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Le PCF traqué dans ses ultimes bastions
Sa majorité départementale menacée en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne.
Par Julie KOWALSKI
lundi 05 janvier 2004
Les deux derniers bastions départementaux communistes, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne, pourraient bien vaciller lors des cantonales des 21 et 28 mars. En Seine-Saint-Denis, berceau de l'ex-«ceinture rouge», la tradition risque de ne pas suffire pour que le PCF conserve la majorité relative des sièges au conseil général. C'est du moins ce qu'espèrent Verts et PS. Alliés sur une même liste aux régionales face à celle que conduira Marie-George Buffet (lire ci-dessous), ils espèrent profiter des effets de leur union régionale pour inverser aux cantonales, au sein de la gauche , le rapport de force en leur faveur. Actuellement, sur les 40 conseillers de l'hémicycle, 19 sont communistes ou apparentés, 12 sont socialistes ou verts et 9 forment l'opposition de droite.
Les Verts escomptent d'abord profiter d'une stratégie identitaire du PCF qu'ils jugent contre-productive. Tellement qu'à en croire Franck Contat, secrétaire départemental, elle «prend même des allures de campagne de droite» dans certaines communes. Emmenés par l'ancien ministre de la Ville, le fabiusien Claude Bartolone, député-maire PS du Pré-Saint-Gervais, les socialistes préfèrent pester, eux, contre le refus d'alliance que leur opposent les communistes. Seul point d'accord pour les partenaires de l'ex-gauche plurielle : la Seine-Saint-Denis restera à gauche. Fidèle de Bartolone, Pascal Popelin, premier secrétaire départemental du PS, pronostique même que «si tous les candidats socialistes sont reconduits, ils pourraient être plus nombreux que les communistes». Historique !
Alain Amédro, délégué départemental des Verts, juge, lui, «souhaitable que la majorité tombe, ne serait-ce que pour faire cesser toute situation d'hégémonie. L'important est de rééquilibrer les forces politiques dans le département».
Premier grief adressé aux communistes, leur politique sociale : «Dans un département qui a d'énormes besoins dans ce domaine, ils ne répondent pas aux intérêts de la population.» La politique environnementale du conseil général est jugée, elle, «quasi inexistante» par les Verts de Seine-Saint-Denis.
Du côté du PCF, on se rassure avec les résultats des récentes cantonales partielles. Michel Laurent, secrétaire fédéral, a un objectif «raisonnable» : fort de neuf conseillers sortants renouvelables en mars, il espère en gagner un de plus. Il juge même que c'est le PS qui sera dans la situation la plus difficile. «Au pire, le PCF pourrait perdre les deux cantons les plus difficiles, de Drancy et d'Epinay», concède le chef de file des communistes. Si le PCF parvient à conserver le canton de Drancy alors qu'il a laissé échapper la mairie au profit de l'UDF Jean-Christophe Lagarde en 2001, ce sera signe qu'il «reprend du poil de la bête», selon l'expression de Michel Laurent. A Epinay, historiquement ancrée à gauche et qui a, elle aussi, basculé à droite aux municipales, la mission ne sera pas plus simple.
Dans cette atmosphère de règlements de comptes à gauche, rares sont ceux qui continuent à militer pour l'union. Jean-Pierre Brard, maire apparenté communiste de Montreuil, y voit la seule solution crédible aux yeux de la population. «Après six ans de travail commun, il est tout à fait stupide de faire cavalier seul, s'insurge-t-il. Une fois de plus, les électeurs vont retenir que, pendant qu'on s'étripe, il n'y a toujours pas de projet à gauche.» Selon Brard, c'est aussi parce que le plus virulent à l'égard des communistes reste Claude Bartolone : «Il poursuit sa stratégie d'éradication du PCF et ne pense qu'à faire sauter les municipalités communistes qui subsistent.» Même si, officiellement, pour les socialistes, les communistes et les Verts, l'ennemi commun reste la droite...
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