> CherE amiE,
>
> La réforme des retraites annoncée par le gouvernement sera débattue au
> parlement d'ici deux mois. Comment réagir ensemble lorsqu'il est encore
> temps.
> Comment réagir ensemble associatifs, intellectuels, syndicalistes si
> nous pensons que privé et public ne doivent cotiser que 37 ans et demi ?
>
> Si nous pensons que la répartition et la retraite à 60 ans à taux plein
> représentent des acquis qu'il faut défendre ? Comment réagir ensemble
> pour encourager toutes les mobilisations et diffuser très largement une
> argumentation pour défendre nos droits ? Avant qu'il ne soit
> définitivement trop tard.
> Beaucoup d'entre nous souhaitent un cadre collectif comme en 1995, mais
> personne ne sait très bien comment l'initier. Nous ne représentons que
> nous-même. Mais il nous semble qu'attendre plus longtemps serait
> attendre trop. Nous croyons qu'il faut maintenant, sans perdre davantage
> de temps, d'urgence nous rencontrer.
> Nous vous proposons donc de soumettre le plus largement possible le
> texte qui suit de façon à encourager toutes les revendications, et à
> regrouper plusieurs milliers d'associatifs, de syndicalistes du privé et
> du public, d'intellectuels.
> De nombreux syndicalistes CFDT, CGT, FSU et G 10 - Solidaires ont déjà
> signé le texte. Un premier bilan de toutes les signatures sera présenté
> à tous le lundi 14 avril. Pour décider ensemble comment donner un
> maximum d'écho à notre initiative nous t'invitons à la seconde réunion
> des signataires lundi 14 avril, à 19 h, à la Bourse du travail de
> République, rue du château d'eau (métro République), salle Pelloutier.
>
> RéuniEs ensemble, nous pouvons peser. Nous nous en donnerons les moyens,
> en les arrêtant collectivement lors d'une rencontre à la Mutualité avant
> la fin du mois d'avril. Ce texte bien sûr est à circulation libre.
> N'hésites surtout pas à le diffuser le plus largement possible. On peut
> le signer à http://www.appel-retraites.org et pour tout renseignement
> supplémentaire on peut s'adresser à [url=mailto:augen2@wanadoo.fr]augen2@wanadoo.fr[/url] ou au 01 48 05 83
> 72 (Willy Pelletier).
>
>
> Bien amicalement à toi et au lundi 14,
>
>
> Premiers signataires :
>
> Tony Andreani (professeur de science politique, Université Paris 8
> Saint-Denis), Bruno Bachini (maître de conférence en droit public, IEP
> de Paris), Eric Berr (économiste, Université Montesquieu Bordeaux 4),
> Marc Bessin (sociologue, CNRS), Bernard Charlot (sociologue, Université
> Paris 8 Saint-Denis), Sébastien Chauvin (sociologue), Laurent Cordonnier
> (économiste, Université Lille 1), Nicolas Daumas (expert auprès des CE),
> David Dupuy (expert auprès des CE), Sybille Fasso (enseignante,
> SNES-FSU), Gérard Filoche (inspecteur du travail), Bernard Friot
> (sociologue, Université Paris 10 Nanterre), Laurent Garrouste (juriste),
> Bertrand Geay (sociologue, Université de Poitiers), Didier Gélot
> (économiste), Karine Granier (agrégée de sciences économiques et
> sociales), Stéphane Guillemarre (professeur de philosophie), Michel
> Husson (économiste), Elsa Jacquemain (avocate), Olivier Laviolette
> (expert auprès des CE), Pierre Le Masne (maître de conférence en
> économie, Université de Poitiers), Claire Le Strat (politiste), Laurent
> Lévy (avocat), Michael Lowy (sociologue directeur de recherche au CNRS),
> Philippe Marlière (politiste, université de Londres), Lilian Mathieu
> (sociologue, CNRS), Nathalie Merley (maître de conférence en droit
> public), Philippe Monti (philosophe, IUFM Orléans Tours), Numa Murard
> (sociologue, Université Paris 7) Olivia d'Ovidio (agrégée de sciences
> économiques et sociales), Patricia Paperman (maître de conférence en
> sociologie, Université Paris 8 Saint-Denis) Willy Pelletier (sociologue,
> Université de Picardie), Evelyne Perrin (militante AC! réseau Stop
> précarité), Claude Piganiol-Jacquet (professeur d'économie et de
> gestion, Université de Tours), Pierre Picard (doctorant en sociologie,
> EHESS), Louis Pinto (sociologue, directeur de recherche CNRS), Pascal
> Queru (expert auprès des CE), Emmanuel Reich (expert auprès des CE),
> Violaine Roussel (maître de conférence en science politique, Université
> Paris 8 Saint-Denis), Frédéric Roux (agrégé de sciences économiques et
> sociales), Sabine Rozier (maître de conférence en science politique,
> Université de Picardie), Rémi Skoutelsky (expert auprès des CE), Patrick
> Simon (démographe, INED), Jeanne Singer (économiste), Jacques Texier
> (philosophe, Université de Paris 10 Nanterre), Philippe Zarka
> (astronome, chargé de recherche CNRS)
>
> Texte proposé à signature :
>
> Des retraites solidaires pour une société juste.
>
>
> Le 3 février, dans un discours-programme catastrophiste, le Premier
> ministre a délivré l'objectif gouvernemental concernant les retraites.
> Ce projet n'est " prudent " que pour la forme, car son contenu est
> explicite. La capitalisation sera développée : il faut " permettre aux
> Français de mieux épargner pour leur retraite ", dit J-P Raffarin. Il
> faut " harmoniser " public et privé autour des 40 annuités, poursuit-il.
> Et il célèbre, au final, " les mesures courageuses de 1993 " qui "
> doivent être confortées ". La retraite à 60 ans deviendra, en pratique,
> un droit impossible à faire valoir.
>
> Le débat sur les retraites est depuis longtemps faussé par la
> dramatisation des effets de l'allongement de la durée de vie. On agite
> sans cesse l'épouvantail d'un " choc " démographique qui menacerait de
> faire exploser le régime. On cherche à nous convaincre que le recul de
> l'âge de la retraite, et la baisse du niveau des pensions versées, sont
> des réformes inéluctables auxquelles seuls des irresponsables voudraient
> s'opposer.
>
> Certes, la proportion de personnes âgées va augmenter lors des
> prochaines décennies. Mais la vraie question est de savoir si la part du
> revenu national qui leur revient doit augmenter, ou bien s'il existe une
> loi économique cachée, une sorte de barrière invisible, qui force à
> maintenir cette part à son niveau actuel.
>
> Le Medef a sa propre réponse. Il ose exiger 45 annuités de cotisations
> alors qu'à 60 ans, du fait de la politique patronale de licenciements et
> de plans de préretraite, seul un actif sur trois a un emploi. Dans ce
> contexte, le passage à 40 annuités pour les fonctionnaires n'est qu'une
> étape : il s'agit de faire sauter un verrou qui permettra bientôt
> d'imposer à tous, et d'abord au secteur privé, une nouvelle augmentation
> de la durée de cotisation. L'équité entre privé et public est absolument
> fondamentale, mais elle ne peut être obtenue en étendant à ce dernier
> les mesures injustes dont les salariés du privé sont en train de faire
> les frais. Avec 40 annuités de cotisations, comment les chômeurs et les
> précaires, de plus en plus nombreux, peuvent-ils obtenir une retraite
> convenable ? Que dire de la situation de nombreuses femmes employées à
> temps partiel qui ne pourront obtenir qu'une retraite partielle ? La
> retraite ne doit pas, une fois de plus, creuser les inégalités
> hommes-femmes.
>
> Nous refusons que, sous prétexte de " réforme ", de nouvelles
> régressions viennent encore dégrader la situation. Nous proposons au
> contraire de refonder un système de retraite solidaire autour de trois
> garanties fondamentales :
>
> - droit à la retraite à taux plein à 60 ans ;
> - taux de remplacement d'au moins 75 % et indexation des retraites sur
> les salaires ;
> - 37 annuités et demi pour tous, privé et public.
>
> La mise en place de ce triptyque passe par l'abrogation des décrets
> Balladur de 1993 et de l'accord sur les retraites complémentaires de
> 1996. C'est dans ce cadre que peuvent et doivent être introduites les
> mesures nouvelles qui visent à mieux prendre en compte la réalité du
> monde du travail :
>
> - garantie d'une retraite au moins égale au SMIC ;
> - retraite à 55 ans pour les travaux pénibles, dangereux, postés ;
> - validation des périodes de chômage, d'emploi précaire, de temps
> partiel contraint et de formation.
>
> Ce projet est-il vraiment au-dessus de nos moyens, comme on cherche à
> nous le faire croire ? Selon le Conseil d'Orientation des Retraites, il
> ferait passer la part des retraites de plus de 12 % du PIB aujourd'hui à
> 18,5 % en 2040. Ce déplacement, étalé sur 40 ans, nous semble à la
> mesure des évolutions démographiques à venir.
>
> Pour en assurer le financement, les marges de manouvre sont
> considérables : il faudrait d'abord reconsidérer le partage des
> richesses dans notre pays. Aujourd'hui, 60 % de la valeur ajoutée va aux
> salaires (directs et indirects sous forme de cotisations) contre 70 % au
> début des années 80. La progression de 10 points de la part des profits
> n'a fait qu'accroître les revenus financiers, sans effet sur le chômage.
> Une augmentation de la cotisation patronale permettrait donc à la fois
> de financer les réformes que nous proposons, de redresser la part
> salariale dans la valeur ajoutée et de modifier la répartition de la
> masse salariale ainsi revalorisée entre actifs et retraités. Et même
> dans l'hypothèse la plus défavorable pour les salariés - c'est-à-dire
> celle où ils devraient supporter eux-mêmes l'intégralité de ce coût avec
> un partage stable entre salaires et profits ? les gains de productivité
> permettraient une progression du pouvoir d'achat des salaires trois fois
> plus rapide sur les vingt années à venir, qu'au cours des vingt
> dernières.
>
> De nombreux travaux, comme les expériences étrangères, montrent par
> ailleurs que les autres solutions, notamment la capitalisation ou le
> recul de l'âge de la retraite, sont factices et sources d'inégalités et
> d'incertitudes accrues, voire de catastrophes sociales comme pour les
> salariés d'Enron.
>
> Le choix qui nous est présenté comme la gestion concertée et experte des
> contraintes apparaît finalement comme un choix politique et social en
> faveur de la finance, au détriment des retraités. A cette régression,
> nous opposons un projet qui assure l'équité et la solidarité, entre
> actifs et entre générations.
>
> Et c'est au nom d'un tel projet que nous voulons nous mobiliser
> ensemble, syndicalistes, associatifs, enseignants et chercheurs, privé
> et public. Parce que c'est juste, parce que c'est possible.
>
> Contacts, signature, diffusion :
> Site : http://appel-retraites.org
> e-mail : [url=mailto:augen2@wanadoo.fr]augen2@wanadoo.fr[/url]
> 01 48 05 83 72 (Willy Pelletier)