PARIS (AFP) - Les quelque 200 manifestations du 1er mai organisées dans toute la France ont fortement mobilisé jeudi pour la défense des retraites, une forme de répétition générale dans la perspective de la journée de grèves et de manifestations interprofessionnelles du 13 mai.
Selon un décompte provisoire, les manifestations ont rassemblé 285.040 personnes selon les organisateurs, 164.050 selon la police.
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Le défilé parisien à l'appel de la CGT, la CFDT, la FSU et l'Unsa a réuni 40.000 personnes selon la CGT (20.000 en 2001), 25.000 selon la police (12.000 en 2001).
A Paris, FO a manifesté séparément (1.450 personnes selon la police, 7.000 selon les organisateurs), de même que la CFTC (entre 1.800 et 5.000).
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Les manifestants étaient 8.000 à 40.000 à Marseille, selon les sources, 9.000 à 18.000 à Bordeaux et 6.000 à 15.000 à Toulouse...
Après les manifestations monstres du 1er mai 2002 dans le contexte de l'élection présidentielle et de la montée de l'extrême droite, les rassemblements de jeudi se sont recentrés sur des thèmes sociaux, avec un profil plus strictement syndical.
"Nous voulons vivre et travailler au pays... mais pas trop longtemps", scandaient des manifestants toulousains, qui, derrière la boutade, résumaient la tonalité générale de slogans associant les inquiétudes pour l'emploi à celles concernant l'avenir des retraites.
La mobilisation était importante dans des villes comme Tarbes (3.000 à 3.500) ou Roanne (1.000 à 3.000), menacées par le plan social annoncé chez Giat. Parmi les slogans, on pouvait entendre à Rennes "Assez de cette société qui n'offre que le chômage et la précarité" ou à Valence : "Sécu, retraites : on s'est battu pour les gagner, on se battra pour les garder".
"Ce 1er mai traduit une mobilisation plus importante qu'en 2001" et constitue "un très bon point d'appui en vue des futures mobilisations", se réjouissait Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, dans le carré de tête de la manifestation parisienne.
Le 1er mai était considéré comme une répétition générale avant la journée unitaire du 13 sur les retraites, avec manifestations et grèves, notamment dans les transports, à la SNCF, à Air France et à la RATP.
"Prélude, répétition générale, on peut utiliser l'image que l'on veut : la réalité c'est qu'il y a une montée de l'émotion et de la volonté d'action", analysait de son côté Gérard Aschieri (FSU) pour qui "la deuxième étape ce sera le 6 mai (grève dans l'éducation) et tout nous laisse penser que le 13 sera une très grosse journée".
Les enseignants étaient très présents dans les manifestations, en province comme à Paris, où des pancartes affirmaient "1882 : Jules Ferry, école obligatoire, 2003 : Luc Ferry, école à l'abattoir".
Certains brandissaient même la menace d'une grève générale, notamment dans le cortège de Force ouvrière. Son secrétaire général, Marc Blondel, pour qui ce 1er mai est "un signal" au gouvernement sur les retraites, a appelé par ailleurs à "la solidarité internationale des travailleurs contre toutes les guerres".
Le thème de la paix, autour du conflit en Irak, était en effet présent dans la plupart des manifestations.
A l'Elysée, le président Chirac, à l'occasion de la traditionnelle cérémonie de remise du muguet, s'est livré à un plaidoyer en faveur des réformes.
Le président de la République a salué à cet égard la "détermination" du gouvernement, qui a "toujours à l'esprit l'intérêt des Français et les exigences de l'avenir de la France".