A Clichy, le conflit sur les prières de rue s’enlise
Depuis l’élection de Rémi Muzeau (LR) à la mairie en 2015, les relations entre municipalité et musulmans se sont dégradées.
LE MONDE | 18.11.2017 à 10h47 | Par Louise Couvelaire
Des personnes de confession musulmane manifestent à l'appel de l'UAMC (Union des associations musulmanes de Clichy), le 17 novembre 2017 sur la place du marché de Clichy, pour réclamer le droit à prier dans la rue.
Une poignée d’hommes seulement, tapis de prière plié sous le bras, se sont présentés place du Marché, en face de la mairie de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), à 12 h 30 ce vendredi 17 novembre, comme ils le font chaque semaine depuis huit mois. Depuis l’évacuation par les forces de l’ordre de la salle de prière qu’ils occupaient depuis plus de trois ans dans le centre-ville, c’est ici, dans la rue, qu’ils prient, « en attendant un lieu digne ». Vendredi, ils ont été accueillis par une vingtaine de camionnettes de CRS. Ces quelques fidèles n’avaient pas été informés de l’interdiction émise la veille par le préfet. Les autres l’ont respectée et ne sont pas venus. Cette décision préfectorale est le énième épisode d’un conflit qui s’enlise.
Cela fait des mois que le maire LR de Clichy, Rémi Muzeau, et l’Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC) se livrent à un véritable bras de fer. La tension est montée d’un cran vendredi 10 novembre. A l’appel de l’édile, une centaine d’élus LR, UDI, FN et MoDem en écharpe tricolore et munis d’une banderole « Stop aux prières de rue illégales » se sont rassemblés en chantant la Marseillaise – la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, en tête – pour tenter d’empêcher les musulmans de faire leur prière dans la rue.
« On ne veut pas prier dans la rue. Pour nous, c’est une humiliation », un musulman de Clichy
L’ultime réunion de conciliation, qui s’en est suivie jeudi 16 novembre, menée par le préfet des Hauts-de-Seine, n’a satisfait que la mairie. Pour Rémi Muzeau, l’affaire est pliée. « Je voulais que les prières de rue soient interdites, c’est le cas, se félicite-t-il, convaincu que la décision du préfet va créer un précédent. Pour moi, ça s’arrête là ». Pas pour l’UAMC. Même si, au fil des mois, la mobilisation s’était essoufflée : les fidèles étaient entre 1 200 et 2 000 dans la rue le 24 mars, à peine cent début...