Vers la fin du collège unique ?

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par pelon » 18 Nov 2002, 17:26

Dans Le Monde d'aujourd'hui :
a écrit :Les enseignants doutent de l'école plus fortement que les parents
Une majorité des personnels de l'éducation nationale ne croit pas que l'école peut corriger les inégalités
sociales et se prononce pour la suppression du collège unique, selon une enquête de la FSU, principal
             syndicat d'enseignants.  Elèves et parents sont plus confiants dans le système éducatif.

             L'école républicaine peut mieux faire. C'est une appréciation globale plutôt critique du système scolaire que dressent
             les personnels de l'éducation nationale, et, dans une moindre mesure, les parents, dans l'enquête "Eduscope" réalisée
             par la FSU et dépouillée par la Sofres, qui sera rendue publique mercredi 20 novembre à l'occasion de l'ouverture du
             Salon de l'éducation à Paris.
             Les élèves, également consultés, apparaissent moins sévères. Certes, tous considèrent
             à une très forte majorité que l'école, en France, accomplit plutôt bien les missions que
             sont la transmission des connaissances (79 % pour les personnels, 78 % pour les
             parents, 89 % pour les élèves), apprendre à lire, à écrire et compter (74 % pour les
             personnels, 77 % pour les parents, 92 % pour les élèves) et donner à chacun une
             bonne culture générale. L'éducation doit être, de l'avis de tous (93 % de personnels,
             86 % des parents, 76 % des élèves), la principale priorité de l'Etat, qui doit continuer
             d'en assurer l'essentiel du coût. Parents comme élèves reconnaissent donc la qualité du
             travail des enseignants.

             En revanche, les appréciations apparaissent plutôt médiocres s'agissant de la capacité de l'école à
             former des citoyens responsables, à donner aux enfants le goût d'apprendre et plus encore à
             préparer les jeunes à s'insérer dans la vie professionnelle : seulement 22 % des personnels
             considèrent que l'école accomplit plutôt bien cette mission (28 % pour les parents, 45 % pour les
             élèves). L'ouverture sur la vie professionnelle apparaît au premier rang des motifs d'insatisfaction des
             parents et au deuxième rang pour les personnels.

             INÉGALITÉS SOCIALES

             Les déceptions, voire les désillusions, des enseignants vis-à-vis du système scolaire sont
             particulièrement fortes sur la question de la réduction des inégalités. Seulement 10 % des personnels
             considèrent que l'école permet de corriger complètement ou en grande partie les inégalités sociales
             d'origine des élèves (contre 31 % pour ces derniers). A l'opposé, ils sont 75 % des personnels à
             penser qu'elle les corrige un peu mais sans modifier l'essentiel (59 % pour les parents). Plus
             inquiétant, 13 % d'entre eux pensent que l'école renforce les inégalités (et 17 % des parents). Les
             élèves apparaissent sur cette question plus confiants : 31 % d'entre eux pensent que l'école permet
             de corriger complètement (6 %) ou en grande partie (25 %) les inégalités sociales. Ces résultats
             tranchent avec ceux d'une première enquête de la FSU. Réalisée en 1996, elle indiquait que 46 % des
             parents d'élèves considéraient alors que, pour un jeune issu d'un milieu modeste ou défavorisé,
             l'école était le meilleur moyen de l'ascension sociale, et 44 % qu'elle représentait un moyen parmi
             d'autres.

             Les doutes des enseignants sont également sensibles sur la question du collège unique (qui dispense
             le même enseignement général à tous les élèves jusqu'à la troisième). Seulement 31 % d'entre eux
             considèrent que, dans la pratique, "c'est une bonne chose que tous les élèves suivent cet
             enseignement général (...) avant de s'orienter vers des filières spécialisées", 66 % étant d'un avis
             contraire. Sur ce point, les professeurs de collège sont les plus sévères, de même que les
             enseignants les plus jeunes. Ils sont en contradiction avec les élèves, dont 58 % estiment que le
             collège unique est une bonne chose, ainsi qu'avec les parents (49 %).

             VIOLENCES SCOLAIRES

             En ce qui concerne le principe lui-même, les enseignants infléchissent légèrement leur position mais restent majoritaires (54 %) à
             considérer que "le collège unique est un principe qu'il faut abandonner car tous les élèves n'ont pas les capacités de suivre un
             enseignement général jusqu'à la troisième". Ils s'opposent là encore aux élèves, dont 63 % pensent que "le collège unique est un
             principe fondamental qui permet de démocratiser l'accès au savoir et qu'il faut à tout prix le conserver en lui donnant les moyens d'être
             efficace" ainsi qu'aux parents (53 %).

             La perception de la violence lue au travers de cette enquête semble paradoxale. Alors que 83 % des personnels se déclarent plutôt
             satisfaits du climat de sécurité dans l'établissement dans lequel ils travaillent, 16 % d'entre eux affirment que la violence a "beaucoup"
             augmenté - 40 %, qu'elle a "un peu" augmenté. La situation apparaît plus critique dans les collèges et plus encore dans les
             établissements classés ZEP et zones sensibles. Dans ceux-ci, ce sont 30 % des personnels qui déclarent que la violence a beaucoup
             augmenté.

             Les problèmes auxquels ils déclarent être " confrontés" sont dans l'ordre : la discipline, le manque d'intérêt des élèves pour leur
             enseignement, la violence entre élèves, le manque de respect à l'égard des enseignants. Viennent en dernière position : la drogue - 4 %
             des personnels déclarent y être souvent exposés et 19 % de temps en temps -, le racket et enfin la violence à leur encontre. C'est au
             lycée que se posent avec le plus d'acuité les problèmes de drogue : 12 % des enseignants déclarent y être confrontés souvent et 36 %
             de temps en temps, avec une aggravation pour les lycées professionnels (21 % souvent, 38 % de temps en temps).

             Au chapitre des mécontentements, le non-remplacement des enseignants absents arrive en première place pour les personnels (66 %
             de "plutôt pas satisfaits"), bien avant la question du nombre d'élèves par classe (51 % de "plutôt pas satisfaits").

             Cette préoccupation est largement partagée par les parents d'élèves de collège (70 % de "plutôt pas satisfaits") et de lycée (65 %). De
             leur côté, les élèves se plaignent en premier lieu des repas à la cantine et de l'état des locaux scolaires. Enfin, et cela éclaire peut-être
             les positions tranchées sur les inégalités, l'aide aux élèves en difficulté apparaît comme un motif d'insatisfaction commun aux
             enseignants, aux élèves et aux parents. Ainsi, 60 % des personnels ne sont pas satisfaits de ce qui est entrepris dans leur établissement
             à ce sujet. La part des enseignants mécontents grimpe à 70 % dans les écoles élémentaires.

             En ce qui concerne l'orientation après le collège, les élèves ont, pour 72 % d'entre eux, le sentiment d'être dans la filière de leur choix,
             tandis que 13 % considèrent qu'ont la leur a plus ou moins imposée. Dans l'ensemble, les trois quarts des parents ont le sentiment qu'on
             a tenu compte de leur souhait au moment de l'orientation de leurs enfants après la troisième. Les besoins du marché du travail sont de
             l'avis des personnels (44 %), des élèves (46 %) et des parents (39 %) pas assez pris en compte au moment de l'orientation. Enfin,
             44 % seulement des parents pensent que la filière dans laquelle sont leurs enfants au lycée leur permettra de trouver facilement des
             débouchés professionnels.

             Martine Laronche
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par Screw » 19 Nov 2002, 20:24

Est-ce quelqu'un a une idée sur le but poursuivi par la FSU en révélant les conclusions très politiques de cette enquête?
Je n'ose penser qu'il s'agit seulement d'une manoeuvre du SNES en vue des élections professionnelles à la suite des résultats mitigés de la grève dans le secondaire en octobre...
Screw
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 18:00

Message par pelon » 19 Nov 2002, 23:05

(wolf @ Tuesday 19 November 2002, 22:51 a écrit :Mais non: comme d'habitude, à coup de sondages, enquêtes et questionnaires divers, la direction du SNES/FSu prépare le terrain pour le nouveau coup que le gouvernement Chirac-Raffarin (avec son ministre de l'enseignement privé Ferry) veut porter au second degré, en poursuivant la déqualification des enseignants, en poursuivant l'éclatement de tout collège (unique ou pas) par des projets locaux, soumis au bon vouloir des patrons et des départements - tout ceci se reliant avec la décentralisation.
Ils collaborent par avance.

En tout cas, ils voudraient ce résultat qu'ils ne s'y prendraient pas autrement.
Mettre le doigt sur les "échecs" du collège unique ouvre la voie à toutes les réformes dans un contexte d'attaque du budget de l'EN et de régionalisation accélératrice d'inégalités.
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par Screw » 20 Nov 2002, 13:49

Ce que je voulais dire c'est que la décision de Ferry est populaire parmi les profs (particulièrement dans les lycées) et qu'il est possible que le SNES change son fusil d'épaule. Ce serait une évolution importante.

Il faudrait s'interroger sur l'évolution du monde enseignant sans le secondaire au point de vue idéologique et les difficultés rencontrées par les syndicats malgré l'aspect "syndicalisme de services".
Screw
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Oct 2002, 18:00

Message par Laverdure » 20 Nov 2002, 14:39

Le point de vue des profs importe peu pour ce gouvernement, méfions nous de la propagande et des sondages!
Par contre calcule bien 14+2 de formation+43 de cotisations ca colle pile-poil avec le point de vue du MEDEF, et encore à l'origine le patronnat veut 45 ans!
Ensuite il y a baisse démographique à partir de 2006. Tant que la gauche est KO debout ils en profitent, j'espère que les jeunes vont comprendre que là ils sont concernés et trés jeunes. Car avant, bof il y avait l'arméee à faire tu te reveillais à 22 ans.Le gouvernement lance des ballons d'essais c'est à nous d'y répondre!
Laverdure
 
Message(s) : 0
Inscription : 27 Oct 2002, 08:10

Message par Laverdure » 20 Nov 2002, 17:00

(wolf @ Wednesday 20 November 2002, 14:51 a écrit :

Bref, la "difficulté" des appareils syndicaux est de faire avaler la pilukle aux enseignants, profitant de leur épuisement devant une situation (je parle pourle collège) de moins en moins gérable, en ce qu'elle exprime souvent la décomposition sociale engendrée par le capitalisme.

Oui ca sent le "vu à la télé", pour faire avaler aux enseignants que c'est ineluctable. Il faudrait tout de même se souvenir du CV de Raffarin il est là pour le marketing, c'est Chirac-Juppé à la manoeuvre. En 95 Chirac voulait un référendum sur l'éducation nationnale, enfin durant sa campagne... Alors il trouvera toujours un prof ou deux pour amener de l'eau à son moulin. A la télé il y a toujours un automobiliste content d'avoir une prune, jamais de contestataire. Attendons voir!
Laverdure
 
Message(s) : 0
Inscription : 27 Oct 2002, 08:10


Retour vers Tribune libre

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 16 invité(s)