CITATION
PS et PC inquiets face à l'extrême gauche
« Ca peut faire du tort à toute la gauche, pas seulement au Parti communiste français ». Secrétaire régionale du PC de Champagne-Ardenne, Karine Jarry ne cache pas son inquiétude après l'accord électoral annoncé par les deux principales formations d'extrême gauche pour les prochaines régionales et européennes. « Je ne suis pas certaine que cette union serve à faire reculer le sentiment de défiance que les Français ont manifesté vis-à-vis de la gauche le 21 avril 2002 ». La responsable communiste s'agace surtout de ce que le tandem formé par la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) et LO (Lutte ouvrière) continue à renvoyer dos à dos gauche et droite. Un point de vue que partage le chef de file des socialistes axonais, Jean-Jacques Thomas. « J'étais de ceux qui jugeaient important de répondre aux propositions de dialogue de la LCR. Elle a fait son choix avec LO. J'ai du mal à comprendre. Je crains que cette alliance de circonstance génère un peu plus de frustrations ».
Jean-Jacques Thomas, qui se situe dans l'aile gauche du PS (il est membre du Nouveau parti socialiste), milite en faveur d'une recomposition du paysage politique. Pour lui, cet accord « qui ne lève pas les contradictions entre la LCR et LO », ne répond pas aux attentes de l'électorat de gauche, « parce qu'il ne débouche pas sur une prise de responsabilités ». Karine Jarry pense non seulement que cet accord « est dangereux pour l'émergence d'une véritable alternative politique », mais qu'en plus, « il va servir la droite ». Ce que dit aussi Philippe Vuilque, député socialiste des Ardennes, qui dénonce « la stratégie de la terre brûlée » qui vise l'ancienne gauche gouvernementale. Il qualifie « d'inefficace » la démarche politique de l'extrême gauche qui « ne propose rien de concret ».
Gérard Lalot, président du groupe communiste au conseil régional de Picardie, considère que cette union « peut être couronnée de succès », mais ne s'en réjouit pas. D'abord parce qu'il ne place pas à égalité les deux formations d'extrême gauche, et surtout parce que selon lui, c'est le parti communiste « qui devait, qui doit prendre des initiatives pour rassembler ». Il reste néanmoins convaincu qu'une recomposition de la gauche, sur des valeurs altermondialistes et anticapitalistes « est inéluctable ».
Actuellement, l'extrême gauche ne compte que trois élus LO au conseil régional de Picardie, et un seul à celui de Champagne-Ardenne. Celui-ci, Thomas Rose, se refuse à tout pronostic sur les chances de succès de cet accord avec la LCR. Il justifie le mariage de raison par le fait « que la gauche n'a pas rempli son contrat, ce qui donne plus de facilité à la droite dans la pratique de la surenchère ».
Si l'on se réfère au premier tour de la présidentielle de 2001, le vote d'extrême gauche (dominé par Lutte ouvrière, et auquel il faut également ajouter les voix de Daniel Gluckstein) pèse 13,6 % dans l'Aisne, 12,2 % dans les Ardennes et 11,3 % dans la Marne. Des niveaux qui dépassent l'indispensable barre des 10 % à partir de laquelle des listes peuvent se maintenir au second tour des régionales.
Jean-Michel François
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