 2019, 22:29
par Zelda_Zbak
Tu m'intéresses. Tu peux développer ?

Re: Psychiatrie : Rêves

Message Publié : 15 Avr 2019, 08:42
par Plestin
Il ne s'agit pas d'une "recette" pour dompter ses cauchemars, c'est juste un constat de ce qui m'est arrivé.

Quand j'étais gamin, je n'habitais pas très loin du salon du Bourget et l'on pouvait voir les démonstrations aériennes depuis nos fenêtres. C'est comme cela que j'ai assisté en direct à l'explosion en vol du Tupolev 144 (le 3 juin 1973) qui s'est ensuite écrasé. A côté de moi, mon père était même en train de le suivre aux jumelles !

Il subsiste une trace filmée de cet accident (ici, à 1:40) :

https://www.youtube.com/watch?v=-mnOApwhRyI

Cela m'a d'autant plus traumatisé que, quelques secondes auparavant, le gamin que j''étais s'était dit "ce serait rigolo qu'il explose" !

De plus - triste privilège d'habiter pas loin du Bourget - c'était la seconde fois que j'assistais à un accident d'avion. Le précédent étant le crash d'un Fouga Magister de la Patrouille de France en 1967 mais là j'étais vraiment tout petit et mon seul souvenir, sans doute dopé par l'intensité des émotions des gens autour de moi, était la colonne de fumée noire qui s'élevait au loin.

Ici, à 1:10 :

https://www.ina.fr/video/CAF94004237

Après l'accident de 1973, je me suis donc mis à faire des cauchemars récurrents. Dans mon rêve, un gros avion allait bientôt s'écraser sur moi, j'essayais de fuir mais je n'y parvenais pas à cause d'un vent de face monstrueux, c'est comme si une soufflerie géante me repoussait en arrière vers l'avion. C'est un type de cauchemar assez classique je pense, d'ailleurs, mon père qui a fait la guerre d'Algérie m'a dit qu'il avait presque le même, un char qui le poursuivait et, pour fuir, il devait absolument monter trois marches mais à chaque fois il chutait et ne parvenait jamais à passer l'obstacle.

Bien entendu, chaque cauchemar se terminait par un réveil brutal et affolé, avant que l'avion ne s'écrase sur moi.

Je me suis mis aussi, un peu plus tard (est-ce en lien avec l'agression dont j'avais été victime ? Je n'en suis pas sûr, elle n'était pas d'allure violente et m'a perturbé mais pas sous cette forme), à faire régulièrement un cauchemar de "bord de falaise", je marchais au bord de la falaise et je glissais puis je tombais.

Puis, peut-être en approchant les 18 ans, j'ai commencé à "dompter" ces cauchemars. Comme si je me raisonnais, et que je me disais que ces situations étaient toujours le fruit de mon imagination et donc qu'il n'y avait rien à craindre.

Quand l'avion s'approchait de moi, je me disais clairement : tu es dans un rêve, tu ne risques rien, et je me réveillais calmement, et même amusé.

Quand je tombais de la falaise, je me disais : tu es dans un rêve, donc tu n'as qu'à déployer tes ailes et tu vas planer tranquillement jusqu'au sol, c'est même très agréable de voler comme ça, et c'est ce que je faisais. Sans me réveiller cette fois-ci. Cela pouvait enchaîner avec un autre rêve.

Peu à peu, ces cauchemars domptés ont fini par disparaître complètement.

Re: Psychiatrie : Rêves

Message Publié : 15 Avr 2019, 13:10
par artza
Merci Plestin.

Ainsi les rêves sont déterminés par le développement des forces productives ;)

Tout est en ordre à chacun de poursuivre ses études favorites :D

Re: Psychiatrie : Rêves

Message Publié : 16 Avr 2019, 07:33
par Zelda_Zbak
Je t'ai lu Plestin.
Une possibilité, c'est que ta pièce jointe (le truc difficile à avaler) était digéré, et que du coup, ton rêve ne se présentait plus dans la phase profonde des rêves que tu ne maîtrises pas, mais au petit matin, quand les rêves sont disons superficiels.
N'oublions pas que, si je ne m'abuse, nous faisons des cycles complets d'1H30 environ de sommeil, sur lesquels 20 minutes seulement de sommeil paradoxal. Ce qui fait pour une nuit de 7H30, 5 rêves de 20 minutes, soit environ 100 minutes, le temps d'un long métrage quoi... je ne sais si les 5 rêves se suivent ou non, partent dans tous les sens ou bien, si telles des séries, ils constituent 5 épisodes d'une série à peu près cohérente ? ce qui est sûr, c'est que je ne me rappelle que d'un chaque matin, (maximum) et que c'est forcément le dernier. Mon mari, par exemple, ne se rappelle strictement jamais de ces rêves.

Je continue de penser que l'on ne maîtrise rien dans ce domaine, pour les mêmes raisons que l'on n'est jamais maître de ses émotions. On est (plus ou moins quand c'est possible) juste responsable de les prendre plus ou moins au sérieux.
Pour ma part, mon rêve traumatique récurrent principal concerne mon passé de prof. Je change de carrière, je me dis "Ca va passer". Que nenni. Je me vois simplement toutes les nuits dans un bahut, me demandant ce que je fiche dans cette salle des profs, angoissant à l'idée de prendre des élèves difficiles, alors que je n'ai rien préparé. Me disant : "m'enfin, le rectorat délire, il ne se souvient pas que j'ai changé de métier, que fait Machine (direction RH), pourquoi m'a-t-elle laissé tomber ????" Et ces sentiments dominent : impuissance totale, injustice et tristesse. "Je n'ai pas fait tout ça pour... ça." Fin du rêve...
Ensuite, dans la vraie vie, on me détache et je n'ai plus une trace de prof dans mon grade, ça continue.
Ensuite, on me promeut et je suis toujours plus légitime sur mon poste en ingénierie logicielle, mais ça continue.
J'intègre bien dans mon rêve ces évolutions de grade, mais elles augmentent juste ma frustration "Pourtant j'étais super légitime, il ne pouvait pas y avoir de retour en arrière." Le délire s'enfonce, ne passe pas, se renforce au contraire.

Etre coincée dans une situation passée qui ne me convient plus du tout, du tout, qui me fait extrêmement souffrir, est le point commun de tous ces mauvais rêves récurrents d'aujourd'hui. (allez, depuis dix ans)...
Tous mes choix de vie qui m'ont fait prendre un tournant radical occasionnent ce genre de rêves. Et tandis que pendant ma vie éveillée, je me félicite de tous ses choix, pendant ma vie endormie, je suis terrorisée parce que l'on me force à retourner en arrière, que l'on m'enferme dans le passé. Puis je me réveille, puis je mets quelques minutes à sortir des ces idées sombres, et à me dire que risque il n'y a pas, que dans mes mauvais rêves... Et à reprendre le cours de ma vie plus heureuse, c'est très curieux.

Une hypothèse optimiste, c'est que ces (petits) cauchemars sont des piqûres de rappel pour que je me félicite au contraire de ces choix et que je n'oublie jamais que mon bien le plus précieux, c'est de ne jamais me sentir coincée, c'est que la plus belle part de ma vie, c'est la part où JE décide et JE décide seule de ce qui est bon pour moi... Mais je ne suis pas optimiste de nature.

Il y a une forme de cohérence bien sûr... mais c'est curieux, et j'ai idée que c'est très courant.