(Rouge cette semaine a écrit :Grand écart
Lutte ouvrière (LO) s’est présentée sur 186 listes, dont 117 sous ses propres couleurs. LO a annoncé avoir 36 candidats élus au premier tour, dont 21 sur des listes unitaires et quinze sur des listes LO. Précision utile : par listes unitaires, LO entend, à quelques exceptions près, celles où elle figurait avec le PS et le PCF.
Nous étions présents dans 65 des 117 communes où LO avait sa propre liste. La bêtise sectaire serait de constater que, dans aucun cas, LO n’a devancé une liste présentée ou soutenue par la LCR. Il est une autre manière d’aborder le bilan de cette séquence électorale – c’est la nôtre –, c’est d’imaginer quelle aurait été la dynamique électorale si, au lieu de faire cavalier seul, lorsque le PS et le PCF déclinaient ses offres de service, LO s’était associée à la LCR et ses partenaires.
Dans combien de villes aurions-nous dépassé les 5 %, et même les 10 % ? Combien d’élus anticapitalistes seraient, avec toutes les limites que l’on connaît, en capacité de faire écho, dans les municipalités, aux préoccupations des usagers des services publics, exiger des crèches, des logements, la remunicipalisation de l’eau, etc. ? Combien plus forts serions-nous pour prévenir les mauvais coups et préparer les mobilisations avec les populations concernées ? Est-ce que l’affirmation d’une gauche radicale, même au plan électoral, aurait servi ou desservi les mobilisations à venir ? Qui peut douter des réponses à ces questions ?
Nous le répétons, LO a commis une double erreur politique : celle de ne pas s’inscrire dans un cadre unitaire comprenant la LCR, et celle de se fourvoyer avec la gauche institutionnelle. Cette gauche qui, aujourd’hui, n’a de cesse de lorgner vers le Modem, comme le fait le PS, ou de regarder ailleurs avec un air gêné, comme l’a fait le PCF à Grenoble, en attendant d’avaler d’autres couleuvres entre les deux tours. Dans une déclaration, LO assure qu’« après le second tour, le nombre d’élus LO devra donc dépasser celui de 2001 ». Mais la question reste entière : à quel prix ?
Olivier Martin