le droit aux loisirs

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Valiere » 26 Mai 2004, 13:36

TOUS LES ENFANTS DOIVENT POUVOIR EXERCER LEURS DROITS AUX LOISIRS


Il y en a de plus égaux que d’autres…
Entre l’enfant qui dispose de loisirs diversifiés et celui qui n’a que la rue comme espace éducatif, il « n’y a pas photo »….
Il ne suffit pas tous les ans de commémorer en grandes pompes l’anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, si aucune politique résolue n’est menée par l’Etat pour permettre l’accès à un temps libre éducatif à chaque enfant et chaque jeune, le droit aux loisirs reste lettre morte !


Le temps libre des enfants et des jeunes est un espace éducatif essentiel qui n’est pas résiduel…
La durée, la représentation qu’en ont les publics concernés ainsi que les apprentissages qu’il génère montrent l’importance de cet espace temps et des enjeux sociaux éducatifs :

-Sans prendre en compte le temps des repas familiaux et du sommeil, les périodes post et péri scolaires représentent 2500 heures annuelles alors que la durée de la période- classe n’atteint pas les mille heures !.

- Pour les enfants, il s’agit d’un moment privilégié, que l’on attend et où l’on aspire à vivre sans contrainte.

-Le temps libre est un espace éducatif essentiel contribuant à se situer, à se construire, à découvrir son environnement et à développer ses capacités.

Le temps libre peut être un facteur d’approfondissement des inégalités ou de développement harmonieux des compétences de l’enfant…
Alors que l’instruction obligatoire jusqu’à 16 ans est une compétence d’Etat, celle du temps libre n’est toujours qu’une compétence optionnelle des collectivités territoriales.
Certaines se désintéressent de cette question ou au mieux subventionnent quelques prestataires privés…
D’autres font de la politique enfance-jeunesse une de leurs priorités, menée en fonction des potentialités financières.
A côté d’un secteur public plus ou moins présent, se développe un secteur privé offrant au public « favorisé », des activités diverses souvent de grande qualité, qu’il s’agisse de l’école de musique ou de celle du sport….
On pourrait certes s’interroger sur l’intérêt de faire durant le temps libre une copie conforme de l’école, y compris en épousant la terminologie…
L’enfant n’a t-il pas besoin de respirer, de se poser, de découvrir et de pratiquer des activités ludiques plutôt que de fréquenter des structures spécialisées utilisant des méthodes pédagogiques héritées de l’école !
D’ailleurs , certains enseignants ont pu constater que leurs élèves reprenaient la classe le jeudi matin dans des conditions difficiles, leur journée du mercredi ayant été ponctuée de nombreuses activités et de nombreux déplacements pour passer d’un club à un autre….
Quand certains enfants sont sur-occupés, d’autres n’ont que la rue comme espace éducatif…
Dans de nombreuses villes se sont développées des centres de loisirs associatifs ou territoriaux…
Même si des efforts ont été consentis par les collectivités territoriales en termes d’espaces offerts et de tarification, les centres de loisirs sont surtout fréquentés par les enfants dont les deux parents travaillent…
Pour éviter que certains enfants soient livrés à eux-mêmes et que d’autres quittent les centres de loisirs dès qu’ils acquièrent une certaine autonomie et qu’ils peuvent rester seuls chez eux, les mouvements d’éducation populaire ont agi à deux niveaux :
- au niveau politique en essayant de convaincre certaines municipalités d’arrêter de limiter l’accès aux centres de loisirs aux seuls enfants ayant leurs deux parents travaillant
- au niveau pédagogique en transformant les centres de loisirs afin d’en faire des espaces ludiques que l’enfant fréquente par choix pour y découvrir un panel d’activités diverses, s’y divertir, s’y reposer et construire de véritables projets….

De nombreux progrès ont été réalisés ça et là, en termes d’image et de fonctionnement du centre de loisirs. Certains verrous ont sauté… D’autres nécessitent plus qu’un serrurier…
Beaucoup de villes disposent de locaux qui sont situés dans les écoles avec des difficultés en termes d’espaces libérés et de perception…
Comment empêcher certains enfants d’avoir des difficultés de distinguer l’école et le centre ?
La très grande majorité des animateurs est formée de vacataires ou de temps partiels disposant d’un simple BAFA …

Si l’on considère que le temps libre est un espace éducatif,
Si l’on considère que l’accès à un temps libre choisi, diversifié et attractif doit être un droit pour tous les enfants,
Il est nécessaire et indispensable que des moyens très importants soient dégagés afin que les centres de loisirs disposent d’espaces appropriés et que des animateurs professionnels formés puissent être en mesure de répondre aux besoins et aspirations des enfants qui leur sont confiés…
Un animateur n’est pas un garde d’enfants, c’est un éducateur comme l’enseignant, assurant une mission spécifique.
Les animateurs très motivés qui ont réussi à transformer les centres de loisirs et à mener une action éducative de qualité demandent à juste titre des formations initiales et continues professionnelles… C’est un droit pour toutes et tous qui doit pouvoir s’exercer….

Une telle politique sociale et éducative ne peut se mener que si les budgets suivent .
Il est de la responsabilité de l’Etat de garantir que sur tout le territoire de la république chaque enfant puisse disposer d’un espace éducatif ludique de qualité…
C’est pourquoi tous les mouvements d’éducation populaire, tous les organisations démocratiques, syndicats et associations de parents d’élèves doivent exiger qu’une ligne budgétaire temps libre des enfants conséquente soit créée et que des reversements pérennes soient faits à des collectivités territoriales, détenant une compétence temps libre explicite.


Jean-François CHALOT
Valiere
 
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