Byrrh, juste une remarque, assez centrale je crois.
Et qu'on ne me dise pas qu'il est impossible que l'auto-organisation des opprimés se fasse sur un terrain de classe.
Je crois que tu renverses l'accusation, là. Tu demandes in fine aux victimes du racisme ou aux personnes favorables à des actions antiracistes d'abandonner leurs revendications propres pour adopter le programme communiste. Si le racisme n'était qu'un problème de classe, alors il n'y aurait pas de raison d'avancer indépendamment. Le racisme est notamment un problème de classe, et en lien avec l'histoire économique, mais ce n'est pas que cela. Réduire le racisme à un rapport de classe c'est effacer des inégalités raciales, même économiques.
Prends par exemple cet article et ces statistiques dans Jacobin :
https://www.jacobinmag.com/2015/08/race ... es-matter/Matt Bruenig dit une chose assez maline qui est que certes, l'appartenance de classe sociale est le premier vecteur d'inégalités, mais qu'au sein même de groupes socio-économiques, il existe des différences fortes basées sur les distinctions dites raciales. Il faut en conclure que race et classe fonctionnent certes ensemble, mais aussi distinctement à la fois. J'en conclus qu'il faut des revendications antiracistes propres, et même des organisations antiracistes indépendantes et alliées du mouvement des travailleurs.
Cette analyse est impossible en France parce que les statistiques ethniques sont illégales. Bien sûr ça se comprend avec l'épisode Vichy, mais je pense qu'une conséquence de cela est la cécité de beaucoup à l'égard du problème raciste.
Evidemment, ça n'est pas concevable pour qui croit que les seuls progressistes sur cette planète sont quelques centaines de trotskystes qui fort heureusement pour celui qui le croit sont dans son pays et pas ailleurs, et que toutes les autres formes d'organisation sont in fine des forces capitalistes. (pas toi, obviously)
Je sais que tu affectionnes particulièrement l'argument disant qu'une société sans exploitation est une condition indispensable de la libération des homosexuels. Personnellement, je n'en suis pas convaincu, même si je pense comme toi qu'en matière de sexisme, la marchandisation des personnes, de leur capacité à travailler et de leur corps est un vecteur puissant d'une culture de haine. Mais je sais aussi que tu as conscience que la bataille ayant amélioré le sort des homosexuels lors du 20ème siècle n'a pas été gagnée par le mouvement ouvrier, et en tout cas, pas grâce à son action seule. Il a fallu des acteurs extérieurs pour changer les représentations.
Sinon, pour ceux qui pensent qu'un blanc pauvre ne bénéficie d'aucun privilège raciste, il y a ce texte, pas super bien traduit mais intéressant, qui circule.
http://www.etatdexception.net/expliquer ... et-pauvre/