par stef » 18 Sep 2003, 22:36
L'art de poser les fausses questions pour arriver à la réponse voulue : les travailleurs sont responsables de leur sort, ces abrutis.
Relisons comment la question est posée par Reval :
Génuflexion devant l'ampleur des manifestations de mai-juin, puis : CITATION le mécontentement n'est pas encore si important qu'il pousse les travailleurs dans la lutte[/quote].
Bref : ils ne sont pas encore conscients de leur malheur les pauvres.... (vas dire ça à un prof, Reval : ça lui plaira).
Je propose une autre analyse : les travailleurs se sont heurtés au mur des directions syndicales, la Grève Générale, possible, ne s'est pas réalisée et au final le plan Fillon a été voté sans anicroche majeure.
Donc les travailleurs - qui d'ailleurs viennent de rentrer depuis 2 semaines de congé : un peu tôt pour conclure, (pourquoi tant de précipitation à conclure au découragement, est-ce si urgent ?) absorbent cette incontestable défaite et en tirent les leçons.
Bref même si la classe ouvrière était aussi prostrée que ne le dit Reval - ce que je ne pense pas même si je n'ai jamais parlé de second tour social à la rentrée - ça ne prouverait strictement rien concernant mai-juin 2003.
Maintenant je répète que quand à plusieurs reprises, par centaines de milliers, les travailleurs descendent dans la rue, oui, c'est la Grève Générale qui est à l'ordre du jour. C'est mon appréciation. C'est visiblement aussi celle qu'avaient les travailleurs de la RATP ou de la SNCF le 13 mai.
Enfin, c'est aussi l'appréciation d'un autre expert :
CITATION « Avant l'été, si la CGT l'avait voulu, confie un ministre de Raffarin, le pays basculait dans la grève générale » (« Le Parisien » du 27 août). [/quote]
Autrement dit, à peu près tout le monde (on trouve peu ou prou la même analyse dans le texte des ex JCR 34, des éléments en ce sens dans la presse LCR...) dit qu'il n'y a pas eu GG à cause de la politique des directions. Sauf les militants de LO comme Reval qui ne voient dans tout ceci qu'agitation gaucharde et qui fort logiquement considèrent donc (LDC 74) :
CITATION Le sentiment que, pour faire reculer le gouvernement, il faudrait non seulement un mouvement qui montre une forte détermination, mais qui entraîne aussi les travailleurs du privé était dans les têtes. Les syndicats insistaient à juste titre sur cette nécessité. La fédération CGT des cheminots déclarait par exemple : " C'est pourquoi la fédération CGT des cheminots est résolument engagée dans la construction d'un mouvement de " Tous ensemble" interprofessionnel de nature à élargir la mobilisation au plus grand nombre, condition essentielle pour être en capacité d'imposer une autre réforme des retraites". Une déclaration commune CGT, FO, UNSA, FSU allait dans le même sens : " En effet, seule une généralisation du mouvement, privé-public, et s'inscrivant dans la durée, pourra faire revenir le gouvernement sur ses choix néfastes". C'était là évidemment un des principaux problèmes : comment élargir les grèves ? [/quote]
Et encore :
CITATION
Le mouvement tel qu'il était pouvait-il déboucher sur une grève générale ?
Certains, en particulier parmi ceux qui se sont le plus engagés dans le mouvement, l'ont pensé et exprimé en faisant découler, de la nécessité de la généralisation de la grève pour vaincre, la conclusion qu'une grève générale était possible, voire inscrite dans l'évolution de la mobilisation.
D'autres en ont tiré de l'amertume à l'égard de la CGT, accusant explicitement son secrétaire général, Thibault, de porter une responsabilité déterminante dans le fait de ne pas avoir appelé ouvertement à la grève générale. Mais la direction de la CGT ne mérite ni tant d'honneur ni tant d'indignité.
[/quote]
Ou :
CITATION La CGT n'a pas mis consciemment tout en oeuvre (seulement un peu - NdStef) pour favoriser la généralisation de la grève, et c'est le moins qu'on puisse dire. Dans certains secteurs, comme la RATP ou chez les cheminots, à certains moments, notamment les jours qui ont suivi le 13 mai, elle s'est franchement opposée à ceux qui proposaient de prolonger la journée nationale par des grèves reconductibles. [/quote]
En fait la CGT a consciemment... cassé la grève.
Conclusion :
CITATION La responsabilité de la CGT en tant que principale confédération syndicale se situe, pour une large part, bien en amont de ces semaines de lutte.[/quote]
Conclusion - on l'a vu - qui n'est pas partagée par le gouvernement....
Bref, l'analyse que fait Reval ne s'appuie ni sur les faits ni sur les indices que sont les commentaires faits par le gvt lui-même. A chacun de mesurer laquelle - de la sienne ou la mienne - est la plus proche de ce qu'il a pu vérifier par lui même.
Mais en tout cas : les conditions de la rentrée (blitzkrieg contre les acquis ouvriers sur la lancée de la loi Fillon) ne prouvent rien !