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Article du mardi 30 décembre 2003
Régionales (I) : la gauche en désordre de bataille
Sitôt passées les fêtes de fin d'année, la campagne pour les régionales de mars va démarrer sur les chapeaux de roue. Nous vous proposons cette semaine un tour d'horizon des enjeux de ce scrutin.
François Hollande le sait mieux que personne : son parti doit faire bonne figure aux régionales s'il veut, le jour venu, incarner l'alternance face à l'actuelle majorité. Lui même a d'ailleurs affirmé à plusieurs reprises vouloir faire de ce scrutin « la première étape de la reconquête ». Dans cette optique, sa première priorité aura été d'éviter l'écueil des divisions internes. Ce n'était pas gagné d'avance dans un PS où les clivages n'ont jamais été aussi profonds entre les sociaux-démocrates proches de Dominique Strauss-Kahn et les amis de Henri Emmanuelli. François Hollande, spécialiste dans l'art du grand écart, a déjà réussi à constituer les listes pour les régionales en évitant tout clash.
Les affres des déchirements internes s'éloignant pour le moment, le Parti socialiste n'a pas pour autant gagné la bataille de l'union à gauche. A défaut de reconstituer la gauche plurielle, François Hollande rêvait d'une alliance privilégiée avec Les Verts. Un objectif difficile à tenir quand on sait que l'actuelle direction du mouvement écologiste s'est toujours déclarée favorable à des listes autonomes au premier tour. Là encore, François Hollande s'en est plutôt bien tiré. Bénéficiant chez Les Verts du soutien affiché de l'ancienne ministre Dominique Voynet, il a obtenu l'union dès le premier tour dans onze régions. Et notamment en Ile-de-France et en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, où les camarades vont avoir fort à faire pour sauver leur présidence.
On s'en aperçoit chaque jour un peu plus, les socialistes ne sont en réalité toujours pas remis de leur éviction du second tour de la présidentielle. Si l'on excepte les législatives organisées dans la foulée de l'élection de Jacques Chirac, ces régionales représentent le premier vrai scrutin depuis le choc du 21 avril. Elles offrent l'occasion au PS de tourner politiquement la page du naufrage de Lionel Jospin. Bien sûr, le mode de scrutin des régionales n'est pas comparable à celui de la présidentielle. Pour se maintenir au second tour, il suffit cette fois d'obtenir 10% des suffrages, ce qui semble partout à la portée des candidats. Le danger réside cette fois ailleurs. Les socialistes risquent par endroit de se voir devancés au premier tour par le Front national et de n'arriver qu'en troisième position. Dans un tel cas de figure, la question de leur retrait se posera s'il y a risque de victoire du FN.
La stratégie de l'extrême gauche en ligne de mire
Voilà qui explique toute la stratégie menée par François Hollande depuis des mois. On reconnaîtra qu'il n'a pas ménagé sa peine - et des concessions en terme de places sur les listes - pour séduire Les Verts. Au point que certains de ses camarades lui reprochent aujourd'hui de faire la part trop belle aux écologistes et de trop négliger le Parti communiste. Ces critiques, le patron du PS ne s'en soucie guère. Comme bien d'autres, il est convaincu que rien n'arrêtera le déclin d'un PC qui ne représente déjà plus grand-chose. Ce qui l'inquiète beaucoup plus, en revanche, c'est l'extrême gauche. Surtout depuis l'accord d'union signé entre Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire.
« Le Pen est le meilleur propagandiste de l'union de toute la gauche » ne cesse de répéter François Hollande qui n'a pas de mots trop durs pour dénoncer la stratégie des amis d'Arlette Laguiller et d'Olivier Besancenot. « L'extrême gauche ne veut pas seulement prendre des voix à la gauche au premier tour ; elle refuse de les redonner au second et espère dépasser les 10% pour coincer ces voix et nous empêcher de gagner » expliquait-il récemment devant les jeunes du MJS réunis à Lamoura, dans le Jura. En politique, un malheur arrive rarement seul. Déjà attaqués sur leur flanc gauche, les socialistes savent qu'il leur faut également se garder à droite. Leurs électeurs les plus modérés peuvent en effet être séduits par le discours de François Bayrou qui tente de se positionner comme une alternance possible au gouvernement de Jean-Pierre Raffarin.
D'où les récentes déclarations de plusieurs leaders qui rappellent que, de tous temps, l'UDF a toujours fini par pencher à droite.
GERARD ANGEL
Demain : l'état des forces à droite