Mise en examen d'un militant

[Louis]

AFP | 23.04.03 | 20h40

Un militant du collectif d'aide aux réfugiés de Calais C-Sur, "Moustache", a été mis en examen mercredi à Boulogne-sur-Mer pour "aide au séjour" d'immigrés clandestins, a-t-on appris auprès du collectif.Il a été placé sous contrôle judiciaire, a précisé le parquet.La justice lui interdit de quitter le territoire et de côtoyer les clandestins, même s'il peut rester membre de C-Sur. Il doit par ailleurs se présenter au commissariat chaque mois, a annoncé son avocat Antoine Deguines au cours d'une conférence de presse."Moustache", de son vrai nom Charles Framezelle, avait été interpellé mardi dans le cadre d'une commission rogatoire pour rechercher des passeurs. La police avait interpellé le même jour une quarantaine de réfugiés, exclusivement kurdes et irakiens selon le collectif.L'information judiciaire visant les passeurs a été ouverte fin 2002, aboutissant à une surveillance renforcée et à des écoutes téléphoniques, selon Me Deguines. "Moustache" aurait été interpellé car certains des passeurs mis en cause ont déjà logé chez lui.L'aide de "Moustache" aux réfugiés était connue des services de police depuis plusieurs mois, avait-il déclaré à l'AFP fin mars. Certains de ceux qu'il hébergeait étaient en règle, munis d'un sauf-conduit le temps de l'examen de leur demande d'asile, d'autres étaient clandestins."Moustache n'avait pas été inquiété jusque-là parce qu'on était en période hivernale", a déclaré à l'AFP René Biguet, membre de C-Sur, dénonçant "les gazages et les matraquages" contre les clandestins.Selon le collectif, l'accord avec le sous-préfet, qui prévoyait de ne pas interpeller les clandestins lors de l'aide humanitaire, "a été rompu, sans que nous ayons été informés de rien".De 100 à 250 migrants, surtout des Kurdes d'Irak et des Afghans, errent chaque jour dans les rues de Calais, en transit avant de tenter de traverser clandestinement la Manche, trois mois après la destruction du centre de la Croix-Rouge à Sangatte (Pas-de-Calais).Selon les associations, environ 70 d'entre eux trouvent chaque soir un refuge chez l'habitant à Calais et dans les villes alentour.