Publié : 16 Nov 2002, 13:12
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26 NOVEMBRE
La parole aux syndicats de cheminots
Alors que de multiples secteurs publics (La Poste, France Télécom, finances...) rejoignent la journée du 26 novembre, nous avons demandé aux responsables de l'intersyndicale des cheminots comment se prépare la journée.
FO cheminots, en congrès le 28 octobre, a voté à l'unanimité l'appel à la grève pour le 26 novembre (contrairement à l'intersyndicale) pour engager "une riposte" qui doit être "à la hauteur des menaces et des attaques subies".
- Rémy Roux, CGT - Cette journée est tournée vers le développement du service public par des moyens supplémentaires, humains, financiers, matériels, et avec un statut de haut niveau. On ne peut donc pas mettre de côté la question des retraites. Nous nous opposons aux directives européennes. L'Europe ferroviaire ne peut se construire sur des bases concurrentielles. Elle doit se faire en coopération avec les autres entreprises de services public.
Il y a besoin d'amplifier les convergences, à partir des mobilisations construites au plus près des réalités, sur les revendications. Mais il y a un malaise profond dans le pays. L'insécurité sociale est de plus en plus forte. Le mouvement revendicatif grandit. Nous étions le 3 octobre avec EDF. D'autres professions peuvent profiter de la manifestation des cheminots pour agir, dans le secteur public, et vis-à-vis des menaces annoncées sur les retraites. Il est logique de profiter du 26 novembre pour se faire entendre.
- Denis Andlauer, CFDT - Les buts de la manifestation sont le renforcement des effectifs (1 000 suppressions d'emplois annoncées) et la réouverture de négociations salariales en 2002. Il y a aussi un grand fond d'inquiétude quant à la mise en oeuvre du "premier paquet" européen du fret ferroviaire le 15 mars 2003. Cela aboutit à la séparation entre infrastructure et opérateur de transport, avec un organisme extérieur à la SNCF pour gérer les sillons de passage des trains, le Réseau ferré de France (RFF), à la fois client SNCF et fournisseur. Les attributions seront faites aux plus offrants, avec incitation à la concurrence. L'isolement complet du fret dans la gestion va fragiliser la péréquation entre secteurs rentables et moins rentables. La SNCF adopte les mêmes règles que la concurrence, en segmentant le marché, et en permettant l'accès "non discriminatoire" au réseau par des entreprises habilitées. La SNCF pousse même une de ses filiales à agir comme concurrent sur le marché ! C'est le coeur du métier qui se filialise.
Quant à la convergence des luttes, nous en sommes à une phase de construction. D'autres secteurs le font sur des bases voisines. Nous avons fixé une manifestation, et non une grève, en réponse aux attaques dont les cheminots font l'objet sur le droit de grève. Mais nous sommes conscients aussi qu'il faut une démarche globale sur les services publics. C'est à la fois une opportunité et une difficulté. L'opportunité, c'est de peser ensemble pour les services publics. Mais les cheminots doivent éviter le risque de ne pas être entendus.
- Rémy Abgrall, SUD rail - Nous voulons manifester pour les salaires, les effectifs et l'avenir de l'entreprise publique. Un deuxième paquet ferroviaire sera voté le 17 décembre au Parlement européen, alors que le premier sera mis en oeuvre en mars 2003. Il pousse plus vite et plus loin la libéralisation. Pour les libéraux, seule la concurrence pourra développer le ferroviaire. En Italie, depuis deux ans, on a 27 sociétés privées : huit accidents et onze morts ! A cause de problèmes de sécurité et de matériel. Les directives prévoient une agence de contrôle dans chaque Etat. En Italie, cinq salariés vérifient 29 entreprises. En Allemagne, ils sont 1 200 ! Les directives estiment que si une machine est bonne dans un Etat, elle l'est partout. Or la répétition des signaux est différente. C'est un énorme danger.
Quant aux convergences, nous étions le 3 octobre à la manifestation EDF. Nous nous félicitons que d'autres secteurs amplifient cette convergence le 26. Nous avons intérêt à nous retrouver tous ensemble quand c'est le service public qui est en jeu. Ce qui comptera, ce n'est pas le nombre de grévistes, mais de manifestants.
Propos recueillis par Dominique Mezzi.
Rouge 1992 14/11/2002