grévistes d'Arcade sur le point de gagner ?

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Louis » 24 Jan 2003, 19:26

Depuis trois semaines, la situation semble enfin en train d'évoluer, du moins si l'on en juge à quelques signes enfin émis par Accor et, à la suite, par Arcade.
Répondant à une demande expresse des grévistes, le collectif de solidarité a en effet envoyé un courrier à la DRH d'Accor pour demander une entrevue, peu après l'annonce par la presse de la signature avec les organisations syndicales d'un protocole concernant les modalités de recours à la sous-traitance. Une lettre de réponse nous est parvenue, mais sans offre d'entrevue. Nous nous sommes donc invités, en nous rendant en groupe au siège de la tour Montparnasse. Mme Cathy Kopp a daigné recevoir deux d'entre nous, et, si la position de principe "Ce n'est pas notre rôle d'intervenir dans ce conflit" a été réitérée, nous avons pu l'informer du fait que le blocage des négociations en octobre était le fait de la direction d'Arcade, ce qu'elle semblait ignorer. Elle s'est engagée à contacter celle-ci. Et, de fait, quelques jours plus tard, les grévistes recevaient des dirigeants d'Arcade une convocation pour la signature d'un protocole de fin de grève.

Cette convocation a été reportée parce qu'entre-temps les avocats des deux parties ont pris langue pour tenter d'élaborer un compromis, en présence de représentants de SUD, CNT et CGT-collectif de sections du nettoyage. (On devrait y voir plus clair en cours de semaine.) Toutefois, Faty a pu participer à une réunion du comité d'entreprise et constater que la direction d'Arcade avait rédigé un "protocole accord entreprise" qu'elle a tenté de faire signer aux organisations syndicales représentées. Ce protocole comporte une avancée importante : la baisse des cadences.
En ce sens, on peut dire que l'exceptionnelle ténacité des grévistes est enfin récompensée. Toutefois, il est aussi question désormais de "procédure disciplinaire" contre les employés qui ne respecteraient pas ces cadences. Ce qui est inacceptable. La direction d'Arcade a pourtant obtenu la signature de la CGT, de FO, de la CGC et de la CFTC (SUD et la CFDT refusant de signer).

Sur le plan juridique, des contacts plus étroits ont été établis entre le collectif de soutien et les avocats, pour éviter la répétition des ratés du mois d'octobre.
Le procès en appel concernant les licenciements des huit grévistes s'est tenu le 9 janvier, mais on n'en connaîtra les conclusions que le 20 février. Quant au jugement portant sur l'illégalité des contrats de travail (sur plainte des grévistes) prévu pour le 17 janvier, il a été reporté à la demande des avocats, et sur leur seule initiative, en raison des pourparlers en cours.





Du côté du groupe ACCOR, il y a aussi quelques résultats concrets, enfin : certaines visites aux hôtels nous ont permis d'apprendre que le protocole cité plus haut s'est d'ores et déjà traduit par une augmentation pour 2003 de l'enveloppe financière prévue par ACCOR pour le travail de nettoyage en sous-traitance. Mais bien sûr, pour que cela se traduise par une amélioration des conditions de travail et de salaire du personnel sous-traitant, il faudra un minimun de mobilisation de la part des syndicats de la maison ACCOR (dont le droit de regard est explicitement consacré dans le protocole). Or cela est loin d'être acquis. Un groupe de cégétistes du groupe ABC, filiale d'ACCOR, nous a d'ailleurs fait savoir qu'à leurs yeux, la signature de ce protocole, dans les conditions et au moment où cela s'est fait, est regrettable : elle a été voulue par la direction d'ACCOR à un moment où le groupe se trouvait gêné par une campagne de dénonciation de ses pratiques, et obtenue sans difficulté de l'ensemble des organisations syndicales du groupe, alors qu'il était possible, vu les circonstances, de batailler pour obtenir mieux et plus.

INITIATIVES PRISES ENTRE LE 21 DECEMBRE ET AUJOURD'HUI

Durant la période des fêtes, nos rendez-vous bihebdomadaires se sont maintenus devant le siège d'Arcade, et nous avons eu l'occasion de revisiter les hôtels de la place Clichy, de la gare de l'Est et du Nord, et de visiter pour la première fois le Mercure de la rue de la Gaîté (en compagnie d'un journaliste de France Inter) et l'Ibis de la porte de Clichy. A la dernière manifestation contre les lois sécuritaires, une petite visite rapide a aussi été faite au Libertel du boulevard Magenta.

Récit de notre dernière visite d'hôtel (le 13 janvier) : devant le siège d' Arcade, intervention désormais rituelle de la police, qui nous reproche de gêner Arcade. A quoi nous répondons, une fois de plus, que c'est bien pour ça qu'on est là. Ensuite nous nous rendons au Libertel de la Gare du Nord. Le directeur nous explique poliment que dans son hôtel il n'y a pas de sous-traitance et que son personnel est satisfait de sont travail, en ajoutant que son hôtel est contrôlé à hauteur de 70% par des investisseurs américains et seulement à 30% par Accor. De notre coté nous le félicitons de sa politique sociale, tout en lui faisant remarquer que l'hôtel arbore quand même l'enseigne du groupe Accor et que cela n'a pas que des avantages... Nous lui recommandons avec insistance de se plaindre auprès des dirigeants du groupe, chose qu'il nous promet de faire dès le lendemain. Entre-temps, nous continuons à informer le personnel de l'hôtel, les clients et les passants...

Ce matin 17 janvier, nous nous sommes contentés d'une présence insistante devant le siège d'Arcade, cette fois à l'heure où les responsables prenaient leur travail.

Le 12 janvier, un concert de soutien aux grévistes s'est déroulé dans un squatt près de la Nation, avec quatre groupes de musiciens venus gracieusement ou presque. La buvette et la cuisine nous a tous bien occupés, pour un résultat plutôt satisfaisant puisque nous avons fait 1340 euros de recette nette. Les rapports avec les squatters qui nous prêtaient la salle et avec les spectateurs, jeunes pour la plupart, ont été cordiaux, et l'ambiance plutôt sympathique, même si l'intérêt pour la grève elle-même nous a semblé bien limité.

Quelques nouvelles de l'étranger :
En Italie, à Florence, l'association " Firenze città aperta " (Florence ville ouverte) qui avait co-organisé le forum social de novembre a ouvert pendant une vingtaine de jours une exposition photo sur le forum à Palazzo Strozzi (haut lieu du tourisme florentin) où la production en plusieurs langues du collectif de solidarité et les cartes postales de protestation contre Accor ont été largement distribués. Des textes sur la grève ont circulé sur plusieurs listes de discussion et diffusion italiennes (Attac, Social Forum, etc.). Mais ce qui est encourageant est le fait que cela n'est pas resté à l'état de palabres mais s'est concrétisé par une intervention devant le Sofitel de Via de' Cerretani, en plein centre de Florence, où la direction de l'hôtel s'est trouvé extrêmement embarrassée. Nos amis florentins semblent avoir pris goût à la chose et ont promis de réitérer l' expérience.
En Espagne, à Valencia, une diffusion de tract a été effectué. Nous n'avons pas de détails pour le moment.

Dans les médias, nous avons enregistré au cours de cette période un regain d 'intérêt pour la grève. Citons notamment :
- Radio France International (RFI), qui a passé le 24 décembre des entretiens enregistrés le 16 devant le Novotel des Halles ; le même jour des extraits ont été passés aussi par France Info.
- FR3, qui a donné des infos rapides sur la grève le 27 décembre.
- Le Monde, qui dans son supplément emploi du 7 janvier, a consacré une page à la situation dans le secteur du nettoyage et aux pratiques d'Accor (reconnaissant ouvertement le rôle de la grève d'Arcade dans l'évolution affichée).
- Daniel Mermet (Là bas si j'y suis), sur France Inter, a consacré son émission de mardi 14 janvier à la grève d'Arcade. Des représentants d'Accor ont, paraît-il, menacé de porter plainte ; Mermet les a invités à venir discuter à l'antenne avec les grévistes, mais, surprise !, ils ont décliné l'offre.

Des textes sur la grève sont aussi parus dans des périodiques plus politiques ou militants :
- " Journal d'une femme de chambre : la lutte improbable des salariées d' Arcade ", Vacarme n° 22, hiver 2003, est un long article de Carine Eff ;
- " Hôtellerie : le groupe Accor épinglé pour pratiques illégales ", in : Lutte Ouvrière n°1794 du 20 décembre 2002.
- " Dalla Francia un appello : Per farla finita con la schiavitù ", in : Sicilia Libertaria de décembre 2002 ;
- " Sciopero ad oltranza - Francia : la lotta delle lavoratrici dell'Arcade ", in Umanità Nova (hébdo de la FAI), du 22 décembre 2022, où est traduit le texte publié en français par Courant Alternatif du mois de décembre.

Sans doute plusieurs articles de presse ou émissions de radio ou télé nous ont échappé. Nous vous serions reconnaissants de nous les signaler, pour qu' on puisse en faire état et répercuter l'info.

Situation financière :

- Collectés par Bernard, devant les hôtels : 22 euros.
- Parvenu à l'ordre de ADC : 80 euros.
- Fête de soutien du 12/1 : 1.340 euros de bénéfice net.
- Collectés et transmis par la CTP : (le 25/12) 85 euros ; (le 1/1) 110 euros ; (le 8/1) 95 euros ; (le 15/1) 95 euros.

RENDEZ-VOUS DE LA SEMAINE PROCHAINE

Lundi 20 janvier, à 18 h 30 précises, devant le siège d'Arcade, 80 rue du Fbg-St-Denis, Paris 10e, M° Château-d'eau.

ECHEANCES JURIDIQUES

- 21 janvier au Jex, escalier G 2e étage, jugement sur la liquidation des astreintes demandées par Accor et Arcade (qui risque fort d'être reporté).
- 13 février à 13 h 30 consignation pour poursuivre la plainte des grévistes, concernant le délit d'entrave au droit syndical et discrimination (échéance formelle, qui ne nécessite pas la présence de soutien).
- 20 février cour d'appel, 18e chambre (métro Cité). Conclusions de l'appel portant sur la réintégration des grévistes licenciés.
- 7 mai à 14 h devant les prud'hommes, rue Louis Blanc, métro Louis Blanc, déqualification des contrats de travail à plein temps, payement des heures dites en absence, réintégration des grévistes licenciés.

Comité de soutien aux salariés et précaires en lutte d'Arcade, McDo, FNAC,Disney, Virgin, etc.
Pour tout contact : CICP, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris (en précisant bien le mon du comité) - Chèques à l'ordre de ADC.

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Informations et documentations sur la grève et les initiatives en cours, aller sur le site Arcade
Louis
 
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Message par clavez » 27 Jan 2003, 16:27

:headonwall:
La LCR, dans Rouge, nous apprenait que la victoire était annoncée en ... septembre. Puis les même dans les collones du mensuel de sud rail d'octobre, ont annoncé la victoire.
Pour l'activité du comité de soutien aux grévistes ces articles a posé de sérieux problèmes de mobilisation. Car si il est vrai que les négociation on reprise début janvier ce n'est que du fait de l'activité du comité de soutien qui semaine après semaine intervient devant la direction d'arcade, le siège d'ACCOR a montparnasse et les hotels du groupe. semaine àpres semaine depuis des mois.
Je ne suis pas sûr que les négotiation soit bien engagée puisqu'il ne peut s'agir d'un rapport de force interne à l'entreprise. Le rapport de force il est établi par le comité de soutien et ses arraques contre l'image de marque du groupe ACCOR fragilisé par les affaires guadelopéennes et ariègeoise (une soixantaine de gérants mis en garde à vue)
Dans le positif nous avons été reçu par la DRH d'ACCOR, signe d'ouverture. Nous n'avons jamais pu obtenir la charte concernant les conditions de travail dans la soustraitance; fermeture.
Les chôses recommence à bouger oui! mais celà va faire un an que l'on nous annonce la victoire.
C'est maintenant qu'il faut foncer et mettre le paquet contre le groupe ACCOR :headonwall:
clavez
 
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Message par clavez » 27 Jan 2003, 16:39

le texte publié est celui cu comité de soutien. c'est le titre mis qui me semble prématuré
clavez
 
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Message par emma-louise » 27 Jan 2003, 19:00

=D>
emma-louise
 
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Message par clavez » 27 Jan 2003, 20:54

:bounce: pour en savoir plus il y les réunions du mité de soutient tout les mercredi à 19 H au CIPC 31 ter rue volaire Paris 11° M° boulet.
Les actions : départ du siège d'Arcade 80 rue du faubourg ST Denis M° chateau d'eau. Les Lundi à 18 h 30 et Vendredi à 7 h 30.
Il y a plein de matériel sur le cite d'AC c'est de là que vient le premier texte :bounce: .
clavez
 
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Message par clavez » 28 Jan 2003, 12:49

il y a un article sur le comité de soutien dans le numéro actuel de Temps Maudits, revue théorique de la CNT.
de fait cette question est interessante car on assiste à des luttes minoritaires mennées par des catégories sociales dépourvues de toutes les sortes possibles de capital symbolique pour parler comme Bourdieu qui persent dans les media et le monde des luttes par l'intervention extérieur de militants dont le seul espace est la carrence des organisations syndicales. de Toutes les organisations syndicales. J'ai personnellement l'impression que si le conflit d'Arcade dure depuis si longtemps c'est parce que à juste titre le comité de soutien n'a pas cherché à se substituer au syndicat des grévistes, ni aux grévistes d'ailleurs.
clavez
 
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Message par Louis » 04 Fév 2003, 01:49

A voir. Il y a quelques années, avec l'irruption des coordinations (d'infirmières, cheminotes) on nous annonçait déja la fin des syndicats...
Louis
 
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