Analyse

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Wapi » 31 Mai 2005, 21:49

Touriste,

a écrit :Et plus que jamais le mot d'ordre de dissolution !!


je ne réponds que sur ce point.

Ceci exprime une double illusion :

1) celle d'entretenir chez les travailleurs l'idée que leur tâche prioritaire c'est de voter pour réélire un parlement bourgeois (et non de lutter)

2) celle de croire qu'en ayant "un bon mot d'ordre" autrement nommé un "mot d'ordre opératoire", vous aurez l'oreille des travailleurs qui se rapprocheraient par là même votre politique, parce que celui-ci serait "juste".

A ce compte-là pourquoi pas "un million à l'assemblée", "pour la convocation d'une assemblée constituante souveraine" ou mieux : "des soviets partout" !

Mais pour que les travailleurs reprennent à leur compte les slogans des révolutionnaires, encore faut-il que ceux-ci ne commencent pas par se discréditer en balançant des "mots d'ordre" qui, si ils ne sont pas faux, ne sont absolument pas en phase avec l'état d'esprit des travailleurs.

Et où sont-il les millions de travailleurs qui réclament aujourd'hui de nouvelles élections ? Personne n'en parle ailleurs que dans les milieux militants -et encore ! Mais sans doute penses-tu qu'ils sont trop "étourdis" ? Ils n'y ont pas pensé ? Il faudrait le leur souffler ?

Voyons, tout cela n'est pas bien sérieux.

Ce qu'il l'est en revanche, c'est d'expliquer longuement et patiemment que seules les luttes paient et qu'un bulletin de vote ne peut pas changer la vie, et ce, afin de gagner en profondeur aux idées du communisme un maximum de travailleurs.

C'est seulement comme cela qu'on gagnera du crédit dans la classe ouvrière, il n'y a pas de raccourcis à base de "mots d'ordres" ni pour faire avancer la lutte, ni pour construire le parti.
Wapi
 
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Message par Victor P.L. » 31 Mai 2005, 22:13

Aucun de vous n'a réagit au tract et à la question que j'ai posté.

C'est dommage parce que je pense vraiment qu'il est du devoir des révolutionnaires de toujours proposer quelque chose aux travailleurs pour leur permettre de faire un pas en avant.
En particulier quand, comme après le 29, s'est ouverte une nouvelle situation dans le pays.
Quel que soit le nouveau gouvernement nommé aujourd'hui, toute la question est de savoir comment passer de cette victoire électorale des travailleurs et de la majorité du peuple à une véritable victoire sociale et politique, laquelle suppose l'affrontement direct avec le patronat et Chirac, sur le terrain de la lutte de
classe.

La réaction des camarades de LO est significative, c'est habituel pour eux de se lamenter sur le manque de moral des travailleurs et de remettre toutes propositions concrètes au beau jour ou spontanément la classe ouvrière se dressera.

En l'occurence, ne pas comprendre que la situation exige une proposition politique est plus grave encore que d'habitude. Parce que tout simplement, il n'est pas fréquent que l'on puisse s'adresser à des masses qui ont l'oreille tendue et attendent une expression politique positive au rejet qu'elles ont exprimé.

A mon sens il y a la question du pouvoir : virer Chirac et son gouvernement!

Il ne s'agit pas de dire qu'en soi c'est suffisant si c'est encore la bourgeoisie qui est au pouvoir, mais ce serait un gouvernement très faible et prudent qui sortirait de là. Et évidemment un gouvernement faible, ce serait la meilleure situation pour les luttes des travailleurs et la tendance vers une inversion du rapport de force.

Mais dire cela ne suffit pas, comment virer Chirac autrement que par la grève de masse, la paralysie économique, la grève générale?

(c'est ce qu'oublie la LCR qui compte sur Chirac pour démissionner de lui-même)

Pour prévenir les pourfendeurs de gauchistes je souligne qu'il ne s'agit pas d'un appel, mais d'une perspective politique.

Ensuite cela ne suffit pas encore, il faut expliquer comment la grève pourrait être construite: auto-organisation avec pourquoi pas la réactivation des comités pour le non s'ils ont vraiment réunis les masses; enfin la tactique du front unique et de l'adresse aux organisations dans lesquelles se reconnaissent les travailleurs organisés.


Bref il y en a des choses à faire même quand on est pas dans la situation idéale, et si on est pas d'accord avec telle ou telle perspective, alors il faut en proposer une autre!
Victor P.L.
 
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Message par Jacquemart » 31 Mai 2005, 22:23

a écrit :Parce que tout simplement, il n'est pas fréquent que l'on puisse s'adresser à des masses qui ont l'oreille tendue et attendent une expression politique positive au rejet qu'elles ont exprimé. A mon sens il y a la question du pouvoir : virer Chirac et son gouvernement! (...) Pour prévenir les pourfendeurs de gauchistes je souligne qu'il ne s'agit pas d'un appel, mais d'une perspective politique.

Donc, si je résume bien : les masses ont l'oreille tendue, oreille prête à entendre qu'il faut "virer Chirac". Fort bien.

Mais il ne s'agit pas d'un appel, juste d'une perspective. Ah.

Autrement dit, l'oreille est tendue, mais le message n'arrivera pas jusqu'aux bras ?

Alors, tant qu'à défendre une simple "perspective", je préfère défendre quelque chose qui ne puisse pas être confondu avec le programme de Fabius...
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Message par Victor P.L. » 31 Mai 2005, 22:31

Il me semble que Wapi est exemplaire en terme de passivité politique et cela s'appelle je pense, de l'économisme.

C'est sûr, quoiqu'il arrive il faut évidemment toujours dire aux travailleurs qu'ils ne peuvent compter que sur leur lutte de classe, que la perspective historique c'est la prise du pouvoir par le prolétariat, la construction du socialisme, la construction du parti, etc.

Ce que LO ne fait d'ailleurs pas!

Mais ce qui est terrible, c'est que cela c'est les principes et c'est valable par tout temps et tout lieu pour des communistes, mais la politique c'est apporter des perspectives stratégiques et tactiques à chaque nouvelle situation, pour que les travailleurs avancent pas à pas.

Reste que je suis d'accord pour dire que le mot d'ordre de dissolution est pour le moins insuffisant et donc susceptible d'entrainer des illusions.

que veut-on mettre à la place? comment?
Victor P.L.
 
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Message par Victor P.L. » 31 Mai 2005, 22:40

zut j'ai toujours un train de retard dans mes réponses!


Jacquemart, tu as oublié de dire ce que tu préférais défendre qui ne soit pas confondable avec le programme de Fabius.

Je ne pense pas que virer Chirac fasse partie du programme de Fabius, en tout cas pas avant 2002,
et encore moins la grève générale, que tu as omise dans ta citation.

et c'est dommage parce que c'est cela la perspective qui n'est pas un appel...
Victor P.L.
 
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Message par Gaby » 31 Mai 2005, 22:45

(Victor P.L. @ mardi 31 mai 2005 à 23:31 a écrit : Il me semble que Wapi est exemplaire en terme de passivité politique et cela s'appelle je pense, de l'économisme.

C'est sûr, quoiqu'il arrive il faut évidemment toujours dire aux travailleurs qu'ils ne peuvent compter que sur leur lutte de classe, que la perspective historique c'est la prise du pouvoir par le prolétariat, la construction du socialisme, la construction du parti, etc.

Ce que LO ne fait d'ailleurs pas!
Lutte Ouvrière si c'était qu'Arlette à la télé' qui vient faire partager sa colère et l'idée qu'il faut défendre le camp des travailleurs, je crois que l'on serait sacrément culotté de s'appeller communiste révolutionnaire (remarque, moins que d'autres). Les copains dans les boites sont confrontés à la réalité du monde du travail, ils n'en sont pas simplement à "tracer des perspectives pour l'ignorant"... Et mince, si tu convaincs pas d'abord ton interlocuteur qu'il doit se battre tout de suite pour ses intérêts, la "construction du socialisme" est loin.

Mais si seulement tu ne jouais le donneur de leçon qu'au sein de l'extrème gauche, non il faut aussi que tu le fasses avec "les travailleurs" de façon générale...

a écrit :Mais ce qui est terrible, c'est que cela c'est les principes et c'est valable par tout temps et tout lieu pour des communistes, mais la politique c'est apporter des perspectives stratégiques et tactiques à chaque nouvelle situation, pour que les travailleurs avancent pas à pas.

L'avant-garde c'est pas un groupe dirigeant illuminé qui donne le ton avec les tracts, c'est les travailleurs en lutte conscients de par leur expérience de leurs intérêts de classe... N'est pas Lénine d'Avril 1917 qui veut. Faire de la politique pour un intellectuel aujourd'hui, c'est défendre des idées avec les prolétaires et faire grossir le rang.
Gaby
 
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Message par Wapi » 31 Mai 2005, 22:59

a écrit : Il me semble que Wapi est exemplaire en terme de passivité politique et cela s'appelle je pense, de l'économisme.


Tout de suite les gros mots ! Alors qu'on se connait à peine !

C'est quoi, dans ton idée, "l'économisme" ?

Peux-tu éclairer ma lanterne ... Monsieur Jourdain que je suis, et qui passivement-politiquement fait de "l'économisme" sans le savoir ?
Wapi
 
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Message par Victor P.L. » 01 Juin 2005, 01:37

Désolé Wapi, ne te formalise pas pour si peu, c'est juste une caractérisation politique fondée sur un seul message de toi, mais qui m'a paru représentatif du fait que LO en général ne fait pas de propositions politiques aux travailleurs, et que tu défends cela en disant "seules les luttes paient".

(je ne suis pas sûr par contre que "donneur de leçon" et "groupe illuminé" soient des caractérisations très politiques, mais bon, je ne suis pas susceptible)

Ce que j'entend par économisme, c'est en fait cette tendance à refuser la politique, la question du gouvernement, la question du pouvoir ou même les perspectives de luttes nationales.
Et bien sûr plus évidemment le refus de mettre en avant la révolution ou le socialisme.

On ne peut pas juste dire "luttons là ou on est, et petit à petit on construira le parti révolutionnaire ou bien petit à petit on inversera le rapport de force".

Sinon on fait simplement du syndicalisme, et encore, du syndicalisme à courte vue.

Je pense que le parti révolutionnaire (qui certes n'existe pas mais que nous avons tous l'espoir de construire au bout du compte) doit apporter les perspectives politiques à la classe ouvrière, pour que ses combats locaux et purement économiques (pour un meilleur salaire par exemple) se rejoignent et débouchent sur des mots d'ordres en termes politiques et également pour que ce mouvement aille le plus loin possible.

Mais ce qui fait que la classe ouvrière s'unifie et combat finalement pour le pouvoir, c'est la perspective politique de se saisir du pouvoir pour construire le socialisme.

Sinon il ne s'agit que de luttes spontanées d'auto-défense des travailleurs, parfois victorieuses, le plus souvent défaites.

Donc quand une petite opportunité pour poser la question en terme de gouvernement, et de solutions politiques s'ouvre, parce que les travailleurs se posent la question, il ne faut pas l'ignorer.
Victor P.L.
 
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Message par logan » 08 Juin 2005, 20:51

Lu dans Rouge juin 2005

a écrit :Un vote de classe

Quatre jours après la victoire du « non », un des faits essentiels est qu’on a assisté à un véritable vote de classe. Ces chiffres sont issus de deux sondages effectués à la sortie des urnes. Et le nombre de personnes interrogées, qui est très au-dessus des quotats habituels (5216 et 3355), permet de tirer des conclusions significatives.

Dans le premier sondages, ont voté pour le « non » :
  71 % des travailleurs en intérim,
  69 % des travailleurs en CDD,
  58 % des travailleurs en CDI.

Ce qui est confirmé par l’analyse du vote en fonction des revenus mensuels du foyer :
  66 % des ménages dont le revenu ne dépasse pas 1 500 euros,
  55 % des ménages dont le revenu est entre 1 500 et 3 000 euros,
  40 % des ménages dont le revenu est entre 3 000 et 4 500 euros,
  26 % d des ménages dont le revenu est supérieur à 4 500 euros.

Le deuxième sondage vient conforter les premiers chiffres :
  78 % des ouvriers ont voté « non »,
  67 % des employés,
  70 % des agriculteurs,
  71 % des chômeurs,
  64 % des salariés du public et 56 % de ceux du privé
logan
 
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