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Tribune de "pour une vraie gauche"
Donnons nous ensemble les moyens
de nos ambitions communes
Près de 200 militants et militantes représentant l'essentiel des composantes de la gauche anticapitaliste de l'agglomération lyonnaise se sont rassemblés pour débattre ce 14 février. C'est un important succès, révélateur d'une forte attente. Les échanges riches et prometteurs ont duré tard dans la soirée en cette veille de montée unitaire à Paris contre la guerre.
Suite à une rencontre entre le collectif de liaison "Pour une vraie gauche" et le bureau politique de la Ligue, les camarades du collectif nous font part de ce texte.L'orientation de la LCR exprimée par Olivier Besancenot nous intéresse puisqu'elle envisage la création d'une nouvelle force anticapitaliste, féministe et écologiste, perspective qui fonde notre collectif.
Notre question commune est bien de savoir comment travailler les convergences, mais aussi de cerner les partenaires politiques. Sur ce point, notre analyse est moins pessimiste que celle de la direction majoritaire de la LCR, qui ne voit pas de partenaires disponibles, étant donné le bilan qu'elle considère comme négatif et insuffisant de ses propres forums. Mais est-ce une épreuve suffisante ? Notre évaluation, plus optimiste, est fondée sur le constat qualitatif que le potentiel politique d'une nouvelle force se manifeste dans au moins trois domaines :
- dans le mouvement social, nous constatons l'émergence d'un débat de fond sur la nécessité d'un projet politique global ; que ce soit dans Attac, au travers du "Collectif des syndicalistes contre le marché" (10 000 signataires) ou avec la présence de responsables associatifs et syndicaux lors de notre forum du 21 septembre dernier. Faisons le pari que cette dynamique entraînera la partie la plus réticente par des démonstrations concrètes de la validité de cette démarche. En relevant le défi à la hauteur de l’enjeu contre la privatisation rampante et la remise en cause du statut et des retraites, les salariés d'EDF ont donné du tonus au mouvement social pour aborder de manière plus offensive la question du bien commun ;
- depuis la défaite de la gauche plurielle, d'importants courants critiques se sont affirmés au sein du PCF et des Verts. Ils tirent un bilan sévère de la participation gouvernementale de leurs partis et sont entrés dans une discussion sur l'alternative politique. Du côté des Verts, le changement de majorité est un signe positif. Au sein du PCF, ce courant prône une rupture avec la vieille stratégie de l'union de la gauche et veut définir un espace politique à gauche du PS avec toutes les forces disponibles. Aujourd'hui, il s’élargit et commence à peser ;
- depuis le 21 avril, des milliers de militants se sont déclarés disponibles pour construire une alternative politique en signant les différents appels de gauche issus du premier tour de la présidentielle. Ces militants viennent de toutes les organisations du mouvement ouvrier, associations, syndicats, partis, quand ils ne viennent pas de s'engager pour la première fois. Ils sont à l'origine de la création, souvent avec le soutien de partis politiques, de nombreux collectifs locaux ou de forums de discussions.
Ces espaces, de configurations diverses, se donnent tous pour objectif la reconstruction d'une force anticapitaliste large et sont des lieux ouverts de confrontations et d'élaboration politiques, ainsi que de renouvellement des pratiques. Au sein de ces collectifs, s'expérimentent concrètement les modalités de recomposition politique en lien avec de nouvelles pratiques démocratiques. Leur existence est la preuve non seulement d'un potentiel militant mais d'une attente et d'une disponibilité pour avancer vers la construction d'une force politique nouvelle. Ce type d'initiative est toujours encourageant, son succès enthousiasmant : le forum de Poitiers a rassemblé 250 personnes sur deux jours, celui de Toulouse 300, celui d'Antibes était aussi une réussite.
Ces réalités nous engagent à affirmer que non seulement il existe des partenaires mais qu'ils sont disponibles !
Une nouvelle force
Tant que chaque force reste sur son territoire, éventuellement pour rassembler autour d'elle, le champ de l'alternative est morcelé et est réduit à l’impuissance tant dans son combat immédiat contre la droite et le Medef que face à la nécessaire construction d'une alternative politique et d’un projet de société.
Il est vrai que la création d'une nouvelle force prendra du temps, c'est pourquoi il faut définir dès maintenant un cadre commun pour tous ces acteurs. Il faut construire un cadre politique ouvert aux différents acteurs de la radicalité qui permette une confrontation politique et démocratique pour, à terme, construire une nouvelle force de gauche. Il nous faut définir un espace contre la domination sociale-libérale au sein duquel s'élabore non seulement un véritable projet d'alternative globale mais aussi un débat sur la forme organisationnelle adéquate et le renouvellement de la forme parti et des pratiques démocratiques. Espace au sein duquel des perspectives devront être avancées pour permettre l'amplification et la multiplication des luttes de résistances. Cet espace, pour être à la hauteur de l'enjeu, ne peut ni être un cartel d'organisations ni se réduire à une structure de front unique, même si ceux-ci sont nécessaires. La construction de ce cadre politique n'est pas concurrentielle aux structures déjà existantes mais complémentaire, car l'avenir de la gauche ne peut être confié aux seuls appareils, et encore moins à un seul ! Et il va de la responsabilité des organisations politiques, collectifs et réseaux, syndicaux et associatifs, se réclamant de la transformation sociale de prendre des initiatives à cette fin.
Rouge 2006 27/02/2002