a écrit : Casimirowski
Personnellement, je suis un instituteur de 53 ans, mon salaire se situe autour de 2000 € et franchement, je n'en ai pas honte. Sur un autre plan, j'apprécie beaucoup les interventions des camarades, quelque soie leur statut de salarié,
En effet, on se demande bien pourquoi tu en aurais honte ! Et les ingénieurs et médecins qui gagnent deux fois ou trois fois ton salaire n'ont pas de raison non plus d'en avoir honte. Ce ne sont pas des exploiteurs. De plus, ils font pour la plupart un travail socialement utile.
Ce n'est pas une question d'ordre moral, de honte ou de fierté, mais de caractérisation sociale. Salarié n'est pas synonyme de prolétaire, ou de "travailleur", dans le sens "membre de la classe ouvrière" où on l'emploie. Une partie des salariés se rattachent à la petite bourgeoisie, tout autant par leur fonction que par leurs revenus. Car, si on ne peut pas faire abstraction du salaire, il y a des ouvriers qui gagnent davantage que des petits bourgeois. C'est la place dans la division sociale du travail qui détermine l'appartenance de classe.
a écrit : Quijote
il n ' y avait aucun mépris de la part de LO vis à vis des "'profs , ( ou" petits bourgeois") comme tu sembles le laisser croire ..
Et pourquoi donc LO aurait-elle pu mépriser les enseignants, alors qu'elle comptait déjà un grand nombre d'enseignants dans ses rangs ? C'est tout à fait ridicule et je n'ai jamais dit ou insinué une chose pareille. Une fois de plus, tu me fais vraiment un procès d'intention.
Ce que je dis et que Ottokar semble confirmer, c'est que le statut de classe des profs a changé "aux yeux de LO". Ca ne signifie pas qu'ils aient pu être méprisés auparavant ! (Je ne suis pas convaincu pour ma part de cette prolétarisation du corps enseignant au cours de strente dernières années.)
Il y a d'autant moins de raison de mépriser des membres de classes petites bourgeoises, voire bourgeoises, qui s'engagent aux côtés des travailleurs, que cela représente dans certains cas un choix, une rupture avec leur classe relativement courageuse pour certains d'entre eux. Ni Marx, ni Lénine, ni Trotsky, ni... Mandel, ni Krivine, ni Hardy n'ont jamais mis les pieds en usine, sinon pour y faire des discours.
Donc, même réflexion, ce n'est pas une question "morale" de mépris, mais de caractérisation de classe.
La portée symbolique d'une candidature "ouvrière"Comme quelqu'un le soulignait plus haut, le choix d'un(e) candidat(e), d'un(e) porte-parole a une forte portée symbolique, dans une société où les candidats de tous les partis ou presque appartiennent aux classes privilégiées et aux professions intellectuelles, à quelques exceptions près. Le mépris dont Arlette était et est toujours l'objet dans certains milieux est sans aucun doute lié à sa situation sociale (et aussi à sa condition de femme). Pour ce qui est de Besancenot, dont personne ne peut nier les qualités médiatiques, son sens des réparties etc, on entend souvent dire que ce ne serait pas "un vrai facteur". (Sous-entendu : un simple postier ne serait pas capable de parler aussi bien que lui, de tenir tête aux autres personnalités politiques, aux journalistes etc).
Pour ces différentes raisons, même si ce n'est pas un principe, il me semble que c'est mieux de présenter des travailleurs. Car justement, ils donnent une autre image des travailleurs que celle que propagent les médias. Ils donnent l'image de gens qui se considèrent tout aussi capables que ceux qui les exploitent de diriger cette société, qui ne se sentent pas obligés de s'en remettre à des professionnels du discours.
Ensuite, évidemment, certains porte-parole ont du charisme, d'autres en ont moins, même si tous se professionnalisent après quelques années d'interventions dans les médias. Arlette a un charisme assez exceptionnel, peut-être lié en partie à son vécu de travailleuse. Olivier a beaucoup de charisme aussi. Chacun peut constater que MG Buffet ou Aubry n'ont strictement aucun, même si elles sont parfaitement rodées au jeu médiatique. Un camarade comme Xavier Mathieu a pas mal de charisme aussi, dommage qu'il ne fasse pas le choix de s'engager à l'extrême-gauche.
Franchement, sans tomber dans l'ouvrièrisme stupide, ça me semble toujours vraiment préférable de mettre en avant des travailleurs plutôt que des intellectuels professionnels. Même si Ottokar a raison de souligner que personne ne conteste plus l'implication de LO (ou d'ailleurs du NPA) dans le monde du travail, le caractère symbolique de ce choix reste très important aujourd'hui.