Précisions que le principe d'un black block est de s'en prendre à la propriété pour frapper au porte feuille...
a écrit :La facilité avec laquelle la police et l'extrême droite italiennes ont utilisé et détourné l'image des BB devrait inciter la mouvance autonome à s'interroger sur la pertinence de ce mode d'action.
Hmm, voyons voir, au G8 de Lauzanne il n'y a pas eu de formations de black blocks coté français parce que les organisateurs des manifs voulaient dénoncer tous les méchants casseurs... A la suite de celà Sarkozy s'est longuement répandu dans les médias en affirmant que c'était gràce au dispositif de sécurité qu'il avait mis en place qu'il n'y avait pas eu d'incidents...
Bref dans tous les cas la bataille de la communication est perdue, donc ça me parait un peu erroné comme argument...
Sinon un témoignage intéressant pour voir ce que ça donne dans un gros rassemblement :
http://www.nadir.org/nadir/initiativ/agp/f...neblackpink.htmdont je recopie une partie de la conclusion :
a écrit :Dès le lendemain, les médias et politicien-ne-s déversèrent leurs habituels mensonges et s'employèrent à créer des mythes sur ces manifestations et les "casseurs". Mythes qu'il s'agit encore une fois de démonter.
* dans des manifestations comme celle de Lausanne, les soit-disant "casseurs" n'étaient cas des gens infiltrés dans la manif cherchant à la détourner de ses but initiaux, mais un cortège autonome menant ses propres actions en les coordonnant au mieux avec les autres blocages.
* comme à Prague lors des manifestations contre le sommet du FMI et de la Banque Mondiale, la stratégie adoptée visait à autonomiser les blocs afin que chacun puisse explorer au maximum l'impact de ses tactiques sans gêner ou contrecarrer les autres.
* les black-blocs et les pink blocs sont principalement issus de mouvements anarchistes ou autonomes, autogestionnaires et anticapitalistes. Il peut arriver, comme dans n'importe quelle manifs, que des policiers tentent de s'introduire dans le black bloc ou de se camoufler en black blocs, mais les actions qu'ils réalisent sont alors clairement des pièges, des provocations ou de la casse sans objectifs qu'il est possible de déjouer avec un peu de discernement. Comme n'importe quel cortège, le black bloc peut être rejoint par des personnes moins réfléchies que d'autres dans leurs objectifs et leurs pratiques, ou se livrant à des actes dangereux ou stupides. Cette réflexion ne peut s'acquérir qu'au moyen de débats et pratiques collectives renouvelées, pas par la diabolisation de certaines tactiques et franges du mouvement.
* la participation à un bloc pink ou black, le blocage d'un sommet ou la création de dommages économiques ne sont que des actes militants bien particuliers dans la vie de personnes souvent aussi impliquées constamment dans des projets locaux visant à la réappropriation et à l'autonomie culturelle, alimentaire, médiatique ou énergétique à travers des collectifs, des campagnes d'actions ou des espaces de vie ou d'activités autogérés. Leur stratégie n'est en aucun cas seulement confrontationnelle mais passe en bonne partie par des débats et diffusions d'idées sur des luttes extrêmement variées mais reliées. Ces luttes peuvent concerner aussi bien le patriarcat, la liberté de circulation et les luttes au coté des sans-papiers, que l'écologie radicale, l'antispécisme, la solidarité nord/sud, la propriété intellectuelle, l'usage de logiciels libres, la création de médias indépendants et de maisons d'édition, les alternatives à la psychiatrie, à l'éducation autoritaire ou l'agriculture industrielle... Il s'agit, pour beaucoup, de personnes qui s'emploient généralement à déjouer les rapport de domination et la violence du système au quotidien.
* ces personnes se coordonnent et échangent par des moyens multiples, mais évidemment moins visibles que les grandes organisations réformistes. Cette discrétion tient pour partie au refus de se doter de leaders, de héros ou de martyrs, à la volonté de privilégier des modes d'organisations égalitaires et l'autonomie d'invidus et de collectivités réduites, plutôt que de viser des mouvements de masse et de moutons menés par des élites. Cette discrétion tient aussi à la répression de l'Etat qui menace constamment l'existence de ces groupes, ainsi qu'à la méfiance vis à vis des médias traditionnels qui de toutes façons les censurent. A part s'ils peuvent espérer hausser leurs chiffres d'affaires à coup de vitrines cassées et en parodiant leur existence et leur discours...
* s'attaquer aux biens privés n'est en aucun cas de la violence gratuite mais une tactique politique réfléchie. Ne pas se laisser faire par la police et répondre à ses attaques l'est aussi. Le black bloc ne s'attaque pas aux personnes.
* quand bien même on juge qu'ériger une barricade, détruire un objet ou un bâtiment est violent, cette violence n'est en rien comparable avec les violences qui se cachent derrière ces objets et bâtiment: la violence inouïe imposée chaque jour à des milliards de femmes, d'hommes ou d'animaux sur la planète par les institutions financières, étatiques et les entreprises capitalistes.
* cette condamnation de la "violence" des casseur-euses est généralement propagée et entretenue, par des personnes privilégiées ayant accès à un niveau de consommation totalement dépendant de l'exploitation du reste du monde. Un niveau de consommation qu'elles ne sont abolument pas prêtes à remettre en cause, encore moins à voir quoi que ce soit venir perturber leur quotidien.
* nous avons aussi toutes et tous à divers niveaux intégré cette domination: la paranoïa sécuritaire, l'addiction à la consommation, l'aliénation par le travail, les structures hiérarchiques et diverses formes d'oppression raciste, sexiste ou homophobe. Nous nous voyons bien souvent incapables de remettre en cause réellement cet ordre coercitif et fondamentalement inégalitaire que l'on nous présente comme une démocratie. Même la gauche alter-mondialiste ou plutôt ses représentant-e-s auto-proclamé-e-s fait mine de croire que de grand spectacles inoffensifs et récupérés par le pouvoir feront autre chose que de le renforcer.
* même si le changement social passe sans nul doute en grande partie par des prises de conscience, des débats, des constructions d'alternatives à l'Etat et au capitalisme, il passe aussi par l'entretien d'un rapport de force constant: grèves, occupations, réappropriations, sabotages et créations de structures autonomes. Pas en laissant croire que ceux qui dominent le monde sont à l'écoute et vont renoncer au pouvoir et à ses privilèges simplement parce qu'on les implore de le faire.
Face aux discours citoyennistes d'Attac, des trotskistes et de toute la gauche institutionelle qui s'est depuis quelques années largement emparée de la dynamique des contre-sommets et l'a déjà fortement neutralisé, il est temps de rétablir quelques vérités:
* c'est bel et bien parce que des gens ont mené des actions offensives et entrainé d'importants dommages financiers et politiques que des sommets ont été bloqués, fuient et se barricadent, ou que plus une ville ne veux les acceuillir, et non pas grâce à de grand étalages d'organisation politiques, à une débauche de marches pacifistes et de conférences de presse. Même si le travail d'information est encore une fois extrêment important et complémentaire des autres actions réalisées...
* ces actions, des blocages de toutes sortes aux destructions ciblées, ont pendant quelques années déjoué les dispositifs policiers, ont été créatives et efficaces. C'est pour ces raisons qu'elles ont pu mobiliser les pratiques et l'imaginaire de centaines de milliers de personnes et qu'elles ont pu s'imposer comme une force politique majeuret, comme un mouvement. Ce mouvement s'est créé sur des bases égalitaires et horizontales. C'est cette énergie et ces personnes que la gauche citoyenniste s'emploie maintenant à neutraliser et encarter dans des partis et autres structures hiérarchiques garantes de la paix sociale.
* Attac, trotskistes et consorts semblent conscients jusqu'à un certain point de leur absence totale de subversion et de créativité et sont même allés, à l'occasion de ce sommet d'Evian, jusqu'à s'arroger la pratique de camps d'actions issus de mouvements radicaux comme le No Border. Elles ont ainsi affiché hypocritement une autogestion à l'opposé de leurs pratiques d'organisation. On peut toujours espérer que les milliers de personnes ayant, par exemple, participé au village intergalactique, ne se soient pas laissées trop prendre à cette récupération et que de réelles pratiques d'autogestion demeurent et finissent par dépasser les leaders.
* il est par ailleurs heureux, malgré toute cette propagande, qu'une partie de la population garde une envie réelle de changer radicalement ce système. Malgré l'hystérie médiatique, tout le monde n'est pas aussi effrayé que les médias veulent bien le faire croire par les soit-disant "casseurs" et à Genève ces jours derniers, les émeutes furent soutenues et rejointes par une partie de la population locale et des badauds. Mais le fait que ces actions puissent être réfléchies, efficaces et soutenues par une partie des manifestant-e-s est proprement inacceptable pour les pouvoirs en place. Il leur est alors nécessaire de faire croire à un gentil mouvement inoffensif pris en otage par quelques casseurs, de créer des mythes de complots cachés, d'infiltration néo-nazies, de manipulation policière ou des stéréotypes de jeunes gens immatures et manipulés par une poignées d'extrémistes cyniques. Il leur faut coûte que coûte chercher à entretenir une division entre "militant-e-s alter mondialistes bon enfant" et "jeunes et méchants casseurs". En dépit de quoi, bon nombre de personnes s'apercevrait peut-être qu'il est possible de s'épanouir et de s'amuser en changeant ce système concrètement, de plein de manières différentes, sans se laisser manipuler et diriger par les partis et syndicats.