par Louis » 18 Juin 2003, 20:42
Immolés par le feu pour protester contre le coup de filet anti Moudjahidin
En 24 heures, trois sympathisants de l'organisation de l'opposition iranienne se sont transformés en torche • Une femme est décédée à Paris • Après le coup de filet spectaculaire mené mardi en région parisienne contre le mouvement, 140 personnes ont été relâchées mercredi.
Par Liberation.fr
mercredi 18 juin 2003
(Liberation.fr - 17:56)
Marzieh Babakhani, une opposante iranienne sympathisante des Moudjahidine du peuple iranien qui a tenté de s'immoler lors d'une manifestation devant le siège de la Direction de la surveillance du territoire (DST), dans le XVe arrondissement de Paris, est décédé à l'hôpital des suites de ses brûlures.
© REUTERS
n 24 heures, trois proches de l'Organisation de Moudjahidin du peuple iranien se sont immolés. L'un d'eux, une femme d'une quarantaine d'année qui s'était aspergée d'essence mercredi matin devant les locaux de la DST, à Paris, où 26 représentants du mouvement sont encore en garde à vue, est décédé dans l'après-midi. La scène s'est répétée au même endroit dans l'après-midi, lorsque une femme a tenté de se transformer en torche vivante. «La première est décédée, la deuxième est très mal en point», a indiqué le parquet de Paris. Deux personnes ont été interpellées et placées en garde à vue en début d'après-midi et une enquête a été ouverte par la brigade criminelle pour non assistance à personne en péril. Devant l'ambassade de Berne, en Suisse, c'est un homme qui a tenté en vain de s'immoler par le feu lors d'une petite manifestation de sympathisants du mouvement. La veille, devant la représentation française à Londres, un homme, brûlé à 40%, a été hospitalisé dans un état grave.
Mgr Jacques Gaillot, qui a rejoint mercredi les manifestants massés en face du siège de la DST, dans les XVè arrondissement, a dit comprendre «leur désespoir». «Les Moudjahidin sont des réfugiés politiques, ils ont des droits, ils se sentent livrés, trahis par la France, je comprends que par désespoir certains en viennent à s'immoler». «Je les connais depuis longtemps, à ma connaissance ils ont respecté les lois de la République», a ajouté l'évêque sans diocèse, soulignant qu'à Auvers-sur-Oise (Val-d'Oise) «ils vivent de façon très spartiate». A Auvers-sur-Oise, justement, des membres du mouvement libérés mardi sont rassemblés depuis le début de la matinée pour réclamer la levée du blocage du QG de l'organisation. Ils réclament aussi, la libération de Maryam Radjavi, l'épouse du chef de l'organisation, Massoud Radjavi, désignée par le groupe comme «la future présidente de l'Iran».
Au lendemain du spectaculaire coup de filet lancé mardi en banlieue parisienne (Lire l'article), 26 personnes sont encore retenues. 21 seraient des dirigeants de l'organisation, cinq autres des militants de base et moins d'une dizaine d'entre eux feraient l'objet d'une procédure d'expulsion ou de reconduite à la frontière. Les enquêteurs peuvent encore maintenir les suspects en garde à vue jusqu'à samedi matin, ensuite ils seront présentés au juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière pour une mise en examen ou une remise en liberté. Sur les 165 interpellés, près de 140 ont été relâchés sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux.
Proportionnellement aux moyens engagés- 1200 policiers, 80 gendarmes du GIGN - le bilan des perquisitions paraît faible: aucune arme ni substance explosive n'ont été trouvées. Les coffres de l'organisation étaient en revanche bien remplis: au total, huit millions de dollars américains en espèces répartis dans un coffre-fort et des valises ont été découverts. Pour l'instant, il n'est reproché à l'organisation iranienne que la préparation depuis la France d'attentats en Iran, avec de possibles opérations financières frauduleuses. Mais le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, a justifié mercredi «une action de lutte antiterroriste» contre une «organisation (...) dont l'action est surveillée de longue date». Selon lui, «l'opération menée hier (mercredi) a bien mis en lumière les activités illégales et dangereuses de cette organisation».
Téhéran, plutôt silencieuse jusqu'à présent a demandé mercredi l'extradition des membres de la principale opposition armée au régime (Lire l'article). «Dans la mesure où la République islamique a été la victime des agissements de ces gens, sa demande naturelle, c'est qu'ils soient jugés là où ils ont commis leurs crimes, ou bien le plus grand nombre de leurs crimes», a déclaré le président iranien, Mohammad Khatami, devant la presse. Saluant l'initiative de Paris, l'Iran incité les Etats-Unis à prendre exemple sur la France en intervenant contre les camps des Moudjahidin du peuple basés en Irak.