OUEST-FRANCE du 31/10/03
Le parti d'Olivier Besancenot et d'Alain Krivine en congrès à Saint-Denis La LCR se sent pousser des ailes
La Ligue communiste révolutionnaire {LCR) tient son XVè congrès à Saint-Denis, près de Paris. D'ici à dimanche, elle devrait officialiser un accord électoral avec Lutte ouvrière pour les élections régionales et les européennes.
SAINT-DENIS. - Ce sont les bêtes noires de la gauche parlementaire. Le PCF jalouse leur dynamisme. Les Verts leur discipline. Le PS leur capacité à séduire les jeunes. Les militants de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) sont réunis à Saint-Denis (Seine-Saint Denis) depuis hier et jusqu'à dimanche pour leur XVè congrès. Un congrès qui veut faire date en scellant l'union de l'extrême gauche dans un accord avec Lutte ouvrière pour les élections régionales et européennes du printemps prochain. Longtemps qualifiée de groupuscule, la LCR a manifestement grandi. Il lui faut désormais un centre de congrès pour réunir ses délégués. Le hasard, et rien d'autre, assurent ses dirigeants, a voulu comme un pied de nez, que ce soit à Eurosites, près du Stade de France, là même où le PCF avait tenu son propre congrès en avril damier. Dans la salle principale, des banderoles décorent chichement les murs. Elles réclament l'« interdiction des licenciements» ou l'«< l'égalité des retraites », voire «Une autre Europe ». La plus grande trône au-dessus de la tribune. « Nos vies valent mieux que leurs profits», assène -t-elle. «Ça résume bien ce qu'on pense tous, explique Thierry, la trentaine, enseignant en banlieue parisienne. Nous sommes contre cette société où c'est la Bourse qui décide de nos vies.» Vingt-quatre ans la semaine dernière, Sophie, employée administrative, a adhéré à la LCR après le 21 avril «parce qu'il fallait bien faire quelque chose ». Elle confie que les discussions avec ses parents, «des socialos», sont toujours vives. «Ils disent que J'ai pas les pieds sur terre, qu'il y'aura toujours des patrons, qu'il faudra toujours se battre pour améliorer sa paie. Mais, moi, je suis pressée. C'est maintenant que je veux pouvoir partir en vacances. Pas quand je serai à la retraite. À combien déjà? Soixante-dix ans?» La LCR revendique aujourd'hui 3000adhérents. Deux fois plus qu'il y a dix-huit mois. « C’est vrai,on a le vent en poupe», se réjouit Alain Krivine, la dirigeant historique. Ils sont plutôt jeunes, à l'innage d'Olivier Besancenot, leur nouveau chef de file, aux deux tiers des hommes, souvent issus de la Fonction publique. « En fait, précise un dirigeant, on se rapproche de plus en plus de la société. Les femmes sont plus nombreuses. On commence même à recruter dans le privé. »
« On s'oppose d'abord »
Les cotisations sont proportionnelles au salaire. Pour ceux qui gagnent le Smic, la LCR se contente de 1 %, soit 10 € par mois. «Au-dessus, ça peut aller Jusqu'à 2,5%.» .Mais tout le monde paie, même les çhômeurs. «On y tient.» Question d'implication. Hier, des militants venus de toute la France ont témoigné de leurs luttes. Avec des mots de tous les jours. Le langage des usines, de la rue, du métro. Une plongée dans la réalite. La France d'en bas, dirait le Premier ministre, qui, d'évidence, ne serait pas ici le bienvenu. Mais quel dirigeant politique d'aujourd'hui le serait ? A la Ligue communiste révolutionnaire, on est surtout contre. «On s'oppose d'abord, c'est l'urgence», confirme Simon, 34 ans, agent d'entretien. Pour lecompromis, voyez le PS. »
Roland GODEFROY.