Retraites: les syndicats de fonctionnaires appellent à mobiliser «dans la durée» --par Jean-Marie Godard--
[24/04/2003 16:56]
MONTREUIL (AP) -- Les fédérations de fonctionnaires sortent l'artillerie lourde. Dans un texte commun à la teneur très offensive, six d'entre elles (CGT-FO-UNSA-FSU-CFTC-CGC) ont appelé jeudi toute la Fonction publique à faire grève et à manifester le 13 mai, mais également -et surtout- à se préparer à «un très haut niveau d'action inscrit dans la durée» pour faire reculer le gouvernement sur la réforme des retraites.
Seule la CFDT n'a pas voulu signer ce texte rédigé jeudi en fin de matinée au cours d'une réunion intersyndicale au siège de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis), tout en appelant quand même à la mobilisation le 13 mai.
Les orientations du gouvernement pour la réforme des retraites «prennent appui sur la combinaison de leviers essentiels» qui conduisent «à une baisse très importante du niveau des pensions. Tout cela est inacceptable», jugent les syndicats dans leur appel.
Tout en affirmant qu'une réforme «est nécessaire pour assurer le devenir des retraites», ils jugent qu'elle «ne peut passer par le recul des droits sociaux».
En effet, pour les signataires, «en refusant de s'attaquer à la question des financements et de l'affectation des richesses créées pour consolider et améliorer les régimes de retraites, le gouvernement entend imposer des choix qui se traduiraient par un véritable recul de société».
«L'impact en serait considérable sur le niveau de vie des futurs retraités, sur l'âge de départ en retraite, sur l'emploi et l'avenir des jeunes, sur le pouvoir d'achat. Les actuels retraités ne seraient pas épargnés. Les inégalités sociales se creuseraient encore plus fortement, avec notamment une mise en place de fonds de pensions remettant en cause le système par répartition», poursuit le texte.
«Face à de tels enjeux de société, face à un tel refus d'entendre, face au refus obstiné de toute négociation, c'est l'intervention unitaire, massive, déterminée des salariés qui est à l'ordre du jour», déclarent les syndicats qui appellent «dans tous les ministères, services, collectivités, établissements» à «porter» l'action «à un très haut niveau» et à «l'inscrire dans la durée».
Pour cela, ils «appellent tous les agents de la Fonction publique à organiser des réunions unitaires, partout, à tous niveaux, à développer, élargir et poursuivre des actions qui sont en cours dans différents secteurs», comme par exemple à l'Education nationale, et enfin «à s'inscrire dans un développement progressif de l'action».
«En clair, ça veut dire qu'on ne s'arrête pas le 13 et qu'on peut commencer avant», a prévenu le secrétaire général de la CGT-Fonction publique, Bernard Lhubert, une position approuvée par les participants à la réunion intersyndicale, sauf les délégués de la CFDT.
Cette dernière estime en effet que «focaliser la réforme des pensions sur les fonctionnaires va démobiliser les salariés du privé» et que «le code des pensions de la Fonction publique n'est pas un chose figée sur laquelle on ne peut rien bouger».
La CFDT n'est pas opposée à l'alignement de la durée de cotisations du public sur le privé, à condition que le gouvernement fasse trois concessions: un niveau de retraite à 100% du SMIC pour les plus bas salaires, la possibilité de départ avant 60 ans pour les salariés ayant commencé à travailler entre 14 et 17 ans, ainsi que l'intégration des primes dans le calcul des pensions pour les fonctionnaires.
L'appel des syndicats de la Fonction publique fait écho à celui lancé en direction des salariés du public, du privé, et des retraités par les confédérations -à l'exception cette fois-ci de la CGC- mercredi soir pour la journée du 13 mai.
Reste à savoir si la mobilisation va prendre. «Il va se passer des choses en mai. Ca, c'est clair», affirment en coeur les fédérations de fonctionnaires qui misent sur la conjonction de plusieurs autres sujets de mécontentement -les mesures prises à l'Education nationale, le non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite, les restrictions budgétaires- pour «faire monter une mayonnaise importante». AP