a écrit : Ce n'est pas une question de crédibilité, mais avant tout un réflexe de concervation. Parmis les personnes qui ont voté LO, ou LCR en 2002 certaines m'ont dit avoir eu l'impression d'avoir fait une connerie car maintenant on a la droite et on s'en prend plein la gueule. En gros que c'était moins pire avec Jospin. Je ne sais pas si il est possible que ces personnes revotent pour l'EG dans de prochaine élections, pour l'instant, j'en douite.
C'est sûr qu'on a pas mal entendu ce genre de choses. De fait le score important de l'extrême-gauche aux présidentielles de 2002 provenait certainement en grande partie d'une frange de l'électorat de gauche qui voulait adresser un message d'insatisfaction à la "gauche plurielle". Et auprès de ceux-là, l'idée que la gauche au pouvoir c'est "moins pire" et que l'échec de Jospin est en partie du à l'EG peut marcher. Mais c'est quand même difficile de mesurer quelle part des électeurs d'EG d'avril 2002 ça représente. De même que si jamais une partie de cet électorat reproche le vote chirac à l'ensemble de l'EG (alors qu'il me semble quand même qu'une bonne partie des travailleurs se souvient quand même qu'Arlette n'a pas appelé à voter Chirac), ce serait difficilement mesurable. Quand à la suite sans doute cette partie de l'éléctorat ne revotera pas pour nous, en tout cas pour les mêmes raisons, d'ici à ce que la gauche revienne au pouvoir et refasse la démonstration de sa politique anti-ouvrière.
Mais le vrai problème, c'est qu'il faudrait de toute façon qu'une plus large fraction des travailleurs trouvent dans l'EG une autre utilité que simplement adresser un message à la gauche. Ce sans quoi on referra peut-être à l'avenir des scores importants (si la gauche revient au pouvoir) mais cela n'aura au fond pas grand intérêt. Et du coup le problème de "crédibilité", ou de crédit tout court, ne se pose pas comme un problème essentiellement électoral. De fait on ne sera jamais une "alternative électorale crédible" (et pour cause, on ne propose pas de solution électorales aux travailleurs). Il faudra que nous apparaissions comme une perspective politique pour les luttes des travailleurs. Sans doute le fait d'être perçus surtout, et à tort, comme des "partis d'élection" ne dépend pas seulement de nous. Il y a en général les illusions électoralistes, le fait que l'on est bien plus médiatisés durant les périodes électorales, et surtout l'absence de luttes victorieuses dans lesquelles on aurait pu intervenir. Cela dit je pense qu'il faudrait d'autant plus une politique volontariste d'apparition, de campagnes hors élections sur le terrain des revendications essentielles des travailleurs. Si notre perspective est d'intervenir dans les prochaines luttes des travailleurs (dont on ne sait évidemment pas quand et sur quoi elles démarreront), d'y apparaître enfin pour ce que nous sommes, pas des partis d'élection mais une direction politique pour les luttes de notre classe, notre problème aujourd'hui devrait être de tout faire pour s'y préparer.