Résister à la langue unique...

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Re: Résister à la langue unique...

Message par Gayraud de Mazars » 05 Nov 2020, 19:57

Salut camarade Cyrano,

Tu as été prolixe et c'est très bien, je ne suis pas tout, mais je te suis... C'est bien intéressant, et puis que dire ?

Au final, je te dirai que l'occitan que je suis, n'a rien appris chez lui à part sa langue sur les genoux d'une gentille grand mère Reine Bousquet, "ma maïdina", sa langue ancestrale, "lenga maïrala", elle a fait son devoir, moi pas, je n'ai pas su l'apprendre à mes enfants ou si peu Vergonha quelle honte. Mais à l'école rien de rien ou presque... N i'a pron de l'escola dels borguès que tua ma lenga ! Ras le bol d'une école bourgeoise qui tue ma langue !

A l'école publique quoique petit retour en CE2, un instituteur très âgé, nous avait parlé de la "Crosada contra los Albigès", comme il nous disait, la croisade contre les Albigeois, il le faisait avec passion, et nos coeurs d'enfants du Midi ouvert avaient retenu la leçon, Simon de Montfort tombant sous les murs de Toulouse, par le boulet d'une pierrière, lancée par des femmes en arme et la ville en pleur de joie... Le reste, je l'ai appris dans l'exil...

E la cançon de la Crosada d'escriure... Et la chanson de la Croisade d'écrire !

"E Dieus pes del defendre, que l temps es avengutz
Que l coms es a Tolosa dousamen receubutz
Perque Pretz e Paratges er tots temps ereubutz"

Dieu sauve notre comte ! Il a repris sa ville,
Il règne désormais en seigneur légitime
et garde Honneur et Foi, hors de toute souillure..."

Fraïralament,
De Cor et d'Oc
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Résister à la langue unique...

Message par Cyrano » 05 Nov 2020, 23:02

GdM, tu dis que lorsque tu étais môme tu te souviens qu'on t'avait parlé de la croisade des albigeois. Eh bien, justement, alors, te souviens tu avoir vu ce dont je vais te parler.
Je te parle d'un temps
que les moins de 65 ans
ne peuvent pas connaître.
Montmartre en ce temps-là
asphyxiait ses lilas.

Il s'agit d'une mythique émission de télé : La caméra explore le temps. Et surtout d'une émission de télé diffusée en deux parties : Le Drame cathare, le 22 et 29 mars 1966.
Cette réalisation de la télévision noir-et-blanc se trouve sur l'INA - et a même été éditée en deux DVD. Il faut vraiment avoir vu ça. Car cette diffusion a une histoire assez extraordinaire. Je vais te citer un livre que tu connais peut-être : "Quand la télévision explore le temps", Isabelle Veyrat-Masson. Editions Fayard.
Ce livre, vu son sujet, parle évidemment de La Camera explore le temps et entre autres…
L’arrêt de La caméra explore le temps en 1965 avait, on s’en souvient, provoqué un véritable tollé. Courriers, articles de presse, manifestations, interpellations au Sénat s’étaient succédé, ce qui montrait que l’on avait touché là à quelque chose qui dépassait le simple cadre d’une émission de télévision avec ses auteurs. On ne peut plus en douter lorsque l’on considère l’impact de l’émission Le Drame cathare diffusée les 22 et 29 mars 1966, quelques mois après l’annonce de l’arrêt de La Caméra.

Elle avait été accueillie comme un événement à plusieurs titres. Tout d'abord c’était une «émission d’adieu», la dernière de La caméra explore le temps, le « chant du cygne de cette grande série historique ». Mais elle constitua surtout pour beaucoup de Français la révélation d’un sujet longtemps traité à la hâte par les manuels : l’histoire de l’« hérésie » cathare et de la « croisade » menée contre elle au XIIIe siècle par le représentant du roi de France, Simon de Montfort. Pour Maurice Denuzière, avec cette émission :
« la caméra non seulement explorait le temps, mais elle s'attaquait, aussi étrange que cela puisse paraître, à une sorte d’inédit historique» [Le Monde, 31 mars 1966].

De nombreux travaux existaient pourtant sur cette question mais ils étaient restés confidentiels, cantonnés dans les cercles d'érudits ou de passionnés. Avec Le Drame cathare, les auteurs de La Caméra construisaient une passerelle entre deux cultures mais aussi, peut-être entre deux France.

Les réactions à cette émission dépassent les prévisions. Dans un premier temps, la presse annonce et salue solennellement le dernier épisode de l’histoire de La caméra explore le temps :
« Grand sujet, grande emission (aussi bien dans la durée que dans les ambitions) démonstrations éclatantes des vertus populaires de La caméra explore le temps, maîtrise de Stellio Lorenzi qui, dans le style qui lui est propre, prouve qu’il ne fait pas, lui, du faux cinéma à grand spectacle. » [Le Monde, ibid.]
L’Association d’auditeurs et de téléspectateurs catholiques déclare le film « moralement répréhensible » et son bulletin, Vox, regrette que :
« le débat n’ait pas été objectivement engagé. [...] Pour un public mal informé, une sorte de discrédit rejaillira sur l’Église». [Le Monde, ibid.]
Les spécialistes Mgr Élie Griffe, les pères André Duval et M.H. Vicaire, font la critique historique de ce film.

C'est déjà amusant, non? mais le plus drôle, le plus étonnant est à venir. Et ça rejoint un peu le sujet de ce fil.
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Re: Résister à la langue unique...

Message par Cyrano » 05 Nov 2020, 23:09

La suite de l'émotion provoquée par la diffusion de cette émission de télévision…
Qu’importe ! En France, dans le Languedoc surtout, l’enthousiasme est immédiat. Près de dix millions de personnes ont vu ces émissions en ces deux soirs de mars 1966. Le pays a découvert, bouleversé par la force des images et la dramatisation, qu’il a eu lui aussi sa guerre entre le Nord et le Sud et que ce conflit a provoqué la mort de milliers de personnes et la ruine d’une culture, d’une langue, les leurs.

Le dimanche qui suit la première émission, des dizaines d’automobilistes envahissent les champs et les chemins qui mènent au château de Montségur, pique-niquent dans le Champ des brûlés. Le 12 avril 1966, la presse se fait l’écho du succès rencontré par le rassemblement du Souvenir cathare organisé à Arques, près de Limoux (Aude), où 2 000 personnes sont venues le jour de Pâques.
La vieille Société d’études cathares renaît et organise au mois de mai un colloque réunissant des personnalités du monde philosophique, artistique et littéraire. Là encore, 2 000 personnes défilent devant la stèle érigée au pied du château en l’honneur des « martyrs » brûlés le 16 mars 1244.
On construit une route pour faciliter ces arrivées massives de « pèlerins ». Les auteurs de l’émission sont invités à venir sur place et s’adressent à un public passionné.

Emmanuel Le Roy Ladurie insiste sur l’importance de cette diffusion :
« L’émission sur les cathares, en 1966, explique-t-il, est un épisode fondamental. Je n’ose pas appeler ça une prise de conscience, parce que c’est aussi une invention de conscience. Le mouvement occitan doit beaucoup à cette émission. » [Le Point, 15-21 janvier 1979].
Deux ans avant mai 1968, le film annonce le mouvement régionaliste qui en sera issu.

Sous le titre «Vulgarisation et récupération. Le catharisme à travers les mass media » [1979] Charles Olivier Carbonell montre bien le rôle décisif joué par l’émission de La caméra explore le temps dans ce phénomène de résurrection du catharisme et plus largement de résurgence du sentiment occitan, mouvement qui n’est d’ailleurs pour lui qu’un « néocatharisme » et une « pseudo-renaissance ». « La formidable force télévisuelle venait d’accomplir un nouveau miracle », écrit-il [ibid.]. Cette constatation ne l’empêche pas de porter un jugement sévère sur l’émission :
« Amalgame trompeur, liaison romanesque entre personnages réels, transmutation en vérité générale d’un fait singulier, telles sont les tentations auxquelles succombent par paresse, inconscience ou mauvaise foi nos deux scénaristes. » [ibid.]
Pourtant, l’historien ne fait ensuite que reconnaître le « miracle de la télévision » et son extraordinaire influence sur cette prise en considération du catharisme. Les exemples qu’il donne sont empruntés à la presse et à l’édition mais ils sont parlants:
« À partir de 1966, tout changea. Soudain, par la grâce des “étranges lucarnes”, les cathares devinrent matière à écriture et à publication. » Le phénomène va de grands éditeurs comme Robert Laffont ou Grasset jusqu’au « humbles et naïves plaquettes surgies au lendemain de la projection des cathares ».

Or de tels succès de librairie ont tout de même une signification et prolongent probablement un réel mouvement populaire, au moins régional. Montaillou, village occitan, le livre d’Emmanuel Le Roy Ladurie qui a également joué un rôle dans la montée du sentiment régional, doit une partie de son succès au souvenir de l’émission. Les records de vente obtenus par cet ouvrage auraient été un «plébiscite néo-cathare».
On peut déplorer, comme Charles-Olivier Carbonell, la récupération de cet élan par les marchands de rêve et les marchands de voyage et surtout par les mouvements politiques qui ont fait des cathares les ancêtres des « Occitans en lutte contre la colonisation de leur pays par le grand capital francien », mais on doit reconnaître la force du souffle créé par une simple émission de télévision et tenir compte des vagues qu’il a soulevées. Il est difficile d’analyser en profondeur la signification de ces mouvements et ce n’en est pas ici le lieu. Retenons le rôle que l’histoire a joué à la télévision.


Etonnant, non?!
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Re: Résister à la langue unique...

Message par Gayraud de Mazars » 06 Nov 2020, 07:18

Adiu l'amic Cyrano,

Hélas pour la diffusion de ces émissions télévisées cultes je n'étais pas né, cependant je les ai vu après coup, il n'y a pas si longtemps... Mais j'ai lu avec passion "Montaillou, village occitan", le livre d’Emmanuel Le Roy Ladurie qui montre bien l'étendue de l'Hérésie cathare... Qui si elle existait dans cet endroit perdu, devait exister partout en Languedoc !

Un ami très proche qui est aussi un camarade a répondu sur les réseau sociaux à cette discussion en écrivant son témoignage :

Je jouais souvent au pied du château de Lapradelle, bastion des Pyrénées, perché comme un nid d'aigle au sommet de son "pog". Les vieux nous racontaient les bonhommes qui y vivaient jadis. Leur honnêteté, sincérité, pauvreté volontaire, qu'ils prêchaient par l'exemple, traversant la corbière, de village en village, ne demandant rien d'autre que la soupe du soir et une paillasse. Puis la colère des papes lointains, jaloux de l'amour du peuple. Puis les batailles, puis les bûchers qui flambaient dans la nuit ...

A 8 ou 9 ans, pour la première fois, je suis monté en cachette avec mon fraïre au château qu'on disait maudit. Et du haut des tours, j'ai vu ! J'ai vu la vue à perte de vue ! Et j'ai compris ! Les forêts de Quercus et d'Alzine, los Cyprès quilhat, les murailles de calcaire, le ciel bleu jusqu'à la mer, la tramontane dans les cheveux, et les vieux en bas qui nous criaient "atenció nens petits, és molt alt, vas a caure !".

Ces vieux châteaux millénaires, je les ai tous visité, et chaque fois, la même sensation d'un bond à travers le temps, où tout était différent, sauf le vent, et la corbière... finalement, rien d’essentiel n'a changé !

Voli cantar lo vent,
Que parla en lenga d'Oc,
Per los qu'an tuats los crosats,
Totis los qu'an cridat : Libertat !


Il reprenait à la fin, la vieille chanson des années 70' de Claude Marti qui dit :

"Je veux chanter le vent
qui parle en occitan,
pour ceux qu'ont été tués par les croisés
Tout ceux qui ont crié : Liberté"


Fraïralament,
De Cor e d'Oc
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Re: Résister à la langue unique...

Message par artza » 06 Nov 2020, 09:10

le château de Lapradelle
.

Tout château avait son seigneur qui a souvent des descendants.

Un monsieur de Lapradelle agent de change à la Bourse de Paris fut mon premier patron. Catho tradi, paternaliste, salaire modeste mais deux primes annuelles très conséquentes ( deux fois 3 mois de salaire, de quoi de faire le tour d'Espagne en trois semaines, train, hôtels, restau), il pria beaucoup pour Bastien-Thiry qui fut fusillé quand même.
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Re: Résister à la langue unique...

Message par Gayraud de Mazars » 07 Nov 2020, 08:31

Adiu los amics,

Pour l'anecdote dans le Journal du Gers...

L'occitan que je suis - L'occitan que soi !

https://lejournaldugers.fr/article/4546 ... rez-baysse

Fraïralament,
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Re: Résister à la langue unique...

Message par Kéox2 » 07 Nov 2020, 10:53

Salut Gayraud,

Te voilà représentant de la fraction occitane de la Riposte... :mrgreen:
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Re: Résister à la langue unique...

Message par Gayraud de Mazars » 07 Nov 2020, 11:41

Adiu car amic Kéox,

Kéox2 a écrit :Te voilà représentant de la fraction occitane de la Riposte... :mrgreen:


Tu as raison et je ne suis pas le seul... ;)

Fraïralement,
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Re: Résister à la langue unique...

Message par Cyrano » 09 Nov 2020, 21:06

Dis donc, Gayraud, ton ami a quel âge? Celui qui te dit :
« Les vieux nous racontaient les bonhommes qui y vivaient jadis. Leur honnêteté, sincérité, pauvreté volontaire, qu'ils prêchaient par l'exemple, traversant la corbière, de village en village, ne demandant rien d'autre que la soupe du soir et une paillasse
Et les vieux dont parle ton ami devaient être alors très, très vieux, même tout au bout de la vieillerie, pour raconter une histoire qui date de plus 800 ans. Et pfff, tout ça pour raconter des histoires de bonhommes charitables? Et sans que les faits soient déformés sur plus de 800 ans?

Pour l'amusement, il y a alors un autre versant, c'est la chanson de Sœur Sourire, Dominique, archi-connue : Dominique, nique, nique… Cette chanson de 1963 raconte avec candeur les prêches de Saint-Dominique pour convertir les cathares hérétiques et elle évoque même la croisade contre les albigeois. Saint-Dominique appartenait à la catégorie des prêtres mendiants, proches des gens, ne demandant rien d'autre que la soupe du soir et une paillasse.

Dominique, nique, nique
S'en allait tout simplement,
Routier, pauvre et chantant
En tous chemins, en tous lieux,
Il ne parle que du Bon Dieu,
Il ne parle que du Bon Dieu.

A l'époque où Jean Sans Terre,
D'Angleterre était le roi
Dominique notre père,
Combattit les albigeois.


Pour la petite histoire, le single (45 tours) de cette chanson fut pendant 4 semaines, à la fin de l'année 1963, première aux ventes de disques aux USA. Devant Elvis, si! Et l'album (33T) fut pendant 10 semaines, de fin 1963 à début 1964), numéro des ventes, toujours aux USA – et elle sera numéro 1 ou 2 dans une dizaine de pays.

Je trouve complètement démago, excessif, tout ce qu'on veut, la chanson que tu cites :
pour ceux qu'ont été tués par les croisés
Tout ceux qui ont crié : Liberté


Ho! Faudrait quand même pas s'emballer : ce n'étaient pas des spartakistes en Languedoc, les cathares. Comme le prêtre ou les croyants catholiques, c'étaient des gens qui croyaient aussi à des bêtises : pas de viande (c'est issu d'une reproduction animale, beurrrrrrk), ascétisme, abstinence sexuelle, tout ça pour être des « parfaits.» Ça donne envie. Et ils ne devaient pas crier Liberté, mais plutôt Dieu me tirlipote.

Faudrait quand même pas pousser le bouchon trop loin. Car, hélas, cette façon de tricher un peu sur l'indignation, sur une oppression, c'est le lot des défenseurs d'une soi-disant cause linguistique.
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Re: Résister à la langue unique...

Message par Plestin » 10 Nov 2020, 05:30

Effectivement, cela ressemble à une tentative de construire une "épopée nationale". Toutes proportions gardées ça me rappelle la visite d'un "musée national" en Albanie il y a une quinzaine d'années, où la "civilisation albanaise" était l'héritière en droite ligne des Illyriens présentés eux-mêmes comme une civilisation très développée peuplant la région, remontant à plusieurs milliers d'années, contemporaine de l'antiquité égyptienne ou sumérienne. Le plus drôle c'est que Croates et Serbes s'en revendiquent aussi...

A quand "nos ancêtres les Cathares" remplaçant les Gaulois ?
Plestin
 
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