Pays Basque...

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Nadia » 23 Juil 2004, 13:53

A vrai dire, Batasuna et Askatasuna, connais pas trop.
Quand Aznar a fait interdire Batasuna, LO a fait un article dessus pour le dénoncer, mais parlais que peu de Batasuna (style "c'est un parti populaire, contre les attentats ETA...").



Bon, d'une façon générale, non j'aime pas du tout les nationalismes.
Je n'ai rien contre les langues locales, les cultures, les chansons et les danses etc. Pas de problème pour tout cela.
Ce que je n'apprécie pas, c'est quand on se faire la guerre parce que un tel il parle pas la bonne langue ou le bon dialecte, et qu'on en vienne à commettre des meurtres à cause de conneries de ce genre.

cf les nationalismes ukrainiens antisémites antipolonais et proallemand 3ième Reich (aller sur la place centrale de Lviiiv le samedi après-midi), contre le nationalisme russe antiukrainien prostalinien-purges,
le nationalisme "slave" contre tous les autres, notamment contre les Albanais, justification des massacres commis par les Serbes (et en face les nationalismes ne sont pas mieux, j'en conviens)
et plein d'autres de part le monde.



Pour ce qui est du nationalisme basque en France, à part des associations culturelles et des jets de peinture noire sur les panneaux d'autoroute, je ne vois pas trop. En même temps, ça ne me dérange pas trop.


Et toi, tu n'as pas dit que que TU en penses. Alors ? :roll:
Nadia
 
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Message par Barnabé » 23 Juil 2004, 14:32

Un article (qui date un peu mais qui donne une position générale) dans Convergences Révolutionnaires (publié par la fraction de LO):
a écrit :
 


Numéro 28, juillet-août 2003



Pays basque : le gouvernement Aznar s’attaque aux nationalistes radicaux



Les grands exclus des élections municipales espagnoles du 25 mai dernier ont été, en Pays basque, les nationalistes radicaux du mouvement Batasuna (Unité), considéré comme la vitrine légale de l’organisation clandestine ETA. En effet leur formation, qui avant le scrutin dirigeait 62 municipalités, comptait dans ses rangs 890 élus locaux et recueillait selon les consultations entre 10 et 15 % des voix, avait été interdite en mars dernier par le Tribunal suprême espagnol.

Dès la fin août 2002 le juge Baltasar Garzon suspendait « provisoirement » pour six mois Batasuna et décidait de fermer tous ses locaux. Dans le même temps, avec le soutien du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), le principal parti de l’opposition parlementaire, le premier ministre Aznar faisait adopter par les Cortes une loi rendant illégaux les partis qui refusaient de « désavouer le terrorisme ». Le texte ne visait en fait que Batasuna, ce qui n’empêcha pas Aznar d’expliquer que la lutte contre l’ETA était de même nature que la lutte contre Al-Qaida et d’obtenir l’inscription de Batasuna sur la liste des organisations terroristes du Département d’Etat américain puis de l’Union européenne.

Et, quelques jours avant le scrutin, le Tribunal suprême espagnol déclarait illégales 226 des 241 listes présentées sous des noms divers par les nationalistes radicaux au prétexte que la présence d’un seul ancien membre de Batasuna suffisait à rendre la liste inéligible dans son ensemble.
Toujours là, même dans les urnes

Malgré tout, dans un scrutin marqué par une poussée des nationalistes démocrates-chrétiens (PNV-EA) et de la coalition de la Gauche Unie et un transfert des voix du Parti populaire vers le PSOE, les nationalistes radicaux - qui appelaient à voter nul avec des bulletins spécifiques partout où ils ne pouvaient se présenter - ne sont pas passés inaperçus. 140 000 de ces bulletins nuls ont été dénombrés sur l’ensemble des quatre provinces basques d’Espagne (soit de 8 à 9 % des suffrages) auxquelles il faut ajouter 63 000 voix qui se sont portées sur des listes nationalistes de gauche autorisées, quinze proches de Batasuna, d’autres plus critiques vis à vis de la violence de l’ETA. Et dans certaines villes moyennes comme Oyarzun, Hernani ou le port industriel de Pasajes les votes nuls arrivaient en tête devant ceux obtenus par les autres familles politiques.

Il faut rappeler que les deux formations qui avaient précédé Batasuna et celle qui l’avait suivie [1] avaient déjà été interdites ainsi d’ailleurs que deux journaux quotidiens, Egin, considéré comme proche de ce courant en juillet 1998, et Egunkaria, pluraliste mais entièrement rédigé en basque, le 20 février dernier. De plus, près de 650 militants de l’ETA sont en prison (550 en Espagne et une centaine en France) et on ne compte plus le nombre d’associations de parents de prisonniers, de jeunes et de femmes, d’organisations culturelles et de cafés associatifs des quartiers populaires de Bilbao ou de Saint-Sébastien qui ont maille à partir avec la police ou la justice du fait de leur sympathie réelle ou supposée pour l’ETA.

Dans les toutes dernières semaines le gouvernement espagnol a encore enrichi sa panoplie répressive en instituant une peine incompressible de 40 ans de détention pour les détenus basques condamnés à perpétuité (et qui en général sortaient de prison après 15 ou 20 ans de détention) et en leur interdisant de suivre par correspondance des cours en langue basque auprès de l’Université publique du Pays Basque (EHU-UPV), ce que nombre d’entre eux faisaient depuis des années.

Mais jusqu’à présent cependant cette répression a été incapable de freiner le mouvement nationaliste basque. Bien mieux on a assisté, ces derniers temps, à une certaine radicalisation des nationalistes modérés du très chrétien-démocrate Parti nationaliste basque (PNV) qui, désormais, se prononcent pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination des Basques et la création d’un Etat indépendant associé à l’Espagne.

Il est donc douteux que la tentative d’Aznar de museler les nationalistes radicaux puisse être couronnée de succès. Ces derniers se retrouvent désormais absents de la plupart des conseils municipaux. Mais ils ont montré dans le passé qu’ils savaient utiliser bien d’autres tribunes que les assemblées communales pour se faire entendre, et en premier lieu la rue.
Pour l’autodétermination, contre le nationalisme

A terme il n’y aura pas d’issue à la question basque et à son cycle de violences (qui a fait 800 morts et plusieurs milliers de blessés et autres victimes en 20 ans), en dehors de la reconnaissance pour le peuple basque (mais aussi pour les autres peuples de la Péninsule comme les Catalans, les Galiciens, les Aragonais etc.) du droit à l’autodétermination, y compris s’il le désire à se séparer de l’Etat espagnol. Et ce droit devrait être au programme d’un véritable parti ouvrier révolutionnaire espagnol qui, dans le même temps, devrait combattre politiquement et sans relâche les thèses nationalistes, celles des Basques comme celles des autres, radicaux comme modérés et lutter pour une Espagne socialiste au sein de laquelle tous ces peuples pourraient cohabiter sur un pied d’égalité et ainsi s’enrichir mutuellement.

Car la classe ouvrière du Pays basque - qui semble à l’heure actuelle se ranger majoritairement derrière les nationalistes comme l’ont montré les dernières élections syndicales [2] - risque de connaître d’amères désillusions en faisant confiance soit au PNV, soit au courant Batasuna. Le durcissement de ton du PNV, un parti de droite qui contrôle le gouvernement de la Communauté autonome basque, lui a permis de récupérer une partie des voix de la gauche radicale, notamment en refusant de dissoudre le groupe de Batasuna au Parlement basque. Cela devrait le mettre en position plus favorable dans ses tractations avec le gouvernement de Madrid pour obtenir la dévolution de nouvelles prérogatives prévues dans le statut d’autonomie de Guernica de 1979 [3].

Quant à la mouvance ETA/Batasuna - si elle conserve encore la sympathie de nombreuses couches populaires du fait de sa lutte courageuse sous le franquisme et de l’abnégation de ses militants - le radicalisme de ses méthodes d’action (guérilla urbaine, attentats, envois de colis piégés) va de pair avec un conservatisme social et politique qui l’a conduite à abandonner la phraséologie socialisante et tiers-mondiste qu’elle avait adoptée dans les années 1970 en faveur d’un discours purement nationaliste qui met dans le même sac tous les Espagnols qu’ils soient pauvres ou riches, ouvriers ou patrons, journalistes ou gardes civils, universitaires ou militaires, de droite ou de gauche... Et son terrorisme aveugle - qui prend désormais pour cibles aussi bien des membres de la Police nationale que des prolétaires et leurs familles en vacances sur la Costa Brava ou la Costa del Sol - n’a fait qu’aider Aznar à justifier ses mesures répressives aux yeux d’une grande partie de la population laborieuse d’Espagne.

30 juin 2003

Léo STERN

[1] Herri Batasuna (Unité Populaire), Euskal Herritarok (Ceux du Pays Basque), Audeterminaziorako Bilgunea (AuB ou Plate-forme pour l’autodétermination)

[2] En 2001 les deux syndicats nationalistes ELA (lié au PNV - 41%) et LAB (lié à Batasuna - 17%) recueillaient ensemble presque 60% des suffrages contre 18% aux Commissions ouvrières (plus ou moins liées au PCE) et 15% à l’UGT (liée au PSOE).

[3] Côté français, ce type de marchandages a de nombreux adeptes parmi les nationalistes basques qui, dans leur grande majorité, cultivent les illusions sur les possibilités qu’offriraient les projets de décentralisation du gouvernement Raffarin concernant la création d’un éventuel département Pays Basque ou d’une Université de pleine exercice à Bayonne. Enbata, le principal hebdomadaire de cette mouvance, qui va de la gauche contestataire aux centristes, a publié le 12 juin un éditorial très critique vis à vis du mouvement des enseignants. Intitulé « Itsukeria eta imobilizmoari ez » (« non à l’aveuglement et à l’immobilisme »). Il les accuse d’être corporatistes et affirme que le transfert aux régions des lycées, aux départements des collèges et d’un certain nombre de services sociaux a été très positif.

Barnabé
 
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Message par pelon » 23 Juil 2004, 15:26

Pour une première approche, je te conseille CET ARTICLE de ldc.. Je vais essayer de te trouver un vieil article sur les origines du nationalisme basque.
pelon
 
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Message par Nestor Cerpa » 23 Juil 2004, 21:18

Un article de Rouge (Ecrit je crois par un de nos camarades de la section basque du S.U.):
Pays basque
La gauche basque et la construction nationale

Depuis l'annonce de la trêve illimitée d'ETA et les accords de Lizarra, la scène politique est en pleine effervescence. De nouvelles alliances, de nouvelles questions, de nouveaux débats surgissent, auxquels doit répondre la gauche basque.

Pour comprendre les nouvelles clés de la politique basque, il faut partir de la trêve militaire décrétée par l'ETA en septembre dernier, un tournant politique qui n'a toujours pas été assimilé par les partis politiques espagnols (à l'exception, dans une certaine mesure, de Izquierda Unida), ni par les syndicats, ni par les médias qui s'en font les porte-parole. Il faut dire que tous, dans le passé, avaient misé sur une solution policière du problème basque, et que cette trêve les a pris au dépourvu.
Ils ont voulu y voir le signe de l'échec politique de l'ETA. Cette trêve proposée au peuple basque, à ses partis et à ses mouvements sociaux, comme une opportunité de prendre en mains la revendication nationale de souveraineté politique, leur est apparue comme un acte de soumission du nationalisme basque au régime centraliste de l'Etat. Une erreur, qui n'a rien d'étonnant de la part de ceux qui ont toujours nié le caractère politique de l'action armée de l'ETA, incapables de voir que le silence des armes pouvait libérer les énergies contenues dans un peuple qui ne voulait plus les entendre, mais ne voulait pas davantage de l'asphyxie centraliste. Le puissant sentiment national, libéré du carcan de la lutte armée, est à même de transformer l'échec de la stratégie militaire de l'ETA en une victoire politique de l'indépendantisme basque. Le cessez-le-feu a permis de tourner la page du pacte antiterroriste, et de déboucher sur les accords de Lizarra-Garazi où se retrouvent l'ensemble des partis politiques, des syndicats et des mouvements sociaux basques.
Cet accord repose sur trois points: l'affirmation collective de la volonté d'unifier le territoire de la nation basque; la revendication de souveraineté politique; et l'exigence d'une expression démocratique de ce droit, devant laquelle s'inclinerait l'Etat central. La progression de l'indépendantisme basque s'est manifestée un mois après ces accords, avec l'imposante victoire électorale des partis signataires lors des élections au Pays basque, avec 60% des votes contre 40% pour les partis "espagnolistes", le Parti populaire (PP) au pouvoir et les socialistes du PSOE. Après 20 ans de boycott, la gauche "abertzale" (nationaliste radicale) siège dans les institutions parlementaires, et y a soutenu la formation d'un gouvernement autonome basé sur les accords de Lizarra. A la lutte armée succède une stratégie de désobéissance civile vis-à-vis de l'Etat central, et autour d'un nouveau projet, Euskal Herritarrok, s'engage le processus de regroupement politique de la gauche basque.

Réactions "espagnolistes"

La réaction des forces "espagnolistes" à ce changement de la politique basque contribue à une radicalisation du mouvement indépendantiste. Le PP et le PSOE ont fait bloc et obtenu la neutralité d'Izquierda Unida (IU), des syndicats espagnols, du nationalisme catalan et galicien, plutôt silencieux. Pour eux, à partir du moment où l'ETA renonce à la violence, le problème basque n'existe plus. Le Pays basque bénéficie d'un statut d'autonomie qu'il n'est pas question de modifier en contrepartie du dépôt des armes. Et les 500 prisonniers politiques devront purger leur peine, isolés à des centaines de kilomètres du Pays basque. Leur désir de pousser l'ETA à revenir à ses vieux démons est manifeste. Si la trêve était rompue, on en reviendrait aux alliances antérieures.
Le PSOE est allé plus loin, en lançant une véritable campagne d'intoxication qui lui a valu les foudres des nationalistes modérés du PNV. S'appuyant sur la diversité des nationalités qui vivent au pays basque, le PSOE prétend que la clé d'une cohabitation réside dans une double représentation dans une sorte de gouvernement de coalition où le PNV représenterait la communauté basque et le PSOE la communauté "basque espagnole". Un gouvernement à majorité nationaliste serait donc la marque de "l'exclusion de la communauté basque espagnole". Ils l'accusent d'être prisonnier de l'ETA, de gouverner au profit des nationalistes. Cette tentative de diaboliser le nationalisme basque est vouée à l'échec, et pour autant que ce dernier saura préserver la paix et la démocratie, l'affirmation d'une perspective indépendantiste est appelée à se renforcer.
La gauche "abertzale" détient les clés de la situation. D'elle dépendent la poursuite de la trêve, la stabilité du gouvernement autonome (le PNV n'a pas de majorité seul), le maintien du PSOE à la tête de la communauté de Navarre (face à la droite la plus réactionnaire), le processus de radicalisation politique du problème basque et le contenu social du projet de souveraineté. L'alliance -conflictuelle- avec le PNV conduit à une politique difficile à mener, et plus encore à expliquer.

Paix et souveraineté

Le programme de gouvernement pour la prochaine législature est un programme de rupture démocratique sur deux axes politiques complémentaires, la paix et la souveraineté politique. Il répond à la volonté de mettre fin à 30 ans de lutte armée en transformant la trêve illimitée décrétée par l'ETA en trêve définitive, et de construire cette paix dans le dialogue.
Concrètement cela concerne des mesures d'affirmation de la langue basque, "l'euskera", de transfert de compétences qui sont aux mains de l'Etat central (Sécurité sociale entre autres), de plein exercice du pouvoir législatif par les institutions basques (sans ingérence de l'Etat espagnol), de mise en place d'instruments d'intervention économique (projet d'une banque nationale basque) et des infrastructures de communication avec les réseaux européens (financement d'un réseau TGV, extension des installations portuaires, modernisation des services publics, etc.).
Quant au chapitre social, il reste à définir et c'est l'enjeu des discussions ouvertes avec la "gauche abertzale" pour aboutir à un pacte de gouvernement, et des négociations collectives engagées entre syndicats et patronat.
C'est incontestablement un projet qui ménage les intérêts de la bourgeoisie basque, mais qui n'en est pas moins clairement démocratique. Il ne se limite pas à faire siens les sentiments nationaux de la majorité du peuple basque: il les projette dans une perspective de rupture avec l'Etat centraliste.

Nation citoyenne

Un élément clé de la situation tient à la lutte entre le PNV et la gauche "abertzale" pour prendre la direction politique de ce projet de construction nationale. Le gouvernement autonome peut compter sur une large base sociale, s'il reste ferme sur les termes de la rupture démocratique -paix dialoguée et autodétermination- que soutient, à en croire les sondages, près de 90% de la population basque. Le PNV, qui n'a pas renoncé à la perspective d'un Etat basque indépendant dans le concert des nations européennes, cherche à engager une rupture négociée du cadre constitutionnel, et une réorganisation du pouvoir politique sur une base confédérale de souveraineté partagée entre les différentes nationalités. Le bon sens devrait imposer ce choix, mais les partis espagnols ne veulent pas entendre parler d'une "rupture de la nation espagnole", ce qui conduit le gouvernement autonome à avancer ses revendications dans un climat d'affrontement avec le pouvoir central.
Là réside une difficulté majeure pour le PNV. Si les partis politiques espagnols continuent à refuser toute ouverture sur ce sujet, le projet de construction de la nation basque passera inévitablement par la désobéissance civile vis-à-vis de l'Etat central, et un exercice de fait de la souveraineté politique. C'est ce que préfigure la mise en place d'une Assemblée des municipalités basques où se trouvera représenté l'ensemble d'une nation territorialement divisée, l'un des points des accords de Lizarra.
La méthode choisie pour avancer dans l'affirmation de la souveraineté du peuple basque a l'avantage de la flexibilité. Un projet qui affirme que "sont basques tous les citoyens qui vivent en Euskadi, quelles que soient leur origine ou leur idéologie politique" ne peut heurter les sentiments nationaux de personne. Cette définition citoyenne de la nation est une invitation pour ceux qui ne se considèrent pas basques à s'intégrer à la nation basque, avec la possibilité de décider à égalité de droits de l'avenir du pays où ils vivent. Le fait de proposer non la séparation avec l'Espagne, mais la souveraineté politique des institutions basques permet de faire face aux tentatives de jouer sur les divisions sociales entre communautés nationales opposées.
Ce projet ne peut avancer qu'avec une large mobilisation citoyenne, qui s'est construite au cours des années avec une puissante organisation sociale, beaucoup de générosité militante et d'actions collectives. Le PNV, qui en redoute la force, court le risque, s'il lui tournait le dos, de laisser le champ libre à la gauche abertzale, fortement enracinée socialement, et capable de lui disputer la direction politique de la nation basque. Cette gauche, qui refuse de s'institutionnaliser, inscrit le programme démocratique du gouvernement basque dans une perspective de radicalisation politique et de débordement du cadre où le PNV voudrait maintenir ce processus.

Droits sociaux

L'alliance démocratique avec le PNV ne passe pas par l'abandon des revendications sociales. Sans doute les négociations pour un pacte de gouvernement avec Herri Batasuna permettront-elles d'inclure certaines conquêtes partielles dans la lutte contre le chômage et l'exclusion, mais on peut penser que resteront pendantes les revendications essentielles de la Charte sociale (les 32 heures, salaire citoyen pour les chômeurs...). Tout ce qui ne pourra pas être acquis à la table des négociations avec le PNV nous pousse à préserver une totale indépendance politique, à développer la mobilisation sociale en coordination avec le syndicalisme basque et les mouvements sociaux. Le chômage ne fait pas de distinction selon le nom de la personne, ses sentiments nationaux, ses origines. Pour que le processus de construction nationale puisse intégrer l'ensemble de la société basque, il faut commencer par rétablir les droits citoyens de ceux qui ont été exclus du marché du travail. L'aspiration à la souveraineté nationale, mais aussi à en finir avec une société rongée par le chômage, nous poussent à multiplier les efforts pour disputer au PNV la direction politique de la nation basque, car c'est bien dans cette perspective que nous agissons.

A Bilbao, J. R. Castaños "Troglo"
Nestor Cerpa
 
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Message par Nestor Cerpa » 23 Juil 2004, 21:42

et celui ci d'inprecor


Euskadi (Pays basque)
La souveraineté basque et le fédéralisme espagnol,
les raisons d’un appui critique au « plan Ibarretxe »
Par José Ramón Castaños*

Présenté par le Lehendakari (président du gouvernement basque) Ibarretxe, dont il a pris le nom, le « plan Ibarretxe » est une proposition de réforme de l’autonomie basque dans l’État espagnol, présentée pour approbation au Parlement basque en tant que projet de loi par les trois partis qui forment le gouvernement autonome basque : le Parti nationaliste basque (PNV), un parti du centre, obligé par les circonstances de maintenir des politiques populistes et démocratiques radicales ; Eusko Alkartasuna (EA), une scission du PNV d’orientation nationaliste social-démocrate ; et la Gauche Unie du Pays basque (IU-EB). Ces trois partis disposent de la majorité au sein du Parlement basque, mais ont besoin des votes de Batasuna (le parti auquel l’ETA délègue sa représentation politique) pour obtenir la majorité qualifiée. Il n’y a aucune garantie que Batasuna accorde cet appui au plan Ibarretxe.

Le parti populaire (PP, dirigé par l’actuel premier ministre espagnol, José-Maria Aznar) et le Parti socialiste (PSOE), qui représentent ensemble 40 % de la Chambre basque, s’opposent à ce plan, partant d’une position nationaliste inverse. Leur unité fondée surtout sur le nationalisme espagnol opposé à l’indépendantisme basque, commence à se fissurer à partir de la nouvelle scène politique ouverte en Catalogne, où les socialistes catalans collaborent avec les nationalistes de droite (CiU), de gauche (ERC) et de gauche fédéraliste (ICV-EUiA) pour une réforme de l’autonomie catalane dont les caractéristiques ressemblent à la proposition basque. La somme de ces deux mouvements convergents des nationalités historiques — basque et catalane — met à l’ordre du jour une réforme du modèle de l’État espagnol.

Le « plan Ibarretxe » sera soumis à une consultation citoyenne (référendum) qui, même si le gouvernement espagnol refuse d’en reconnaître le résultat, ouvrira un conflit de légitimité, forçant à la recherche d’un accord entre les parties ou, en son absence, à la désobéissance civile des institutions basques.

Enfin, le recours au référendum et à l’éventualité de la désobéissance civile des institutions basques, apparaît d’ores et déjà comme une alternative à la violence. Il est possible que l’ETA s’en saisisse pour annoncer une trêve. Le gouvernement basque pourrait également organiser une consultation citoyenne autour de deux questions : une sur la proposition de réforme de l’autonomie (proposition dirigée contre l’État espagnol) et une deuxième sur la violence politique (proposition dirigée contre l’ETA). Le « plan Ibarretxe » apparaît ainsi comme une initiative visant à rompre le cercle vicieux des deux violences minoritaires — celle de la répression étatique espagnole et celle de l’ETA — qui bloque depuis des années la question nationale basque. (réd.)

1. Remarques sur la nature de la proposition de la souveraineté partagée de l’Euskadi en Espagne. La substance de la proposition d’Ibarretxe réside dans la modification des rapports Euskadi-État, ce qui fait que tout jugement que l’on porte sur elle renvoie nécessairement au modèle de l’État. Je dis cela en passant, car c’est justement pour cette raison qu’il a été critiqué par ses détracteurs les plus fervents. Mais cette proposition relève également de l’aspiration visant une régulation des relations internes de la société basque. On doit ainsi l’apprécier de tous les points de vue qu’il concentre, à savoir :

— en ce qui concerne le changement du modèle de l’État (proposition de souveraineté partagée) ;

— en ce qui concerne la manière de poser les questions relatives à l’identité nationale, aux droits de citoyenneté, à la territorialité et à l’institutionnalisation politique d’Euskal Herria (nation basque) ;

— et enfin, en ce qui concerne le modèle de société.

Toutes ces questions se réfèrent au contenu de la proposition. Je vais présenter ici un premier avis, que je n’hésite pas à qualifier de “soutien critique”, y compris en ce qui concerne une appréciation positive de la procédure choisie pour son entrée en vigueur (consultation des citoyens précédant la négociation avec l’État). Je suis pleinement conscient toutefois que le conflit politique qui s’ouvre exige à son tour un avis sur d’autres questions, relatives à la viabilité de la proposition, aux majorités nécessaires, aux rapports de forces et aux alliances politiques permettant de l’investir. Mais chaque chose en son temps.

2. C’est une proposition démocratique de construction nationale basque perceptible non seulement dans la procédure (consultation citoyenne), mais aussi dans le contenu qu’elle propose de donner aux formes d’organisation interne de la société (les droits et les libertés). A la différence de la majorité des États-nations qui se sont construits en recourant à la violence et à l’assimilation nationale-culturelle des peuples dominés par la nationalité dominante, les nationalités sans État peuvent être construites comme nations libres dans l’Europe du XXIe siècle, sans avoir besoin de commettre contre leurs minorité intérieures les mêmes agressions qu’elles ont souffert au cours de l’histoire. La construction nationale basque peut et doit être faite par des moyens démocratiques ; cela signifie non seulement à partir de la volonté librement exprimée de tous les citoyens, mais aussi sur la base du respect le plus scrupuleux du droit de ses minorités. Le projet Ibarretxe offre une intention et un résultat acceptable de ce point de vue.

Dans son préambule il définit le peuple basque comme « un peuple ayant une identité propre » mais il ne tente pas d’entrer dans la définition des critères de cette identité, car tout codage de l’identité tend à être partiel, et par conséquence excluant envers ceux qui ne se retrouvent pas dans une telle définition. En laissant indéfinie la spécificité basque, les attributs qu’on pourrait lui donner restent ouverts à la libre volonté de chaque personne, éliminant ainsi un des principaux obstacles pour l’intégration des citoyens. La définition du peuple basque suit les mêmes critères civiques (républicains), en opposition aux critères ethniques, en affirmant que « le peuple basque est composé de tous les citoyens recensés sur son territoire », par conséquence indépendamment de l’idéologie, de l’origine et de l’identité nationale de chacun. Nous sommes là en présence d’une définition civique de la nation, propre à la pensée démocratique et libérale. C’est à partir de cette définition qu’est décrite l’aire géographique (les sept Territoires historiques des deux côtés des Pyrénées) pour lesquels, au lieu de réclamer un projet politique commun (des institutions unifiées), le plan Ibarretxe reconnaît « le droit des citoyens recensés dans chacun d’entre eux de décider de leurs relations mutuelles et de leurs relations avec d’autres ».

Ces définitions générales offrent une conception pleinement démocratique du droit national (la liberté de décider), du sujet du droit (tous les citoyens recensés) et du cadre de décisions (les territoires de chaque administration politique séparément : Navarre, Euskadi et le Pays basque d’Iparralde — « français »), offrant à partir d’eux une formule d’articulation politique du territoire qu’il administre (Euskadi) avec l’État espagnol, basée sur l’idée de la souveraineté partagée, qui est également respectueuse des identités plurielles de la société basque.

3. Souveraineté basque dans un modèle confédéral de l’État. Le nouveau Statut de libre association constitue une mise à jour des revendications nationales tenant compte des temps politiques nouveaux. Il s’agit d’une proposition inspirée par la sentence du Tribunal suprême du Canada en ce qui concerne l’indépendance du Québec. De nouvelles compétences en matière de Justice, de la Sécurité sociale, des Relations du travail et de la gestion des ressources propres pour les infrastructures de transport et des communications sont revendiquées pour le gouvernement autonome. Elles s’ajoutent aux compétences déjà obtenues en ce qui concerne la collecte des impôts, l’éducation, la culture, la santé et l’ordre public. Une participation directe du gouvernement autonome basque à toutes les questions européennes qui le concernent directement est également revendiquée. Mais le plus important, ce qui constitue le substance de la proposition, c’est le transfert de la souveraineté politique des Cortes espagnols au Parlement basque et la proposition d’une Commission paritaire d’arbitrage — garantie de « l’accord entre égaux » — qui remplacerait l’actuel Tribunal constitutionnel dans le domaine des conflits qui pourraient apparaître entre les parties. On nous propose ainsi de passer de l’actuelle autonomie octroyée (la Constitution espagnole ne reconnaît pas la souveraineté des nationalités) à un nouveau « Statut de libre association », qui implique nécessairement un système politique de souverainetés partagées.

L’originalité de la proposition consiste dans l’adaptation des vieux projets nationaux (tant le projet de restauration du droit statutaire que le projet indépendantiste) aux théories modernes du modèle confédéral de relations politiques entre les peuples (la souveraineté partagée ou la souveraineté du possible dans le nouveau contexte de l’Union européenne).

L’idée de la « nation associée » est certes apparentée jusqu’à un certain point aux traditions fédérales, mais elle en diffère sur des points importants qu’il est utile de souligner. Elle est formulée « d’en bas », à partir des racines nationales d’un peuple avec une identité propre qui réclame pour soi la souveraineté de décision ; elle est par conséquent éloignée des théories qui prennent l’unité de l’État pour un fait immuable et une réalité établie une fois pour toutes. La différence entre ces deux approches ne concerne ainsi pas seulement le « quantum » du gouvernement autonome qui en résulte, mais aussi et avant tout qui est le dépositaire de la souveraineté politique en Euskadi (les citoyens basques ou tous les citoyens de l’État espagnol).

4. La souveraineté partagée implique une modification du modèle d’État. Il s’agit d’un concept qui s’adapte bien au temps politique de la construction européenne (qui part de la souveraineté des États nationaux pour déléguer vers le haute les compétences supranationales et les souverainetés partagées avec d’autres États), pour articuler sur cette base un type de relations entre les nationalités de l’État espagnol basé sur cinq critères fondamentaux de la démocratie :

— la reconnaissance du droit à l’autodétermination ;

— la reconnaissance de la plurinationalité de l’État ;

— le renoncement de l’État à la vieille idée de l’assimilation nationale autour de la communauté ethno-culturelle castillane ;

— la non-ingérence en ce qui concerne le gouvernement autonome des nationalités ;

— et la construction d’une nouvelle culture de la solidarité, d’accord et de consensus pour concerter les projets et les politiques relevant de l’intérêt commun.

Mais pour que puisse fonctionner un système de souveraineté partagée, des clauses de garantie, permettant de résoudre les conflits sans qu’il soit nécessaire de remettre à chaque fois en question l’ordre juridique, sont nécessaires. De ce point de vue la proposition d’une Commission paritaire n’est pas une garantie suffisante car elle pourrait être bloquée par l’action unilatérale de la partie la plus forte (dans ce cas par l’État espagnol). Le gouvernement basque devrait en tenir compte et proposer à la place d’autres formules, telle la reconnaissance du droit de veto des institutions basques sur tous les règlements qui affectent sa souveraineté, car ce n’est qu’ainsi qu’il pourra éviter les tendances de l’État visant à envahir les compétences du gouvernement autonome.

5. C’est une proposition de coexistence avec les peuples d’Espagne dans un cadre d’égalité. Ce n’est pas une proposition dirigée contre l’Espagne ni contre les Espagnols, mais contre l’idée de l’Espagne telle qu’elle est proclamée par la droite conservatrice et le nationalisme espagnol. Il s’agit d’une proposition d’unité politique fondée sur la reconnaissance de la diversité, le respect mutuel avec des rapports sur un pied d’égalité. Par ailleurs, la formule de souveraineté partagée correspond bien aux sentiments d’identité duale qui existent dans la majorité de la société basque. A une identité duale (basque et espagnole) correspond la formule politique de souveraineté partagée dans un cadre politique de type confédéral, un cadre qui à la fois garantit la souveraineté exclusive dans tous les domaines que les citoyens d’une nationalité veulent conserver pour eux-mêmes et permet une relation avec les peuples d’Espagne dont beaucoup de Basques se sentent partie prenante.

C’est une formule qui permet d’établir les bases d’un accord intérieur à la société basque pour gérer les différences identitaires d’une manière pacifique et non antagoniste, bien que la proposition du Lehendakari analysée sous cet angle reste un peu courte. Le préambule du nouveau Statut ne devrait pas se limiter à seulement mentionner la pluralité d’identités, de même que l’articulation des droits ne devrait pas se limiter à énoncer seulement les droits civiques universels. Outre cela, il manque la construction à partir du basquisme d’un discours dirigé vers ceux d’entre nous qui se sentent espagnols pour construire en commun une communauté politique respectueuse de la pluralité et de la différence.

Le fait que les institutions basques aient élaboré une conception civique de la nation, comme nous l’avons décrit plus haut, facilite néanmoins les choses, même s’il n’est pas bien compris car il n’insiste pas suffisamment sur le discours d’intégration citoyenne, qui reste implicite.

Si l’on veut obtenir l’appui ou du moins la neutralité de ceux qui se méfient de la proposition, la première chose à faire c’est de disperser les craintes de ceux qui se sentent obligés de devenir différents de ce qu’ils sont, c’est-à-dire de leur offrir la garantie absolue du respect de leurs identités métissées ou différentes de l’identité basque.

Un discours d’intégration nationale doit avant tout se fonder sur l’idée de plus de démocratie pour tous, ce qui signifie plus d’autogestion, moins d’ingérence de l’État, et une relations plus forte et meilleure avec les peuples d’Espagne. D’abord, parce qu’un grand nombre de citoyens basques sont originaires des terres d’Espagne, ce qui implique des liens culturels, affectifs, familiaux et sociaux que nous avons non seulement l’obligation de respecter mais que nous devons cultiver en tant que rapports de bon voisinage. Le caractère hétérogène et hybride de la société basque exige d’affronter les problèmes de la coexistence des citoyens en ajoutant au principe de la démocratie libérale (le droit d’expression et le pouvoir de décision des citoyens) deux autres critères de la démocratie qui sont trop fréquemment oubliés : le respect des décisions majoritaires par la minorité (afin d’éviter que la minorité espagnoliste ne devienne une minorité de blocage en s’appuyant sur la force de l’État espagnol) et l’exigence de la part de la majorité d’une politique de main tendue, de respect et d’incorporation de la minorité dans le consensus de gestion collective des questions publiques.

6. C’est une proposition qui apporte davantage de démocratie. D’abord, parce qu’elle transfert la souveraineté politique des Cortes aux citoyens basques et parce que l’exercice de ce droit mettrait fin aux rapports de domination imposés par l’État espagnol aux peuples d’Espagne. La proposition de plus de souveraineté équivaut dans tous les cas à plus d’autonomie de gouvernement. Dans le cas présent elle équivaut aussi à plus de démocratie. Et cela pour plusieurs raisons :

— car elle élimine l’ingérence étrangère d’un État réactionnaire ;

— car la reconnaissance de la souveraineté des nationalités brise le structure du pouvoir du nationalisme d’État (espagnol) construit par le droite ;

— car le gouvernement autonome d’un petit pays avec une société civile très organisée et participative comme dans notre cas, implique une plus grande proximité du gouvernement envers les citoyens et une plus grande capacité de contrôle sur lui.

7. Mais elle n’apporte pas toute la démocratie possible. D’abord parce qu’elle ne se préoccupe pas d’articuler une nouvelle relation intérieure entre le pouvoir politique (le Gouvernement basque dans ce cas) et la société civile. Et ensuite, parce qu’elle n’incorpore pas à l’ordre juridique le noyau central des droits sociaux.

Le nouveau statut doit améliorer la qualité de la démocratie et, pour que cela soit possible, il faut incorporer à l’ordre juridique les mécanismes directs de participation citoyenne dans la prise des décisions politiques sur toutes les questions d’intérêt général. Cela signifie des consultations citoyennes et des référendums astreignants (que le gouvernement est obligé de mettre en œuvre), nécessaires non seulement pour résoudre les questions relatives aux rapports entre la nationalité et l’État, mais aussi pour décider des questions relatives à la bonne gestion de la société basque. La politique fiscale, les priorités des dépenses publiques, les investissements dans les infrastructures, etc., sont des question dont doivent décider les citoyens et non les gouvernements. Les mécanismes pour ce faire sont la consultation, la participation à l’élaboration des budgets et le référendum. Quelque chose de similaire concerne l’exigence des compétences du gouvernement autonome en matière de justice. A quoi sert une telle compétence si on ne change pas la législation sur les partis, afin que tous soient légaux, ou le droit pénal pour abolir les législations injustes et pour que tous nous soyons égaux devant la loi ?

8. Ni la justice sociale nécessaire. regardée de ce point de vue la proposition du Lehendakari laisse les choses en état d’injustice et d’inégalité comme aujourd’hui. Les plus grandes compétences du gouvernement autonome revendiquées en matière du travail et de sécurité sociale ne seront pas utilisées pour mettre en œuvre des politiques de redistribution du travail et de la richesse. La qualité de l’emploi (précarité du travail), la qualité de la vie (relation entre les revenus, les frais et la couverture sociale de chaque personne considérée individuellement) et la justice sociale resteront ainsi les grandes questions en suspens du gouvernement autonome basque. Il s’agit là d’un problème en soi, qui contribue en outre à priver de la légitimation sociale le projet de souveraineté partagée tel qu’il est présenté.

L’adhésion aux revendications nationales a toujours été plus forte lorsque ces dernières allaient de pair avec les revendications démocratiques (opposition à des régimes dictatoriaux) ou celles de justice sociale (réappropriation des ressources économiques et politiques de redistribution sociale), mais dans notre cas elles sont seulement associées à l’idée du « plus de démocratie » et complètement dissociées de la revendication d’une plus grande justice sociale de telle sorte que le degré d’adhésion suscité n’est ni le plus général, ni le plus enthousiaste.

En tenant compte du fait que les questions sociales sont des facteurs de légitimation aussi importants, voire plus importants, que les autres facteurs comme l’idéologie ou l’identité nationale, le gouvernement basque dispose ici d’un superbe outil pour obtenir le consensus qui lui manque encore. Mais le fait qu’il ne se différencie en rien des politiques néolibérales des États environnants restreint la crédibilité de sa proposition de souveraineté. Le fait que ce gouvernement gouverne comme les autres en faveur des classes sociales les plus riches conduit nombre de citoyens à rester étrangers à son projet politique. C’est particulièrement le cas de la partie de la société qui ne s’identifie pas à l’idée de la construction nationale basque ou qui est indifférente à son égard. En fin de compte, pourquoi devraient-ils manifester leur intérêt envers une réforme politique qui au lieu d’apporter des améliorations substantielles à leur vie quotidienne apportera seulement un conflit plus aigu avec l’État (espagnol) ? Pour intéresser cette partie de la société au nouveau projet de souveraineté partagée il manque dans la proposition du gouvernement basque une offre de pacte social adressée à tous les syndicats sans distinction, à tous les mouvements sociaux et à tous les collectifs citoyens, qui reprendrait dans le nouvel ordre juridique proposé le noyau central des propositions formulées dans la Charte des droits sociaux actualisée et étendue. A savoir : la mise en place d’une législation socioprofessionnelle qui réduise la durée du travail hebdomadaire à 35 heures, élimine les formes précaires d’embauche, pénalise le recours patronal aux heures supplémentaires, abaisse l’âge de la retraite, rende les femmes, les jeunes et les immigrés égaux en droits avec les autres ; l’établissement d’un revenu de base pour tous, équivalent au salaire minimum actualisé ; la garantie d’un logement digne et bon marché par l’application d’une loi sur le sol urbain qui pénalise la spéculation immobilière.

9. Et c’est une proposition qui libère la gauche espagnole des liens qui l’attachent au discours totalitaire de la droite nationaliste parce qu’elle ouvre une nouvelle perspective au fédéralisme espagnol au point de lui offrir la possibilité de résoudre en même temps la crise d’identité nationale de la gauche espagnole et d’acquérir son autonomie politique face à la droite. Elle lui offre une nouvelle manière de voir, qui lui permet de s’approcher de l’identité espagnole tout en la coupant de sa relation ancienne avec l’État unitaire. Une manière de voir qui renonce à l’État en tant que patrimoine exclusif de la communauté ethno-culturelle castillane. Les peuples d’Espagne seront des peuples libres dans la mesure où ils s’éloigneront du nationalisme et s’approcheront des nationalités sans État dans le respect de leurs différences. La régénération démocratique de la société exige une nouvelle direction des gauches et pour que cela puisse se produire il faut une rupture avec la structure du pouvoir construite par le « nationalisme d’État », d’autant plus agressif et violent que s’affaiblit sa capacité d’imposer l’homogénéité nationale espagnole de tout « son territoire ». La réalisation du « plan Ibarretxe » permet ainsi de résoudre un des déficit démocratiques de la transition espagnole (la reconnaissance du droit d’autodétermination des nationalités), ce qui implique à son tour une démocratisation générale de l’État. Ne serait-ce que pour cette raison, il doit être intégré au programme politique des gauches. cela permettra à son tour à la « minorité constitutionnaliste » de la société basque de cesser de se comporter comme une minorité réactionnaire de blocage du droit des citoyens basques à décider librement de leur futur national.

* José Ramón Castaños, rédacteur de la revue Hika publiée par l’organisation socialiste basque Zutik, anima la Charte des droits sociaux (GOGOA) et fut à ce titre l’un des signataires du pacte de Lizarra. L’article que nous reproduisons ici a paru dans Hika n° 148, de novembre 2003. Traduit d’espagnol par J.M.
Nestor Cerpa
 
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Message par Nestor Cerpa » 23 Juil 2004, 21:50

Sinon je t'invite à te rendre sur le site de notre section:
http://www.zutik.org/zutik/index
Nestor Cerpa
 
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Message par artza » 24 Juil 2004, 13:22

La bourgeoisie ibérique a bien de la chance beaucoup de gens se préoccuppe de lui concocter le meilleur Etat possible.
artza
 
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Message par youri » 09 Août 2004, 15:26

Un marxiste doit défendre le droit à l'autodétermination des peuples ... Sachant que l'on opprime le peupleBasque du coté Espagnol ,ue l'on leur nie le droit à l'existence , qu'on torture viole et assssine ,u'on les colonise , je suis à 100 % pour l'autodétermiation du peuple d'Euskadi ..

Nadia tu es bien pour l'autodétermination du peuple Palestinien ? Donc pourquoi pas our les Basques ?

Après je ne soutient pas le moins du monde ETA , je pense que c'est un groupuscule coupé des masses , nationaliste et autoritaire , complètement à coté de leurs pompes ... Et leurs actions de terrorisme individuel desservent plus qu'autre chose la cause du peuple Basque ...

Sinon en effet , la majorité des Basques sont pour leur indépendance , mais seule une ptite partie approuve les actions armes d'ETA , qui a perdu sa popularité

C'est aux révolutionnaires et à la gauche radicale basque d'organiser la classe ouvrière Basque pour sa libération , ce ce à quoi oeuvrent notamment nos camarades de Zutik section Basque de la 4ème Internationale
youri
 
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Message par Nadia » 09 Août 2004, 15:34

(youri @ lundi 9 août 2004 à 16:26 a écrit : ...
C'est aux révolutionnaires et à la gauche radicale basque d'organiser la classe ouvrière Basque pour sa libération , ce ce à quoi oeuvrent notamment nos camarades de Zutik section Basque de la 4ème Internationale
Euh, là, non, quand même ! Les communistes sont sensés être internationalistes, pas soutenir les nationalismes !

Et puis je ne sais pas si "la majorité des Basques sont pour leur indépendance" ! :ohmy:

Je suis pour l'autodétermination de tous les peuples, et plus exactement pour la disparition de toutes les frontières. Quand on voit se multiplier les frontières en Europe centrale et orientale au détriment des peuples (Yougoslavie, URSS), je refuse d'appuyer les nationalismes en général.
Nadia
 
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