par conformistepote » 19 Nov 2002, 23:13
1 - A lire Le Monde, je suis plutôt rassuré.
• LE MONDE | 15.11.02 | 13h01
Forum de Florence : offensive de la gauche radicale
Les mouvements antimondialisation ont de bonnes raisons d'afficher leur satisfaction après le premier Forum social européen, organisé à Florence du 6 au 10 novembre. Ce rendez-vous inédit a rassemblé 60 000 personnes, soit trois fois plus que prévu et autant que la seconde édition du Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil), son modèle.
Le mot d'ordre contre la guerre en Irak a réussi à mobiliser plus de 500 000 manifestants dans une marche que n'est venu troubler aucun incident. Après les violences policières survenues à Gênes lors des manifestations contre le sommet des chefs d'Etat du G8, en juillet 2001, qui ont provoqué la mort du jeune Carlo Giuliani et des dizaines de blessés, le climat de peur entretenu par le président du conseil, Silvio Berlusconi, et une presse italienne alimentant encore largement, à la veille du Forum, l'amalgame entre militants et casseurs, le mouvement a fait la démonstration – du moins dans ses composantes majoritaires – de son caractère non-violent.
LIGNES DE FRACTURE
Enfin, le rendez-vous de Florence marque bien la première rencontre à l'échelle du continent de la tribu complexe des mouvements sociaux. Bataillant jusqu'à présent dans le pré-carré de leurs pays respectifs, ces organisations sont parvenues, à travers le foisonnement des débats, à se retrouver sur un certain nombre de revendications communes, voire de projets et de calendriers d'action. C'est bien là l'objectif affiché par cette force de résistance à la mondialisation libérale qui se construit, se décline et grossit depuis le sommet de Seattle, en novembre 1999.
Il existe aussi des raisons de tempérer les cris de victoire et de voir dans Florence les germes de divisions dommageables pour la dynamique et la crédibilité du mouvement. Les organisateurs italiens portent une lourde responsabilité dans ce constat. En marginalisant, de fait, les organisations non gouvernementales au profit des syndicats et des mouvements sociaux, ils ont rompu l'équilibre délicat que les précédents forums de Porto Alegre avaient su trouver entre les différents acteurs de la société civile. En invitant pour la première fois les partis politiques à s'exprimer du haut des tribunes officielles, ils ont paradoxalement donné le signal d'un repli sur soi du mouvement sur sa base la plus radicale, plutôt que de son ouverture.
Gauche de rupture contre gauche institutionnelle. Gauche trotskiste ou communiste plus ou moins rénovée contre gauche socialiste. A Florence, sur fond de vieux contentieux, l'affrontement a été total, dessinant des lignes de fracture dans les sphères aussi bien syndicale que politique. La Confédération européenne des syndicats (CES), qui avait hésité à s'engager pleinement dans l'événement, en a été pour ses frais, sous les tirs au canon des militants des Cobas italiennes ou du syndicat français SUD. Tout comme les rares représentants des partis sociaux-démocrates, conspués pour leur conversion à peine masquée au libéralisme.
"Notre mouvement n'est pas réformiste, il est radical", a tranché Vittorio Agnoletto, ancien porte-parole des mobilisations de Gênes et membre du Comité international du Forum social mondial, oubliant au passage la charte des principes de Porto Alegre, qui stipule que le Forum est "un espace de rencontre ouvert", et que "personne ne sera autorisé à exprimer (...) des prises de position prétendant être celles de tous les participants". Ce dérapage ne manquera pas de lui être reproché. Ce discours de la radicalité, notamment vis-à-vis des institutions économiques et financières internationales, jugées incapables d'évoluer et donc condamnées à se saborder, indispose quantité de mouvements et d'ONG qui, sans relâcher leur pression ni renier leurs convictions, ont engagé le débat avec les "maîtres du monde". Il simplifie à outrance un paysage dont une des singularités est précisément sa diversité.
Vieux routards des nostalgies perdues toujours prompts à brandir l'étendard de la révolution, partisans pragmatiques de nouveaux modes de régulation de l'économie de marché, nouvelles générations en quête de repères et de sens ont jusqu'à présent réussi à surmonter leurs différences dans une dynamique de rassemblement cimentée par le rejet d'un quelconque rattachement partisan. Et sur ce consensus tacite, l'une des forces du mouvement sera, s'il veut continuer à élargir sa base, davantage dans sa capacité à produire de la contre-expertise plutôt qu'à servir de la doctrine aux accents souvent usés.
TENTATIVE D'OPA
Quelques jours seulement après le Forum social européen, des voix s'élèvent déjà en privé pour mettre en garde contre une tentative d'OPA de la gauche radicale sur le mouvement. Des représentants d'ONG avouent à regret que, si elle devait se confirmer, ils se sentiraient contraints de se retirer. Le tournant de Florence ne rend pas la tâche facile aux Français, à qui reviendra en 2003 la responsabilité d'organiser la seconde édition du Forum européen. Pour restaurer l'esprit de Porto Alegre, ils devront vite rectifier le tir.
Ce geste est d'autant plus attendu par ceux qu'une option radicale effraie que la victoire de Luis Iñacio Lula da Silva à la présidentielle brésilienne donne, selon eux, une visibilité nouvelle et un point d'appui supplémentaire à tous ceux qui combattent pour une autre mondialisation. Pour peu que ce combat continue de progresser dans le cadre de débats démocratiques et non sur le mode de l'exclusion.
Laurence Caramel
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 16.11.02
2 - A voir la réaction de Berlusconi aussi :
Communiqué de presse
Comité d'initiative français du FSE 2003
Après le succès du FSE de Florence, la revanche du gouvernement italien !
A peine une semaine après le succès du premier Forum social européen de
Florence, vingt militants du mouvement antimondialisation ont été
interpellés en Italie. Treize sont actuellement incarcérés Ces
arrestations, qui ne reposent sur aucune réalité matérielle, apparaissent
comme une revanche des responsables gouvernementaux qui espéraient que le
FSE serait un échec.
Ces arrestations interviennent aussi dans une période de conflits sociaux
importants en Italie.
Le Comité français d'initiative du FSE 2003, largement impliqué dans la
construction d'un mouvement social pour construire une autre Europe dans un
autre monde, ne peut accepter la tentative du gouvernement italien de
criminaliser des militants actifs de ce mouvement.
Nous apportons toute notre solidarité aux militants interpellés, et
exigeons la libération immédiate des personnes emprisonnées et l'arrêt de
toutes les poursuites.
Paris, le 19 novembre 2002
Le secrétariat d'organisation du Comité français d'initiative du FSE 2003
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Nous vous invitons, si ce n'est déjà fait, à envoyer des messages à
l'ambassade d'italie en France dont voici les coordonnées à Paris :
Monsieur l'Ambassadeur
Ambassade d'Italie
51 rue de Varenne
75007 Paris
email : [url=mailto:stampa@amb-italie.fr]stampa@amb-italie.fr[/url]