synthèse du Figaro

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Message par pelon » 28 Déc 2003, 09:34

a écrit :
BILAN 2003 Vingt mois après la défaite de Lionel Jospin à la présidentielle, les partis de gauche n'ont pas réussi à créer une nouvelle dynamique unitaire
L'année où l'opposition est restée plus que jamais plurielle
Après le bilan de l'année écoulée vu de l'Elysée et de Matignon (nos éditions des 23 et 24 décembre), nous poursuivons aujourd'hui notre série rétrospective avec un retour sur les douze derniers mois vécus par l'opposition.
Elsa Freyssenet
[25 décembre 2003]

Vingt mois après la disqualification de Lionel Jospin dès le premier tour de la présidentielle de 2002, la «reconstruction» de la gauche n'est toujours qu'une vague perspective. En presque deux ans, les ex-partenaires de la défunte majorité plurielle n'ont réussi à s'entendre ni sur une structure, ni sur une stratégie, ni sur une méthode de travail communes.

Il faut attendre que tous les partis d'opposition tiennent leur congrès pour y voir plus clair, disaient les socialistes au début de l'année 2003. Ces congrès ont eu lieu, sans éclaircir grand-chose. Des alliances électorales, à géométrie variable, ont ensuite été conclues, au coup par coup, pour les régionales de mars 2004. Mais au niveau national le chantier de l'unité n'a pas avancé. On verra bien après les régionales, sous-entend aujourd'hui François Hollande. «Elles peuvent accélérer la reconstruction de la gauche», a-t-il récemment déclaré au Monde. Le premier secrétaire du PS semble ainsi s'en remettre au nouveau mode de scrutin, défavorable aux petits partis, pour convaincre le PCF et les Verts des vertus d'une union durable. Il y a encore quelques mois, il comptait sur une adhésion plus constructive que le simple «principe de réalité».

«On ne contraint pas à l'union, on la fait», disait-il en janvier dernier. Conscient de la crainte d'une bipolarisation de la vie politique française nourrie par les autres partis de gauche, le PS a mêlé sa voix à la leur pour condamner la réforme des modes de scrutin. Ce fut d'ailleurs l'une des très rares initiatives communes de l'année. Désireux de ne pas crisper communistes et écologistes, le premier secrétaire du PS jugeait également inutile d'évoquer la création d'un parti unique, pendant de l'UMP à gauche : défendue par les socialistes Dominique Strauss-Kahn et Jean-Christophe Cambadélis, cette idée n'avait été reprise que par le président du PRG Jean-Michel Baylet. «Il n'y a pas besoin de se marier pour vivre heureux. Concentrons-nous sur la démarche», lançait François Hollande dans son discours de clôture du congrès du PS, le 18 mai à Dijon. Et la démarche témoignait d'une certaine ambition : il s'agissait de tourner le dos aux accords bilatéraux PS-PCF et PS-Verts pour discuter «collectivement» d'un projet et de candidatures communes. Des «forums de la gauche» devaient être organisés dès l'automne pour favoriser le rassemblement aux régionales et commencer à élaborer un «contrat de gouvernement» pour 2007. Aucune de ces idées n'a réellement été mise en oeuvre. Pour des raisons qui tiennent autant aux tâtonnements du PS qu'à l'instabilité de ses partenaires.

Traumatisé par le score historiquement bas de Robert Hue à la présidentielle de 2002 (3,37%), le PCF ne sait plus parler d'une seule voix. Tenants d'une ligne identitaire, les orthodoxes se sont opposés aux partisans de l'union de la gauche, eux-mêmes en butte aux critiques des «refondateurs» qui rêvaient d'un «pôle de radicalité» associant acteurs du mouvement social et trotskistes de la LCR. Réélue en avril au terme d'un congrès inhabituellement houleux, la secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet n'est pas parvenue à fédérer ces multiples sensibilités. Convaincue que le salut de son parti nécessitait une «démarche nouvelle», elle a refusé de s'associer à toute initiative au sommet. «On ne pourra pas reconstruire la gauche autour d'un grand parti socialiste qui sommerait les autres de se rallier à son panache blanc», a-t-elle répété. Le PCF tentait de nouer un dialogue direct avec les citoyens à travers des forums locaux et en participant à toutes les manifestations syndicales et altermondialistes. Même s'ils n'étaient le fait que de groupes radicaux, l'agression subie en juin par le PS au contre-sommet du G 8 d'Annemasse, le démontage de son stand en août sur le plateau du Larzac et les heurts qui ont émaillé la manifestation de clôture du Forum social européen en novembre à Paris, témoignait pour les communistes d'une coupure dommageable entre le principal parti de gauche et la rue.

La nouvelle direction des Verts réclamait, elle, des discussions, sans être toutefois très claire sur leur objectif. «Il n'y a pas d'alternance politique possible sans le PS, mais y a-t-il une véritable politique alternative possible avec le PS ?», s'interrogeait en septembre le secrétaire national Gilles Lemaire. Elu en janvier à la tête d'une majorité composite, il n'a pas réussi à s'imposer comme le numéro un du mouvement écologiste. Ses opposants ont tout fait pour contrer sa stratégie d'autonomie au premier tour des régionales, Dominique Voynet allant jusqu'à court-circuiter son parti en conviant Laurent Fabius et François Hollande à un colloque pour «réveiller les gauches» fin juin au Mans. Les alliés environnementalistes de Gilles Lemaire n'ont pas apprécié ses appels du pied répétés à la gauche de la gauche associative et altermondialiste. Le résultat fut forcément cacophonique. Lorsque le secrétaire national des Verts s'est avisé de réunir en septembre, pour la première fois depuis la défaite de 2002, tous les partis de gauche, le PCF ne s'y est rendu que par politesse et le PS a traîné des pieds. Il y eut trois rencontres au cours de l'automne ; elles n'ont débouché sur rien de concret.

Le PS, qui avait pataugé sur la réforme des retraites et se divisait sur l'Europe, aurait été bien en peine de créer une dynamique autour de lui. Les émissaires de la Rue de Solferino présents aux réunions de la gauche ne le désiraient d'ailleurs pas. Ils avaient alors changé leur fusil d'épaule, négligeant le multilatéralisme et les «grand-messes nationales» pour se concentrer sur les régionales. Région par région, ils ont manié la carotte et le bâton pour arracher des alliances locales.

La tactique a en partie payé. Les militants Verts ont opté pour une alliance de premier tour dans onze régions (contre dix pour l'autonomie). Les communistes, qui n'ont pas fini de voter partout, ont pour le moment choisi l'union dans douze régions. Mais pas toujours les mêmes que les écologistes. PS, Verts et PCF ne sont rassemblés que dans sept régions (Bourgogne, Centre, Languedoc-Roussillon, Haute-Normandie, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Paca). C'est mieux que ce que l'UMP et l'UDF semblent à même de réaliser mais cela ne crée pas une dynamique nationale.

En Ile-de-France, l'accord PS-Verts a été qualifié de «tournant historique» par François Hollande. Par cette formule, le premier secrétaire du PS semblait privilégier l'allié écologiste au détriment du PCF, une ligne développée depuis plusieurs années par Laurent Fabius. Au sein du PS, des voix se sont élevées pour prévenir du danger d'un choix aussi précipité. «L'alliance PS-Verts s'adresse principalement aux couches moyennes. L'alliance avec le PC permet un rééquilibrage» en direction des «couches populaires», a averti Jean-Christophe Cambadélis. Hollande a corrigé... trop tard pour retenir Marie-George Buffet qui conduira une liste communiste dans la région capitale. Elle raille déjà les «banquets de présidentiables» socialistes et reproche au PS de «ne pas avoir tiré les leçons» de l'abstention des couches populaires en 2002.

Pour inciter ces dernières à reprendre le chemin des urnes, quelques communistes et écologistes souhaitaient voir se constituer des listes «alternatives», fruit d'une coopération entre petits partis de gauche et acteurs du mouvement social. Le rêve ne s'est pas concrétisé. Les partis politiques veulent accueillir des responsables syndicaux et associatifs mais à condition de mener la danse. Et les figures de l'altermondialisme, tel José Bové, préfèrent cultiver leur rôle de contre-pouvoir. En Midi-Pyrénées, les Motivé-e-s ont renoncé à poser leur label sur une liste régionale même si certains d'entre eux veulent se présenter à titre individuel. C'est sans doute un soulagement pour le PS mais «ce n'est pas comme cela qu'on recrée l'espoir à gauche», maugrée le député maire «refondateur» de Saint-Denis Patrick Braouezec.

L'extrême gauche compte bien en profiter pour s'imposer comme la «quatrième force politique» du pays au côté de la droite, du FN et de la gauche parlementaire. Poussées à s'unir par la réforme des modes de scrutin, Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire présenteront des listes communes partout aux régionales comme aux européennes de juin. Les deux organisations trotskistes se maintiendront au second tour si elles dépassent les 10% nécessaires et n'appelleront à voter en faveur de la gauche que s'il y a «risque de victoire du FN». Cette ligne dure, contestée au sein de la LCR, renvoie gauche et droite dos à dos. Ce type de discours, expérimenté par Jean-Pierre Chevènement en 2002 – «Chirospin», disait-il – avait contribué à la défaite de Jospin.

Afin de le contrer, le PS appelle ses électeurs à utiliser les régionales pour «sanctionner» un gouvernement en difficulté ces derniers mois. Il ne cesse de rappeler le traumatisme du 21 avril 2002 pour inciter au vote utile. Encore faut-il mobiliser son camp. Créer une «dynamique» qui dépasse le seul argument défensif d'endiguer «la menace FN».



pelon
 
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Message par pelon » 28 Déc 2003, 09:38

Dans le même journal, un article sur les altermondialistes.

a écrit :
A deux reprises cette année, ils ont polarisé l'attention politique et médiatique
Quand les altermondialistes dessinent leur gauche

E. F.
[25 décembre 2003]

Ils ont été courtisés par tous les partis politiques de gauche et même par l'UMP. Pourtant, ils seront probablement les grands absents des scrutins électoraux de 2004. A deux reprises cette année, les altermondialistes ont frappé les esprits en occupant la scène politique française à leur manière. En août, lorsque 200 000 personnes se sont rassemblées sur le plateau du Larzac à l'appel du porte-parole de la Confédération paysanne José Bové. Puis, lors du Forum social européen organisé en novembre à Paris et Saint-Denis : cette fois-là, la moindre affluence (entre 40 000 et 100 000 participants à la manifestation de clôture) fut compensée par une large couverture médiatique et la sollicitude des politiques. A droite, le président Jacques Chirac, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin et le président de l'UMP Alain Juppé ne voulaient pas laisser à l'opposition le monopole du dialogue avec les altermondialistes. A gauche, PS, PCF, Verts et LCR ont rivalisé pour apparaître comme «le débouché politique» de ce mouvement. La force des altermondialistes est d'avoir diffusé leur grille de lecture de la société parmi les électeurs de gauche et d'extrême gauche. Leur faiblesse est de ne savoir qu'en faire pour obtenir «des résultats concrets», selon l'expression du président d'honneur d'Attac Bernard Cassen.

Hétérogène, tiraillé par de multiples cultures et sensibilités, le mouvement altermondialiste regroupe aussi bien des militants politiques que des abstentionnistes militants ne comptant que sur la force de pression du mouvement social. Parce que ce débat la traverse également, Attac a rendu public un «guide de bonne conduite» pour ses adhérents dans la perspective des scrutins de 2004. «Faire acte de candidature est une démarche civique» que l'association «ne peut que saluer et encourager». Mais, pour être candidat, les membres d'Attac devront se mettre «en congé de leurs responsabilités», «veiller à ce que leur qualité de membre d'Attac ne soit jamais mentionnée publiquement» et à ce que «les matériels électoraux ne comportent aucune référence» à l'association. Bref, Attac «ne présente» et «ne soutient» personne.

Sollicité cet été par le secrétaire national des Verts Gilles Lemaire et par le communiste «refondateur» Patrick Braouezec, le porte-parole de la Confédération paysanne José Bové a décliné l'offre, préférant continuer de jouer un rôle de «contre-pouvoir».

Des intermittents du spectacle ont eux choisi l'option inverse : se présenter aux élections régionales, mais indépendamment des partis politiques. Des listes portant le label CLEF (culture, liberté, égalité, fraternité) sont annoncées en Champagne-Ardenne et en Franche-Comté. D'autres pourraient voir le jour dans le Nord-Pas-de-Calais, la Bretagne et les Pays de la Loire.

pelon
 
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Message par Stanislas » 29 Déc 2003, 12:22

a écrit :Sollicité cet été par le secrétaire national des Verts Gilles Lemaire et par le communiste «refondateur» Patrick Braouezec, le porte-parole de la Confédération paysanne José Bové a décliné l'offre, préférant continuer de jouer un rôle de «contre-pouvoir».

Ah, José Bové, le Figaro, tout ça quoi... On pourrait douter - ignares tous tant que nous sommes - du rôle assumé de " contre-pouvoir " (késako, au fait ?) par José Bové. Pourtant c'est évident. La preuve :

(Libération @ 26 octobre 2000 a écrit :Bové exprime mieux que nos hommes politiques les vraies questions de chacun de nous sur le futur, sur la façon dont on va vivre, dont nos enfants vont vivre. C’est un contre-pouvoir utile.

Et ces propos sont de... Jean-Marie Messier (sic).

Bon, c'est hors sujet, mais je n'ai pas pu m'empêcher...
Stanislas
 
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